De LHF
C’est la première fois que j’interviens sur un forum. Mon bilan n’est pas très glorieux et j’espère trouver ici de nouvelles pistes qui m’aideraient à y voir clair.
Nous sommes résidents permanents depuis 2012 (mon mari, ma fille de 4 ans et moi). Nous sommes retournés en France six mois et depuis un an et demi, nous habitons dans un meublé du vieux Québec. La ville nous plaît beaucoup. Nous avons pas mal bourlingué dans toutes les directions autour de Québec et en Gaspésie. À présent, on s’ennuie et on tourne en rond. On ne connait personne ici. Pensant qu’il serait plus facile de se faire des relations, nous nous étions installés dans l’arrondissement des Rivières puis à St Sauveur. Les gens sont très chaleureux et discutent facilement. Seulement, les conversations restent superficielles et les rencontres éphémères. C’est finalement au centre-ville que nous sommes le mieux. Il y a du monde dans les rues, des boutiques, des musées et la patinoire de la place d’Youville.
Côté job, nous gagnions mieux notre vie qu’en France. Là encore pas moyen de nous faire des relations. Mon mari a des collègues sympas qu’il a invités à la maison mais jusqu’à présent personne n’est venue. Quant à moi c’est simple, je n’ai pas de collègue. Je suis secrétaire de direction dans un hôpital. Mon bureau est situé sur le même étage que celui des médecins, toujours absents. Je passe mes journées isolée et pour voir du monde je dois me rendre dans un autre service (j’y vais autant que possible). Le personnel est très sympathique.
Malheureusement, je ne passe pas assez de temps avec eux pour qu’ils me connaissent. J’ai plus de vingt ans d’expérience dans mon domaine mais je n’ai jamais aimé ce métier que les circonstances m’ont amené à exercer. Malgré le boulot rébarbatif, j’ai toujours eu des collègues agréables pour compenser.
Je fais de la gym deux fois par semaine après le travail (vu les horaires de mon mari c’est la seule activité que j’ai trouvé). L’occasion rêvée de rencontrer du monde sauf que… nous sommes six avec la prof et après la séance chacun est pressé de partir. Nous sommes inscrits dans un groupe de cuisine familiale, une fois par mois. Seulement, il y a beaucoup participants et peu de place alors on y va quand on nous appelle. Cela fait plusieurs mois qu’on ne nous appelle plus. Je fais partie des représentants de parents à la garderie et j’invite de tant en temps des enfants à la maison (il n’y a jamais de retour).
Chaque jour, mon malaise grandit et lentement, je me sens que je perds pied. Il n’y a guère que les fins de semaine où je suis bien. On visite et on fait de longues randonnées. J’adore me retrouver en pleine nature, au milieu de nulle part. Écouter vivre la nature m’apaise et me réconforte. C’est là que je me sens le mieux. Jusqu’à présent je me disais qu’il fallait patienter et que petit à petit j’arriverais à me faire des relations. Au bout d’un an et demi, force est de constater que je crève de solitude. Je n’ai plus envie de rien. Je suis blasée. Je me dis que le mieux serait de retourner en France avant de sombrer définitivement… encore que, je ne sais plus.
Nous avons deux grands enfants (20 et 22 ans) restés en France. Nous les avons bassinés pour qu’ils viennent avant la fin du délai de leur RP et ils se sont décidés. Ils arriveront mi-2015. Je regrette tellement d’avoir tant insisté pour qu’ils viennent. Je ne veux pas les décevoir en leur annonçant que nous baissons les bras… peut-être que ce sera différent quand ils seront là ?
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est tombée hier lorsque j’ai appris que mon fils qui vient de terminer son apprentissage de maçon en France ne pourra surement pas travailler au Québec sans reprendre une formation… il était si content d’en avoir fini avec l’école et il va être tellement déçu !
Nous n’avons encore rien vu du Canada. Seulement, je ne supporte plus les horaires de travail de mon chum, 15h à 2h du mat (peu de postes de jour pour les machinistes). J’en ai marre de chercher, en vain, quoi faire et où aller pour voir du monde. Et surtout je ne suis plus capable de supporter la solitude. Heureusement, j’ai mon adorable petite fille mais les conversations ne sont pas les mêmes !
Je pourrais changer de travail, mais je gagne bien ma vie, je fais 35 heures et j’ai quatre semaines de vacances (que des excuses !) la vérité c’est que j’ai perdu ma motivation et que je ne sais plus ce que je veux et encore moins ce que je serais capable de faire.
Nous avons pensé changer de ville. Montréal ne nous attire pas mais nous serions prêts à y aller. Peut-être qu’il est plus facile d’y rencontrer d’autres immigrés ? De fréquenter les associations ? Nous y avons passé quelques week-ends et j’ai eu l’impression que les gens sont moins chaleureux qu’à Québec, qu’ils discutent moins facilement. C’est juste une impression ? J’ai aussi entendu dire que l’ambiance de travail est plus stressante qu’à Québec et que la pression, sur les salariés est plus forte. Une légende ? Ici (d’après notre peu d’expérience) nous avons constaté que l’ambiance est bonne et les gens moins stressés qu’en France (évidemment cela dépend des boîtes). Et puis déménager à Montréal (ou en banlieue) pourrait nous permettre de découvrir de nouveaux horizons et offrir plus d’attrait à nos grands qui arrivent bientôt. Non ? Connaissez-vous un coin pas loin de Montréal où il existe une vie sociale dynamique et où il ne serait pas trop difficile de s’intégrer ? J’ai entendu dire que c’est plus facile de se faire des relations dans un village mais j’ai tellement peur de m’enterrer encore plus…
Petit à petit je me « désocialise » et je m’enferme dans une bulle dont j’ai peur de ne plus pouvoir sortir. J’ai l’impression que cela transpire par tous les pores de ma peau et fait fuir les autres. Je me remets en question et je n’aime pas du tout ce que je découvre. La vérité c’est que je suis une fausse solitaire. Je n’ai jamais eu d’ami intime, que des connaissances et des relations de travail, plus ou moins proches. Cela ne m’a jamais dérangé parce que nous avons des grandes familles sur qui nous pouvons compter et dans les moments de blues, je savais toujours où aller. Ici, je n’ai personne et cela me pèse terriblement. J’aimerais avoir ne serait-ce une voisine avec qui échanger quelques mots et que je pourrais inviter à boire un café juste pour jaser. Ce n’est pas tant la famille qui me manque mais la présence de l’autre…une vie sociale, tout simplement.
J’ai peur d’avoir cherché une évasion par le truchement de l’immigration et je crains d’être une éternelle insatisfaite car il semble que je ne parvienne pas à être pleinement heureuse. Je vis dans l’attente de quelque chose de mieux, de plus excitant et qui remplira le vide. Je n’ai pourtant pas de quoi me plaindre concrètement. C’est moi qui ai choisi d’être où je suis et j’ai encore tellement à découvrir dans ce pays. Alors si vous avez des tuyaux, je prends… sinon cet m’épanchement m’aura fait du bien.
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