Florian est le papa d’un enfant né par GPA (Grossesse pour autrui) au Canada. Il raconte :
« En 2019, cela faisait trois ans que nous étions en couple avec mon mari et nous avons commencé à discuter de l’opportunité de construire notre famille, d’agrandir notre cercle avec des enfants. Nous avons alors réfléchi à nos différentes options pour construire notre famille. »
Florian et son mari ne se doutaient pas alors des heures de recherche, des dizaines de milliers d’euros et des mois de démarches qui les attendaient avant d’accueillir leur miracle.
Il continue :
« Nous avons regardé en premier lieu l’adoption, mais nous nous sommes rendu compte que c’était très compliqué, d’abord parce qu’il y a peu d’enfants à adopter. En outre, l’adoption par les couples homosexuels est très rare en France. La seule autre option était la GPA. Au début, nous étions un peu réticents, car comme beaucoup de gens, nous ne savions pas très bien ce que c’était. Nous pensions tout de suite à la marchandisation du corps humain et à l’exploitation des femmes précaires, etc. Cependant, en nous documentant, en nous renseignant et en contactant des agences aux États-Unis et au Canada, nous avons compris ce qu’était vraiment une GPA éthique, réalisée sans transfert d’argent entre les parents d’intention et la mère porteuse. »
En France, la GPA (gestation pour autrui) est totalement interdite. Cette interdiction est stipulée par la loi bioéthique qui la considère incompatible avec les principes de respect du corps humain et de la dignité de la personne. La législation française prévoit des sanctions pénales pour quiconque facilite ou tente de faciliter une GPA, y compris les agences ou intermédiaires.
Cette interdiction s’applique à tous les citoyens français, y compris ceux qui vivent à l’étranger. Les couples français qui ont recours à la GPA à l’étranger peuvent se voir refuser la reconnaissance de la filiation de l’enfant en France. Il existe des exceptions à cette interdiction, par exemple pour les couples infertiles qui ont obtenu une autorisation spéciale des autorités françaises avant de recourir à la GPA à l’étranger.
Au Canada, la situation est différente. La GPA est légale, mais elle est strictement réglementée par la loi sur la procréation assistée. La loi interdit tout paiement à une mère porteuse au-delà du remboursement des dépenses encourues en relation avec la grossesse. Cela comprend les frais médicaux, les coûts de maternité appropriés, et d’autres dépenses approuvées. L’objectif de cette régulation est de prévenir la commercialisation et l’exploitation du corps des femmes.
Les couples hétérosexuels et les couples homosexuels peuvent avoir recours à la GPA. Il n’y a aucune limite sur le nombre d’embryons qui peuvent être transférés à la mère porteuse. La mère porteuse doit signer un contrat avant le transfert d’embryons, dans lequel elle renonce à ses droits parentaux sur l’enfant. Après la naissance, les parents d’intention sont considérés comme les parents légaux de l’enfant.
Leur choix se dirige donc vers le Canada, qu’ils considèrent plus éthique.
« C’est une GPA qui est très éthique, purement altruiste puisqu’il n’y a pas de gain financier. Ce sont vraiment des femmes qui ont à cœur d’aider des parents d’intention à devenir parents. Notre mère porteuse nous a dit qu’elle adorait être enceinte. Elle avait 31 ans, elle était tout à fait capable de porter encore un enfant. Elle a deux enfants à elle et, dans sa famille, il y avait des cas d’infertilité, des gens qui n’ont pas pu avoir d’enfants. Elle s’est dit, ‘Moi qui peux le faire, il y a des gens qui ne peuvent pas, alors je me porte volontaire pour le faire’. Cela coûte une fortune, c’est quasiment inaccessible. Les frais médicaux sont considérables et au total, ça nous a coûté à peu près 100,000 € tout compris, avec des frais médicaux qui représentent à peu près la moitié. Nous payons aussi des frais d’assistance sociale, de psychologue pour l’ensemble des parties, donc pour la mère porteuse et les donneuses d’ovocytes. Et puis nous remboursons les frais qui sont liés à la grossesse. Pour la mère porteuse, nous avons une liste de frais que nous pouvons rembourser, donc il n’y a pas de versement d’argent, elle produit des sortes de notes de frais et elle fournit ses reçus de dépenses à l’agence qui nous dit ce que nous devons rembourser. »
La procédure dure deux ans et est compliquée par la Covid et la fermeture des frontières.
« C’est très stressant. Nous ne sommes pas présents aux rendez-vous médicaux, donc nous attendons les résultats des échographies, des tests, etc., a posteriori. À un moment, notre mère porteuse a dû être alitée pendant deux semaines, donc nous nous demandions si tout allait bien se passer. Nous aurions aimé être là pour l’aider, mais nous ne pouvions pas, donc en fait, nous subissions la distance. Après, une fois que nous sommes arrivés sur place, un mois avant la naissance, c’était génial. Nous avons passé beaucoup de temps avec elle, nous avons pu faire plus ample connaissance, voir sa famille, et évidemment, voir son ventre avec notre fils dedans. C’était très rassurant. Nous nous sentons heureux, comme des parents qui ont envie d’être parents. C’est le soleil de nos vies, c’est presque un miracle pour nous. Avec la donneuse comme avec la mère porteuse, nous échangeons par messages, nous nous envoyons des petites photos de l’évolution de notre fils. Ils sont ravis de voir qu’il va bien, qu’il grandit bien. Voilà, nous nous donnons des nouvelles régulièrement. »
Florian et son mari pensent déjà au second enfant.
Le contraste principal entre les deux pays réside dans l’approche de la légalité de la GPA. En France, l’interdiction totale vise à protéger la dignité de la personne humaine et éviter la commercialisation de la procréation. Au Canada, la régulation vise à permettre la GPA tout en assurant qu’elle se déroule dans un cadre non-commercial et éthique.
Sources : Grossesse pour autrui réalisée au Québec (mère porteuse) – BFMTV
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