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Chroniques martiennes J’ai toujours été…

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Chroniques martiennes

J’ai toujours été à mon compte.
Enfin, presque toujours. J’appartiens, à mon corps défendant, à la génération  » tu-seras-au-chômage « , celle qui se faisait trop souvent dire, par des conseillers d’orientation souriants-et-sympathiques :  » fais-pas-ce-que-t »aimes, y-a-pas-de-débouchés « .
Alors, un peu par la force des choses, beaucoup par l’inertie d’une société française engluée dans ses blocages, j’ai tenté, et réussi je pense, la  » voie oblique « , le chemin parallèle où la plus grande liberté côtoie la plus grande angoisse, celle d’être seul, de n’être soutenu par aucune structure….

Début 1997, en banlieue parisienne, je démarrai ma petite agence de Marketing-Direct. Avec un copain, lui aussi à son compte, on partageait un local quasi-gratuit, parce que situé au premier étage d’une tour où les gens balançaient leurs ordures par la fenêtre plutôt que des les descendre par l’ascenseur. Nos fenêtres, renforcées d’inévitables barreaux, donnaient sur une magnifique terrasse gravillonnée où s’attroupaient des myriades de pigeons à moitié bouffés par la pollution citadine (les pluies acides ?).
C’est aussi là que les poubelles venaient régulièrement s’écraser. D’où les pigeons.

Evidemment je ne recevais à cette époque aucun client ; chaque matin on flippait à l’idée de trouver notre local vide, cambriolé.
Mais, peu à peu, cahin-caha, à force de très hauts et de très bas, ma p’tite entreprise a fonctionné, pris racine, puis décollé. En 2000, nous étions quatre, et je vendais le « package » à un entrepreneur séduit par le concept, et par notre porte-feuille de clients fidèles.
6 mois plus tard, visa en poche, notre gros n’avion décollais en direction du nouveau monde.

Et là, aujourd’hui, en 2002, après 6 mois de salariat infantilisant, le virus me reprend. Je suis de nouveau un (moins) jeune entrepreneur enthousiaste, âpre au gain et à la prospection.
Au mois d’août, j’ai passé plus de 400 appels, contacté environ 150 clients potentiels. 2 mois plus tard, j’emménage dans mon premier local montréalais, un 200 pieds carrés pour lequel je ne débourse que 275$ par mois. Le rêve.
Le système au Canada, globalement, encourage fortement l’initiative individuelle. Mes charges, par choix, sont réduites au strict minimum. Je ne cotise encore à rien. Pas de REER, pas d’assurance privée. Rien. J’entreprends, donc je risque.
En France, on devrait plutôt dire « J’entreprends, donc je paie »…. Grôsse différence.

Alors me voilà, tout seul dans mon bureau un peu trop grand pour moi. Je suis assis devant mon écran, il est 8h23. Je dois m’occuper de mes 5 clients (je fais du télé-marketing pour des firmes de conseil) et…. innover, créer, me projeter dans l’avenir.

Il est 8h23 du matin, à Montréal, et tout est possible.

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