A l’heure où tous les medias du pays semblent être braqués sur la guerre des gangs à Vancouver, prenons un peu de temps pour essayer de mieux cerner cette communauté Chinoise qui tour à tour semble fasciner et faire peur. Ici, le terme « communauté Chinoise » inclura, la Chine, Hong-Kong et Taiwan.
Comme indiqué dans ma chronique « Colombie-Britannique, 150 ans : Joyeux Anniversaire », l’immigration Chinoise est profondément liée à l’histoire de la province. Les premiers immigrants arrivèrent en 1788. Puis, une deuxième vague de travailleurs est arrivée pour la construction du chemin de fer. Peu à peu, l’immigration Chinoise est passée d’une main d’œuvre ouvrière à une main d’œuvre éduquée et très qualifiée, puis à un profil d’investisseur fortuné. Le côté « investisseur » s’est fortement développé à la rétrocession de Hong-Kong à la Chine, ce qui a entraîné une forte fuite des capitaux vers le Canada, mais aussi un afflux de capitaux en provenance de Taiwan, notamment dans les années 80.
Aujourd’hui, les immigrants Chinois sont très qualifiés, éduqués et parlent bien Anglais, contrairement aux idées reçues. Il est temps pour le cliché du petit commerçant Chinois vivant à Chinatown et ne parlant pas un mot d’Anglais de péricliter. La majeure partie de ces immigrants travaillent dans des emplois correspondant généralement à leurs qualifications, gagnent très bien leur vie et affichent une réussite probablement supérieure à la moyenne.
Les investisseurs ont massivement placé leur argent dans l’immobilier. La plupart des gros complexes immobiliers de Vancouver appartiennent à des Chinois. Quant au petit commerçant de Chinatown, il existe bel et bien et son commerce est en général prospère. Parlons-en de Chinatown justement, à tort qualifié de ghetto Chinois et de quartier coupe-gorge. De nos jours, les Chinois ne s’y « entassent » plus. Beaucoup vivent à Richmond, à Vancouver même et à Burnaby. Il ne faut pas oublier qu’à Vancouver, les Chinois ne pouvaient acheter de propriété en dehors de Chinatown, et ce jusqu’en 1947. De plus, Chinatown a le malheur d’être dans le Downtown Eastside, ce qui lui donne une réputation de quartier peu sûr.
On peut donc parler d’intégration économique réussie. Il est vrai que l’intégration culturelle est plus nuancée, ce qui ne signifie point qu’elle est inexistante. Les Canadiens nés au pays de parents chinois ne rencontrent en général pas de problème particuliers. Il en est de même pour les jeunes ayant émigrés avec leurs parents et suivi une large partie de leur scolarité au Canada. Pour les autres, eh bien tout dépend de la personne et de sa situation. Une forte fidélité à la culture et aux traditions prédomine. Les plus âgés sont souvent des immigrants ayant été parrainés par leur famille. Ils sont retraités, ce qui explique en partie leur non-connaissance de l’Anglais. Et il faut bien admettre que le multiculturalisme cher au Canada anglophone ne favorise pas l’intégration non plus, en tous cas pour cette catégorie de population.
Mais, cela ne fait nullement de la communauté Chinoise une communauté fermée. Il suffit tout simplement d’aller au delà des apparences pour s’en rendre compte. Il est à noter, qu’aussi surprenant que cela soit, les Chinois ne sont plus les premiers immigrants de la province. Depuis 2006, ce sont les Britanniques qui sont en tête, attirés sans nulle doute, par le climat familier et le petit côté « so british » de la province.
Leave a comment