De Ohana
Dédicace spéciale, 5 ans au Québec.
Salut la gang,
À l’instar de RedFlag il y a un mois environ, j’ai fêté mes cinq ans de vie au Québec dimanche dernier le 21 mars. J’ai construit ici une vie et pas n’importe laquelle : celle que j’ai choisi de vivre, et ça, ça vaut toutes les joies et tous les efforts accomplis. Beaucoup de personnes à remercier en cette journée spéciale pour moi et en particulier certaines qui, vraiment sans le vouloir, m’ont transmis l’énergie et la détermination de construire ma vie ici. Ainsi, il m’apparaît très important de remercier les personnes suivantes :
– ce policier de la Sûreté du Québec qui, durant l’été 2000, m’a filé un ticket pour excès de vitesse et qui m’a visiblement exprimé une sévérité exagérée dans son attitude démontrant un certain racisme (ou un racisme certain) : il m’a alors convaincu qu’aussi beau que soit le Québec, ce pays avait besoin de gens ouverts d’esprit comme peuvent l’être les immigrants par exemple
– ce douanier américain aux lignes à Stanstead qui m’a scruté sous tous les angles l’été passé en me disant que les USA était en état de guerre : ce dernier m’a alors fait réaliser combien vivre soit au sud ou au nord des lignes ferait une grande différence dans ma vie
– cet immigrant sud-américain que j’ai rencontré dans mon travail et qui ne voyait pas la nécessité d’améliorer son français pour vivre et travailler au Québec : j’ai réussi à faire réaliser à ce dernier tout l’enjeu de cette fameuse nécessité un peu pour le Québec et surtout pour lui ; j’ai eu alors le sentiment de participer, à mon niveau évidemment, à la construction de ce pays
– ce fonctionnaire d’Immigration et Citoyenneté Canada qui m’a opposé une fin de non-recevoir tiré directement de son livre des règlements internes sans chercher à seulement comprendre le tout petit peu d’indulgence et de flexibilité que j’espérais lors de ma demande de visa étudiant en 99 : ce dernier m’a fait comprendre que l’immigration est d’abord une aventure du coeur avant d’être celle de la tête
– ces amis en France ou en Calédonie qui ont longtemps perçu mon projet de vivre au Québec davantage comme une lubie et que je finirai bien, un beau jour, à réaliser toute la stupidité de mon projet : ces derniers m’ont fait réaliser combien ma stupidité n’a d’égale que mon obstination
Alors, durant les les milliers de moments de doute, d’inquiétudes et même de renoncements que j’ai connu durant tout mon processus d’immigration au Canada, je me suis rappelé de ces personnes. Loin de me décourager, elles m’ont donné cette énergie et cette détermination à continuer d’y croire. Et surtout, de réaliser que j’ai droit à ma petite place au soleil au Québec (beau paradoxe que de chercher son soleil au Québec !). Et je tiens ici à les remercier du plus profondément de mon coeur et le fait que je sois ici depuis cinq ans est la meilleure des réponses que je pouvais leur donner.
Alors, c’est un peu ce que je souhaite à toute personne qui entame ou qui va entamer l’aventure de l’immigration : donner raison à chacune des personnes ou des situations qui nous ont découragé dans cette aventure, c’est se donner tort à soi-même. Et je suis intimement persuadé qu’immigrer, c’est décider de se donner raison.
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