Une peur partagée par beaucoup
«C’est la première fois de ma vie que quand je suis allé voter, j’ai pleuré, vraiment»: c’est ce que nous a confié Alexandre Zouaoui, un Français de 29 ans, rencontré à Québec quelques jours après la première ronde des élections législatives en France. «C’est pesant. On ne sait pas dans quoi on s’embarque et on sait ce qu’il se passe quand ils arrivent [l’extrême droite]», a ajouté le jeune homme qui doit retourner en France dans quelques semaines pour rendre visite à sa famille.
Comme d’autres Français expatriés au Québec, Alexandre Zouaoui a participé mardi soir à une rencontre sur le parvis de l’église Saint-Jean-Baptiste organisée par Oussama Laraichi, le candidat du Nouveau Front Populaire pour la première circonscription des Français établis à l’étranger (au Canada et aux États-Unis).
Un couple gai craint de retourner en France
Florian Chastres a lui aussi assisté à l’événement politique avec son amoureux, Kevin Oneil Yeung. «Avec Kevin, on réfléchit beaucoup à retourner en France. Actuellement, les tensions politiques en Europe et en France, ça nous inquiète beaucoup, étant un couple de deux hommes», explique Florian Chastres.
Une victoire du Rassemblement National, le parti d’extrême droite qui est sorti gagnant du premier tour, pourrait convaincre le couple, qui rêve de fonder une famille, de rester de ce côté-ci de l’Atlantique.
Kevin Oneil Yeung, qui n’est pas d’origine française, craint d’ailleurs de ne pas pouvoir se trouver un travail s’il emménage en France, lui dont l’anglais est la première langue.
Des positions qui dérangent
Ilona Grentzmann, 28 ans, est venue s’établir au Québec pour faire un doctorat en biologie il y a quatre ans. Celle qui se plaît ici hésite à retourner en France. Si le Rassemblement National l’emporte, ses interrogations seront «vite résolues». «C’est hors de question que j’habite dans un pays raciste», déclare-t-elle.
La jeune femme, qui a une triple nationalité (allemande, française et américaine), voit d’ailleurs d’un mauvais œil la position du RN qui souhaite interdire certains «emplois sensibles» dans la fonction publique à des citoyens binationaux.
«Admettons que leur proposition de loi sur les fonctionnaires passe, je sais que je ne suis pas dans les nationalités les plus visées, mais admettons que ça dérive très très loin et que ça m’empêche d’être prof à l’université, c’est sûr que c’est un problème. Mais je m’en fais beaucoup plus pour les gens issus de l’immigration non blanche», mentionne-t-elle.
Des parents inquiets
Rodolphe Giorgis et Maude Cloutier ont également participé à l’événement du candidat Oussama Laraichi avec leur bébé, Léon. Les jeunes parents craignent que les positions du RN sur la naturalisation des étrangers ne viennent mettre des bâtons dans les roues de Maude qui souhaite obtenir la citoyenneté française, en plus de compliquer leur volonté de faire reconnaître leur union en France.
«C’est sûr que ne pas être certain si ta famille peut rester en cas de catastrophe, de problèmes, nous, c’est une sécurité de savoir que tout le monde partage la même nationalité», souligne la mère de famille.
Vos réactions
La situation politique en France inquiète de nombreux expatriés français au Québec. La montée de l’extrême droite et les positions du Rassemblement National suscitent des craintes quant à leur avenir et leur sécurité. Si vous partagez ces inquiétudes ou avez des expériences similaires, n’hésitez pas à réagir dans les commentaires. Votre opinion compte !
D’après le texte original de 24 heures.
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