De Oursonjoyeux
Deux mois, nouvelles de l’ours
J’ai cherché longtemps ce que je pourrai vous dire. Ça fait longtemps que je veux raconter un peu ce qui se passe depuis que je suis là. Mais voilà, les mots m’ont longtemps manqués, et me manquent encore parfois.
Deux mois c’est court. Trop court pour dresser n’importe quel bilan. Mais deux mois c’est long, très long parfois.
Il s’en passe des choses en 2 mois. Loin de son ancienne vie, loin de ses amis, loin de son amour. on change en quelque sorte.
Une amie m’a dit récemment un terme très juste. On grandit, tout simplement.
Je sais que certain de mes amis, y compris de ce forum, m’ont reproché de m’isoler et de ne plus communiquer, peu de mail, peu de dispo msn, peu de messages sur le forum.
Je me contenterai de dire que chaque personne vit différemment son immigration, et qu’il n’appartient à personne de juger la mienne.
Je ne ressens aucun besoin de me justifier de cette absence. J’en ai eut besoin, j’en ai toujours besoin. Ceux qui m’aiment et me connaissent le savent et le respecte.
Personnellement, il m’a fallut du temps. Du temps pour digérer cette immigration, ce changement de pays, les bouleversements quels qu’ils soient de ma vie privée. Choses sur lesquelles je ne compte pas m’étendre.
Mais ça se passe bien. Je ne suis pas malheureux pantoute.
Je suis arrivé le 31 mars, mais je crois que je vais remonter plus tôt.
J’ai fêté mon départ de la plus belle des façons le 27 mars. Beaucoup d’amis, de belles surprises. Une bonne façon de dire au revoir. Une façon de partir tranquille.
Le 30 mars, 23h30. Je me lève dans 4h pour aller prendre l’avion. Je n’ai toujours pas finit de trier mes dernières affaires et de vider ma chambre. Il le faut pourtant. Quelques jours plus tard mes parents vendent la maison, je dois tout évacuer. Ma liste de douane n’est même pas terminée.
3h30, dans la voiture qui me conduit à Lyon prendre l’avion, je jette un regard distrait sur la ville qui m’a vu naître et où j’ai passé l’immense majorité de ma vie. J’essaye de ne pas penser.
31 Mars 16h30 heure québécoise, l’avion est en retard. Il se pose enfin, Je ne vois pas par le hublot d’où je suis.
17h, je récupère mes bagages et passe à l’immigration. La première personne qui traite mon dossier est assez désagréable, la deuxième charmante. Tout va très vite. Formulaire, rature du visa, photo pour la carte de RP (« vous l’aurez dans 3 semaines »), papiers pour les formalités suivantes.
La douanière qui fouille mon sac à dos et tamponne ma fiche de douane est charmante. Je suis son dernier « client » avant la fin de journée, elle prend son temps. Elle s’amuse de mon ours en peluche que je trimballe partout. D’autant qu’il a sa cravate Winnie autour du cou. Elle rit franchement en ouvrant mon sac à dos. Deux autres ours en peluche s’y trouvent coincés entre mon ordinateur, mon appareil photo et les quelques papiers personnels que j’ai pris avec moi. Tout ça passe comme une lettre à la poste. C’est réellement une formalité pure et simple.
Plusieurs forumistes m’accueillent et me prennent en charge.
Pendant les trois jours suivant, je fais les différentes formalités, NAS, Carte Soleil, prise de rendez vous pour le permis, on sent que tout est préparé pour nous. Je trouve que si l’on râle parfois, car comme partout il arrive qu’il y ai des « bug » dans le système, le tout est très bien rôdé, l’attente réduite, les démarches facilitées.
Le mois d’avril sera le mois de la glande, du tourisme et de l’acclimatation. Je visite avec nos amis forumistes, Toronto, Québec, un petit tour rapide à Sherbrooke, je me ballade à Montréal.
Toronto, la tour CN, les chutes du Niagara, j’aime, mais je n’ai pas le coup de foudre. J’apprécie plus Québec, les chutes de Montmorency, l’île d’Orléans.
Je teste les restaurants, les TIP, la taxe à ajouter, les transports en commun, les gens dans la rue, les écureuils dans les parcs en plein centre ville, ce sentiment d’espace dans les villes, la verdure de montréal. Beaucoup de choses qui de premier abord me paraissent bien.
Le regard par exemple, moi qui y suis sensible, ici je me sens libre, libre de m’habiller comme je le veux, de flâner sans être observé, de ne pas me raser la barbe, de presque me raser le crâne. Même si parfois honnêtement, j’ai plus l’impression qu’il s’agit d’indifférence que de respect.
C’est le pays de la consommation à outrance, alors on trouve de tout à tout heure ou presque. Marrant de voir ses habitudes de consommation changer assez vite.
Je commence à aimer un peu cette vie à l’américaine en français. Certaines choses m’amusent pendant des jours, comme ce panneau que je trouve en passant près d’un chantier de construction « Attention ! Hommes au travail », qui me fera beaucoup rire, traduction littérale du « Men at work » anglais.
D’autres choses me plaisent moins. La pauvreté affolante que l’on voit dans le centre ville. Jamais de toute ma vie je n’ai vu autant de personnes mendier, autant de pauvre. Des jeunes, des vieux, des blancs, des noirs. Pas de discrimination ici chez les pauvres. Ça me fait un peu peur, pas au sens sécuritaire, personne n’est agressif ici, plutôt au sens ou je trouve que c’est réellement inquiétant qu’autant de personnes soient dans le besoin. Ça nous rappelle qu’on est en amérique du nord. Peut-être aussi sont-ils tous rassemblés au centre ville, peut-être aussi Montréal, vrai grosse métropole du Québec cristallise et rassemble cette pauvreté.
Je passe du temps sur ce forum aussi, je ne parle pas, mais je lis beaucoup, ça me rassure quelque part pendant les moments de doutes. Je ne suis pas seul, je vois relativement souvent d’autres forumistes ici. Les affinités se créent, se confirment, ou pas. Je prends beaucoup de plaisir à vous voir, manger, discuter avec vous.
Je parle beaucoup avec mon amour aussi, de la France elle m’aide et me soutient beaucoup pendant les premiers temps pas toujours évident pour moi. Merci mon cœur.
Fin avril, j’ai enfin reçut ma carte de RP, ma carte soleil…. je décide qu’il est temps d’ouvrir un compte en banque. Avec tout les papiers de résidence, 2 références (des forumistes), une preuve de résidence et un justificatif de domicile, je n’ai pas le moindre soucis. Le tout est ouvert en 30 minutes.
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Mai s’en vient. C’est fou parfois comme le temps passe vite.
Je cherche un appartement ou l’on pourra s’épanouir mon amour et moi. Le premier appartement que je visite est le bon. C’est assez grand, très propre, bien situé et raisonnable en loyer. Des coups de fil à droite à gauche me le confirment (merci Pom, Champou, Hicoune), mon amour est d’accord. Je signe le lendemain un joli bail du 1er juin 2004 au 31 juin 2005. Aucune difficulté à signaler.
Je suis venu avec tout un tas de papiers, la propriétaire, une vieille dame me dit « poufffff pas la peine ! j’ai vu votre tête, ça me suffit, je vous fais confiance ». Elle n’a même pas voulu voir ma carte de RP ou mon passeport.
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Cette « formalité » passée, je commence doucement à me réveiller, à chercher du travail. Rapidement, je vois qu’un coup de main ne sera pas superflu pour aborder ce monde du travail québécois que je ne connais pas.
L’OMI d’abord, je n’ai pas grand chose à en dire, si ce n’est qu’on peut s’en passer. Un seul intérêt ! la refonte du CV, pas si évidente que ça. Côté contact, oubliez les.
Le MRCI : j’ai personnellement trouvé la semaine d’intégration très utile. Elle m’a permis de comprendre beaucoup de choses, le contexte historique du Québec en particulier, le rapport à la langue, les tensions Anglophones/Francophones, les mots anglais dans la langue québécoise….
Cette semaine a suscité l’intérêt chez moi pour l’histoire québécoise, et m’a donné envie de comprendre les choses ici, de ne pas passer à coté de ce pays.
Pensez à prendre rendez vous longtemps à l’avance pour toute ces formalités, les délais sont long pour avoir des rendez vous. J’ai rendez vous avec un conseillé du MRCI pour une rencontre privé…. fin juillet…. J’ai aussi décidé de mettre des chances de mon coté en faisant mes équivalences de diplôme au MRCI. 105$…. mais si ça peut servir.
Le conseillé de l’OMI que je rencontre me casse littéralement. D’après lui ça va être franchement galère de trouver un emploi dans mon secteur. Il sortira de cela un certain malaise, et quelques infos intéressantes tout de même, sur mon CV entre autre.
Parallèlement, je prends rendez vous avec l’Hirondelle, une association d’aide à l’insertion des immigrants. J’ai rendez vous le 9 juin.
Je contacte aussi l’AMPE, Agence Montréalaise Pour l’Emploi. Je vois un conseillé, il valide mon CV qui a beaucoup bougé au cours des semaines et des avis, me rassure sur mon employabilité au Québec et m’inscrit pour un stage de trois semaines sur les techniques de recherche d’emploi au québec, du 31 mars au 18 juin.
Je « réseaute » comme je peux, maladroitement pour commencer, mais avec beaucoup de bonne volonté
Je me fais à cette vie Nord américaine, j’observe, j’apprends. Je regarde avec l’œil encore neuf. J’essaye de me départir de mes comparaisons France/Québec, comparaisons que l’on est obligées de faire au moins au début…. pour se rassurer. Après quelques années, je trouverai ça inquiétant de toujours comparer.
Je n’oublie pas mon objectif primaire. Apprendre, m’enrichir de cette culture.
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Nous voilà en juin. J’ai pris les clés de notre appartement. Branché le téléphone, l’électricité, magasiné pour l’internet. Je suis en plein stage de l’AMPE et prépare mon déménagement, ainsi que l’arrivée de mon amour.
Dans quelques jours je serai chez nous et Virginie sera là.
Les étapes se franchissent les unes après les autres ; la suivante…. l’emploi. Et la vie de couple !
finalement j’en avais des choses à dire.
Je finirai en disant que ce n’est pas parce que je ne donne pas de nouvelles que je ne pense pas à vous, que je ne suis pas vos aventures sur ce forum et en dehors.
Yann
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