De Nemesis et cie
Les deux nôtres ont fait leur première rentrée scolaire au Québec la semaine dernière.
Malgré un peu d’appréhension et de stress, tout s’est très bien passé. Les enfants s’adaptent très rapidement en fait, bien plus que les adultes, et les nôtres sont déjà très à l’aise avec leur nouvel environnement scolaire ainsi que leurs petits copains Québécois. Notre petite dernière est même déjà invitée chez une de ses copines de classe.
Le plus grand, lui, trouve les cours plus intéressants que ceux dispensés dans sa précédente école, et trouve également les professeurs plus disponibles en cas de besoin. Il apprécie également la possibilité de pouvoir poser des questions à son professeur pendant un cours sans se voir réprimander.
A noter aussi que le rythme scolaire est vraiment bien adapté aux enfants… mais pas forcément aux parents
Mais bon, une fois la nouvelle organisation mise en place, ça roule tout seul
Nemesis
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Message de JayJay :
Hier soir avec lieu la rencontre des parents et de l’enseignante (2è année) de fiston, que je peux vous décrire ici.
Pour la petite histoire, l’an passé, ils ont eu une enseignante qui a déclaré forfait au bout de 3 mois et qui a été remplacée par un tyran. Chaque parent vivait sa petite histoire dans son coin, nous n’étions pas en contact entre nous or nous n’avons pas pu à ce moment partager nos histoires et y faire quelque chose, mais en discutant ensemble hier soir, nous avons tous dit que nos enfants ont été très traumatisés par cette maîtresse qui criait tout le temps, qui privait les enfants de récré (pour rien… vraiment pour rien, même les enfants au comportement exemplaire étaient privés de récré à tout bout de champ), qui expliquait très mal les notions et les problèmes mathématiques, qui avait des exigences délirantes sur le plan de la calligraphie… Bref nous sommes plusieurs parents (la majorité !) dont les enfants ont développé des problèmes psychosomatiques (maux de tête, maux de ventre, nausées…) et il a fallu faire un gros travail cet été pour les rassurer au sujet de l’école (qu’ils se sont tous mis à détester).
Donc, cette année, nous l’attentions, la nouvelle maîtresse !!!
Eh ben quel ravissement : douce, très, très drôle, elle parle bien… elle s’est présentée à chacun de nous et nous a demandé qui était notre enfant…
La rencontre a commencé par un petit jeu : nos enfants avaient fait leur autoportrait, et nous devions retrouver le dessin de notre enfant et prouver aux autres parents qu’il s’agissait bien de notre enfant. On a rigolé. Ensuite elle nous a fait son exposé. J’avais entendu mon fils dire qu’il devait s’auto-évaluer, ce qui a été accueilli à la maison par des roulements d’yeux au ciel. En effet chaque jour, l’enfant doit autoévaluer son comportement, son travail en classe et son travail chez les « spécialistes » (musique, arts plastiques, enseignement religieux ou moral, éducation physique, orthopédagogue s’il y a lieu, etc.). Elle nous a expliqué qu’il s’agissait de voir si globalement il n’y avait pas des notions mal comprises qu’elle devait ré-expliquer, et de voir également si l’enfant n’est pas trop dur avec lui-même, notamment. J’ai donc enfin compris le but de ces auto-évaluations, et je me suis rendu à l’évidence : elles ont leur utilité !
Ensuite, alors que l’ancienne maîtresse interdisait aux enfants ne serait-ce que de bouger la tête en classe, celle-ci encourage l’entraide. Si un enfant qui a de la facilité a terminé son travail, il est possible de l’associer à un enfant qui a plus de difficulté, pour l’aider à trouver une stratégie de résolution de problème, ou l’aider dans le travail manuel, etc. Elle dit que la valeur suprême de sa classe, c’est l’entraide, ne jamais rabaisser les autres, ne jamais rire des autres. L’élève qui se moque sera immédiatement retiré du cercle pour quelques minutes.
Elle encourage l’expression. Le lundi matin il y a un tour de classe et les enfants qui veulent raconter ce qu’ils ont fait la fin de semaine sont invités à le faire. Aucune obligation.
Les devoirs : entre 15 et 30 minutes chaque soir (ça nous change des 2 heures de la 1è année…). Les objectifs sont d’encourager l’autonomie (l’autre valeur clé de sa classe) et que les parents sachent ce que les élèves font en classe. Notre rôle est simplement de guider les enfants et de s’assurer que le travail est bien fait, PAS de faire les devoirs à leur place.
Vendredi, dictée, avec notion mathématique. Le but n’est pas de stresser les enfants.
Collations permises : fruits, légumes, fromage. Point final.
Les enfants sont encouragés à apporter un livre et un jeu de société en classe, pour les moments où ils ont fini leur travail.
Voilà, cette rencontre fut très rassurante et je peux dire qu’on démarre cette année avec beaucoup d’optimisme.
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Message de carofab :
Ma fille à fait sa première rentrée des classes au Québec la semaine dernière, en première année en plus (=CP)…
Elle n’était pas stressée du tout mais plutôt excitée !!! Il faut dire que nous sommes arrivés en juin, donc elle a déjà eu le temps de s’habituer à son nouvel environnement.
La rentrée s’est super bien passée, ma fille est ravie de sa maîtresse (super belle et gentille, très important comme critères à cet âge ), du service de garde, d’avoir une boîte à lunch, et bien sur d’être en première année avec tout ce que cela implique !!!
Le seul petit soucis rencontré pour le moment a été les copains et copines. Elle a eu le droit à quelques remarques du genre : » tu parles pas comme nous alors on veut pas te parler… ».
MAIS, je tiens à préciser que ma fille est très timide (enfin au départ ), et qu’elle n’osait pas trop aller vers ses camarades, je lui ai donc expliqué que si elle voulait se faire des ami(e)s il fallait qu’elle aille vers eux et se présente : « Bonjour, je suis Léa je viens de France, je suis arrivée il n’y a pas longtemps, j’ai un petit frère etc… ». Elle l’a fait et ça n’a pas loupé elle s’est fait des copains et copines immédiatement.
J’ai voulu faire comprendre à ma fille qu’il fallait qu’elle se serve de sa « différence » comme une richesse pour donner envie aux autres de la découvrir et non comme un handicap même si certains camarades lui rappelleront qu’elle n’est pas d’ici…et alors, ils n’y a pas qu’eux dans l’école et dans quelques temps ça n’y parraîtra même plus.
Et nous savons bien à quel point les enfants peuvent être durs entre eux surtout quand ils voient leur camarade vulnérable, timide ou hésitante…
Au final, le bilan est positif, une petite semaine d’adaptation et voilà…
Je regrette juste que l’école n’est pas pensée à pallier à ce genre de petit soucis d’intégration en faisant, par exemple, que chaque enfant se présente en classe pour, déjà, briser la glace…
Pour ce qui concerne le travail en classe, pas de doute, le rythme est moins soutenu et mieux adapté aux enfants.
Les écoles sont intransigenantes sur les tenues vestimentaires, et le respect sous toutes ses formes. L’enfant, même en primaire, doit signer le règlement et je trouve ça très bien !
À pluche
Caro
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Message de Angela :
Mes enfants sont arrivés au Québec il y a trois ans. Ils venaient d’Afrique et chacun comprend quelle différence ça fait à tous les points de vue: la langue, les programmes scolaires, les méthodes d’enseignement …
Pour la langue, ils ont atterri directement dans une classe d’accueil. Ils n’avaient pas un niveau suffisant pour suivre les cours et de toute façon, moi-même j’ai dû apprivoiser le Québécois … Ils ont passé cinq mois là-dedans et ont réintégré le parcours régulier. Les enfants sont de vraies éponges, au bout de quelques temps ils parlaient très très bien mais que d’efforts! Nous avons couru les bibliothèques, regardé des tonnes de films pour enfants, des heures de TV …
Mes premiers achats de matériel scolaire. Mais c’est quoi un duo-tang? Expliquez-moi quelqu’un: c’est quoi les acétates?Pourquoi ce truc s’appelle « cartable » alors que ce n’est qu’une farde? Oh! la! la! Les vendeuses ont cru avoir affaire à une vraie folle! Et les réglements: mais pourquoi dois-je signer toute cette paperasse? Vous ne pouvez pas amener votre troupeau où bon vous semble, aux pommes, au musée, au jardin botanique, sans que je signe? C’est quoi cette histoire? On ne fait donc pas confiance aux éducateurs professionnels? Hum!
Les programmes scolaires n’ont pas été un problème. Assez paradoxalement, les programmes d’ici sont plus faciles que ce qu’ils avaient au pays et ils s’y retrouvaient très bien. Ils me disaient même qu’ils avaient l’impression de redoubler de classe. Je vous assure que je me suis donné la peine de comparer leus cahiers d’exercices avec ce qu’ils faisaient là-bas, ici c’est plus facile, ou plutôt on adapte mieux la complexité des apprentissages à l’âge des enfants.
L’organisation scolaire: ce n’était pas facile. Deux parents étudiants à temps plein et travaillant en même temps à temps partiel, l’école qui finit à 3h00. Quand on m’a dit ça, j’ai fait: Hon! mais quel parent est à la maison à cette heure là? Nous avons le service de garde, Madame, qui ferme à 5h30. Sauf que, à cette heure-là, moi j’ai déjà commencé mon cours à l’UdeM. À ce moment-là je n’avais même pas d’auto. Les journées pédagogiques qui tombent pile le jour de mes examens. Les sorties que je dois payer quand je suis fauchée. Les devoirs que je dois superviser au téléphone. La gardienne qui me pose un lapin juste le jour de l’examen. Bref, j’ai vécu des débuts plutôt acrobatiques et quand j’y pense aujourd’hui je me demande comment je m’en sortais.
La différence culturelle: Ooooooohhh! boyy! quelle galère! Que de conflits, que de larmes! Le plus difficile à gérer, dans notre cas. Mon plus vieux (10 ans) a tôt fait de saisir qu’en Occident, on fait comme en Occident. mais parlez-en à ma plus jeune! Les premiers jours, elle ne se donnait pas la peine d’aller chercher sa gomme à effacer dans son étui s’il y en avait une juste à portée, peu importe à qui elle appartient (à chacun ses affaires, connais pas, moi! ). Non! pour elle, une gomme, un crayon, un taille-crayon, on peut l’utiliser et le remettre à sa place! Les autres enfants la regardaient comme ceci puis elle de rétorquer: mais voyons donc! je ne la finis pas, ta gomme, et d’ailleurs la voilà, j’ai fini mon affaire C’est Madame Isabelle qui s’est arraché les cheveux
La différence physique (deux petits Noirs de 10 et 6 ans) n’était pas un gros problème, nous habitions Côte-des-neiges. Leur école, c’était l’assemblée générale de l’ONU toute l’année. Mais comme on le sait, les enfants ne sont pas aussi innocents qu’on le croit. Il ne manquait jamais un énergumène immigrant pour lancer à un autre morveux, immigrant lui aussi, des épithètes pas très charitables. Mais l’équipe enseignante était championne dans la gestion de tout cela.
Mes enfants se sont donc tellement bien habitués à l’école québécoise que mon aîné devait commencer sons secondaire l’année dernière dans une classe de douance. On a dû déménager en trombe à Québec à la fin d’août, tous les placements étaient finis. Il a fait une classe régulière et cette année, il a intégré le programme international. Sa soeur poursuit son bonhomme de chemin comme une grande. Hier justement j’étais à la réunion des parents. Elle a une enseignante super belle, super intelligente, super drôle et qui connaît déjà tout le groupe depuis qu’ils ont expériementé à l’école des échanges de groupes pour les projets. La rentrée s’est plutôt bien déroulée. Juste quelques kilomètres dans mes pauvres pieds à parcourir les rayons de Bureau en gros d’un bout à l’autre.
Angela
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