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Etat de siège.

Dans notre existence, nous n’avons pas souvent l’occasion de vivre une aventure. C’est pourtant bien ce qui m’arrive depuis vendredi après-midi, projeté bien malgré moi au beau milieu d’une tragédie syndicalo-comique.

Si vous résidez au Québec, vous ne pouvez pas ignorer la nouvelle : la compagnie de transport de fonds Sécur est en grève, ou plutôt, les quelque 900 agents syndiqués de la province. Restent les cadres et le personnel administratif à poursuivre le travail et à effectuer certaines tâches effectuées d’habitude par les employés syndiqués. Cela provoque aussi quelques bouleversements au niveau organisationnel : quarts de 12 heures de travail (08h-20h ou 20h-08h), passage des lignes de piquetage en autobus escorté par la police de Montréal et par une agence de vigiles, repas pris sur le lieu du travail et même mise à disposition d’une psychologue pour prévenir certains tracas.

Bref, la compagnie qui représente 80% des parts de marché au Québec est aux petits oignons avec nous. Surtout que depuis le rejet massif, ce mercredi après-midi, des propositions patronales par l’assemblée générale des syndiqués, il y a de fortes chances pour que le conflit s’éternise ! Rassurez-vous, contrairement à certaines informations farfelues, la grande majorité des guichets automatiques sera approvisionnée normalement. Il n’y a que les clients commerciaux qui souffriront de la grève.

Ce qui est étonnant tout de même, c’est le calme relatif de l’action. Bien sûr il y a les insultes, en vrac un petit florilège : « sales scabs ! », « pourris », « salauds ! »…. Bien-sûr il y a quelques téméraires qui agitent quelques pancartes devant les blindés qui sortent deux fois par jour, mais on est très loin de la violence des conflits sociaux « à la française ». Vendredi soir, lorsque je suis sorti du travail à 3 heures du matin (après 20 heures passées au bureau), il a suffi d’un agent de police pour garder en respect les 6-8 grévistes postés devant l’une des entrées ! En France, une compagnie de policiers anti-émeute ne suffit parfois pas à retenir quelques grévistes déchaînés souhaitant « bouffer du patron ».

A l’intérieur, côté briseurs de grève comme on dit, l’ambiance est très conviviale. Je découvre des personnes que je ne connaissais pas, et l’on échange quelques impressions, quelques blagues pendant les heures de lunch. On dit souvent que les liens se rapprochent durant les moments de crise et j’ai souvent constaté que c’était vrai. Malgré tout, cela contribue aussi à créer deux clans : les grévistes et les non-grévistes. Deuxième défaut à cela : avec de tels horaires, j’ai dû mettre de côté mon autre activité professionnelle. Par chance, mon activité de concepteur de sites internet n’est pas trop prenante ces temps-ci et je suis, de plus, travailleur autonome.

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Écrit par
Petit-Prince

Mais qui est donc Petit-Prince ? Après s’être évanouit dans le désert sous les yeux médusés de l’aviateur en perdition, le revoilà au pays du froid et du sirop d’érable. Jean-Philippe Rousseau, de son vrai nom, est un Normand pur jus (dans le sens qu’il a souvent baigné dans le Calva). Malgré tout, il ne s’est pas contenté de sa douce campagne normande et a parcouru la France de long en large, avant d’échouer à Paris en 1995… C’est un passionné. Un passionné d’idées, de débat et de joutes verbales, qui l’a conduit à s’engager activement en politique le jour même de ses 18 ans. Il l’a fait en tant que responsable associatif bénévole et enfin en tant qu’assistant de sénateur durant presque quatre années. Mais ne vous méprenez pas ! Loin d’être un " politicard ", c’est un anticonformiste né. Il revendique haut et fort son statut de disciple de la génération des " Hussards ", cette " gang " d’écrivains français des années 50-60, en tête desquels on retrouvait Antoine Blondin, Roger Nimier, Michel Déon et un certain Marcel Aymé. Dans le même esprit, il se délecte des citations de l’inénarrable Michel Audiard, qu’il considère comme le plus grand dialoguiste français. Passez lui le film " Les Tonton Flingueurs " et ca sera l’extase suprême devant le jeu d’acteur de Lino Ventura et autres Bernard Blier. Autre passion : l’écriture. Et il écrit comme il parle, c’est-à-dire beaucoup ! Sur l’air de " j’aurai voulu être un artiste ", lui aurait voulu être journaliste. Au lycée, il lance un modeste journal satirique et sitôt entré à l’université, il fonde un journal étudiant où il peut assouvir sa passion sans retenue (ou presque). Mais toutes ces expériences palpitantes ne l’empêchent pas de sentir de plus en plus monter en lui, une certaine amertume. Comme le disait Charles Péguy au début du siècle dernier : " Mon pays me fait mal " et Jean-Philippe s’en détourne en découvrant le Québec à travers Internet en 1998. Mais c’est lors de son premier grand séjour dans la Belle Province, durant l’été 2000, qu’il tombe définitivement " en amour ". Trois visites touristiques plus tard, le voilà qu’il pose définitivement ses bagages à Montréal le 30 septembre 2001, juste avant d’avoir ses 28 ans. À côté d’un emploi administratif dans une grande compagnie montréalaise, il occupe ses temps libres à concevoir des sites Internet afin de progressivement se mettre à son compte. Ce petit Français reste émerveillé devant l’espace d’initiative et de créativité que lui offre le Québec. Il se sent tellement bien dans son nouvel environnement, que même si son sang reste français, son cœur est déjà profondément québécois. Il ne lui manque plus que d’avoir la retransmission du Tournoi des six nations de rugby, ainsi que la possibilité d’acheter de vrais croissants à côté de chez lui pour se sentir comme au Paradis. Mais tout vient à point à qui sait attendre, n’est-ce pas ? Site perso : La grenouille givrée… Baptisé « le parrain des blogistes immigrés » par le Courrier international à l’automne 2006

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