Dans ce grand débat actuel sur l’identité québécoise, sachez que les nouveaux arrivants au fil des ans peuvent se sentir inclus dans le “nous” québécois. En tant qu’immigrant, est-ce que vous vous référez naturellement aux Québécois en disant “Nous” ou “Eux”. Si c’est le premier cas, depuis combien de temps ? Autrement, sentez-vous que vous ferez partie du “nous” un jour ?
Pour l’immigrant, ça commence certainement un jour, au détour d’une conversation, avec des amis et de la famille restés au pays : “Nous au Québec, on fait les choses comme ceci…”. Un “nous” qui surprendra en premier lieu celui qui l’utilise. Certains nouveaux arrivants aimeraient pouvoir dire “nous” quelques mois après leur arrivée dans leur nouvelle terre d’accueil. Mais ils se rendent vite compte qu’ils se font rappeler constamment leur origine et qu’il n’est pas si facile qu’on aurait pensé au départ de dire “nous”. Surtout lorsque les difficultés des premiers mois et années s’accumulent : trouver le bon emploi, se faire reconnaître par ses pairs, etc. Dans ces circonstances, il est moins facile d’aborder le “nous” avec autant de sérénité. Mais une fois que le nouvel arrivant a trouvé sa place au Québec et qu’il considère qu’il partage les valeurs communes des Québécois, pourquoi ne pas se dire du “nous” ?
Évidemment l’immigrant de première génération sera toujours assis entre deux chaises. Les Québécois de souche lui rappelleront souvent ses origines, que cela soit par curiosité ou autre. Et il est normal aussi qu’un immigrant soit parfois nostalgique et même idéalise quelque peu son pays d’origine. Pendant ce temps, il oublie parfois qu’il fait partie aussi du “nous” de l’endroit où il a décidé de vivre et qu’il délaisse tranquillement le « eux » pour passer au « nous ». Au fil des ans, l’immigrant n’est plus tout à fait un immigrant. Il se retrouve un peu en porte-à-faux avec son pays d’origine, il devient un être hybride qui porte plusieurs identités et il peut très bien inclure le « nous ». Un sentiment encore plus facile lorsque l’immigrant est jeune et qu’il a trouvé sa place sur le marché du travail.
Certains immigrants de la première génération ne diront jamais “nous” et se réfèrent toujours à leurs origines pour se définir, jamais au lieu où ils vivent depuis de nombreuses années. Est-ce qu’ils font moins partie de l’ensemble collectif québécois pour autant ? Certainement pas, mais peut-être sont-ils plus nostalgiques et ont-ils plus de difficultés à voir qu’ils ont changé tout comme d’autres immigrants.
Mais pour vraiment se sentir bien quelque part, ne faut-il pas un jour aborder le “Nous” ? Est-ce que le “nous” n’était pas le but à atteindre lors de l’établissement dans une nouvelle terre ?
Un homme de mots, polémiste, professeur et ancien politicien québécois, Pierre Bourgault, a déclaré ceci : « On m’a demandé l’autre jour : « Qu’est-ce qu’un Québécois? » J’ai répondu : « C’est quelqu’un qui veut l’être. Quelqu’un qui assume le passé, le présent et l’avenir du Québec. » »
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