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mercredi , 30 octobre 2024
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Expérience de Bruce, Français installé à Montréal et concessionnaire automobile

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Bruce, 34 ans, a grandi dans l’Aveyron. De parents pisciculteurs, il entame des études de menuiserie avant de se découvrir un don pour la vente. Il fait alors un bac-pro en alternance chez un concessionnaire automobile, expérience qui va définir sa carrière.

Il y a sept ans, il arrivait au Québec, suivant sa conjointe tout juste rencontrée qui y poursuivait ses recherches.

Immigration

Qu’est ce qui t’a attiré ici plutôt qu’ailleurs ?

Le hasard des opportunités professionnelles de ma conjointe.

Quelle idée te faisais tu du Québec avant d’y immigrer ?

Qu’il y faisait froid ! On n’avait pas pris de vêtements d’été car on pensait qu’il faisait tout le temps froid.

Quelle a été ta première impression en débarquant ?

J’ai adoré ! Les gens relax, sympa et prévenants. Aussi les côtés européens et américains qui s’unissent pour former Montréal.

Si tu devais résumer Montréal, qu’en dirais tu ?

Le multiculturalisme y est flagrant et c’est très bien. Partout on peut manger n’importe quoi de n’ importe où.

Quand as tu annoncé à tes amis/proches restés en France que tu partais ?

Un mois avant notre départ.

Qu’elles ont été leurs réactions ?

Nos amis étaient contents et nous soutenaient. Au départ on partait pour un an, un an et demi seulement.

Aujourd’hui comment voient-ils les choses ?

Des fois c’est un peu dur car on est loin mais ils s’y sont fait.

Penses tu qu’ils ont bénéficié de ton expatriation ? Oui pour le tourisme, sinon pas vraiment.

As tu rencontré d’autres Français ici ?

Oui beaucoup.

T’es tu fait des amis Québécois ?

Oui.

Y a t’il une différence entre les deux ?

Oui avec les Québécois c’est en général plus long de construire une amitié. Tu peux faire une super fête avec des gens puis plus avoir de nouvelles pendant six mois, c’est normal.

Aujourd’hui comment te définirais tu ?

Franco-Québécois.

Emploi

Bruce a travaillé 8 ans en France comme conseiller commercial chez un concessionnaire automobile. Juste avant d’émigrer, en 2012, il songeait à quitter son poste, ne supportant plus la pression du management qu’il subissait au quotidien.

Comment as-tu trouvé un emploi au Québec ?

En déposant mon CV chez un concessionnaire à côté de chez moi. Il m’a rappelé 10 minutes après pour me proposer un poste en vente.

Quelles différences majeures dirais tu qu’il y a dans ton métier entre la France et le Québec ?

On te donne plus facilement une chance de faire tes preuves au Québec. Aussi, les vendeurs sont plus rapides à conclure une vente mais connaissent moins leurs produits.

Au niveau du salaire ?

Je gagne 10 à 15% de plus qu’en France.

Au niveau des avantages sociaux ?

Au Québec je dois payer mon assurance santé et le carburant de ma voiture de fonction. Je n’ai que deux semaines de congés payés mais les employeurs te laissent prendre des congés sans solde si tu veux.

Au niveau de la charge de travail ?

C’est pareil qu’en France au niveau du temps passé au travail mais tu as moins de choses différentes à faire. Ici tu dois juste vendre des voitures, tu ne vends pas de financement et souvent tu ne fais pas de livraisons.

Au niveau des relations avec tes collègues ?

C’est plus facile. Il y a moins de concurrence entre vendeurs.

Au niveau des perspectives futures ?

Dès que tu démontres un intérêt on te donne ta chance. Mais si tu fais pas l’affaire tu es dégradé ou viré dans la journée. A mon (jeune) âge et avec mon peu d’ancienneté dans la concession, je n’aurais jamais pu devenir directeur des ventes en France. Poste duquel j’ai été justement rétrogradé ensuite avant de rebondir dans une autre boite sur un meilleur poste.

Au niveau de la langue ?

Je ne parlais pas un mot d’anglais et j’ai beaucoup progressé au Québec. Sans être bilingue, aujourd’hui je le comprend et peux me faire comprendre. Au point de pouvoir négocier en anglais.

Et les clients ?

Montréal est très multiculturelle donc tu rencontres des clients de toutes les origines. Les clients québécois sont ultra dans le relationnel alors que les français sont plus analytiques. Pour 50 euros de plus qu’un concurrent, des français te prendront pas la voiture.

Il y a plus de SUV et de 4×4 vendus au Québec, mais il y a de la place et de la neige. Les français cherchent surtout des petites citadines qui se garent facilement et consomment peu.

Vie

Qu’est ce qui a le plus changé dans tes habitudes de vie ?

Pas grand chose. On se lève plus tôt peut être. On mange aussi bien, la qualité de la viande et du poisson est très bonne et on trouve facilement du bio. On cultive aussi notre potager. Mes loisirs sont les mêmes mais cependant le coût est plus élevé. La pratique des arts martiaux me coute 500$ de plus par ans qu’en France.

Est-ce que quelque chose t’a surpris dans les habitudes de vie des Québécois ?

Ils mangent très tôt ! Il y a deux religions : le hockey et le BBQ. Il y a des BBQ partout, chez les gens, dans les parcs…

Est ce qu’il y a des choses auxquelles tu ne pourras jamais te faire ?

Non, je me suis même fait à l’hiver. Sauf quand il fait -40 degrés…

Et le climat justement ?

Il y a deux grandes saisons : l’hiver et l’été. C’est deux univers différents. L’automne est la plus belle saison mais elle ne dure pas longtemps.

Perceptions

Pourquoi avoir décidé de s’expatrier ?

Je voulais voir une autre façon de vivre et était attiré par les États-Unis. L’esprit d’entreprise en France me repoussait.

Est-ce que quelque chose t’inquiétais en France ?

L’économie

Qu’est ce qui a changé dans ta façon de voir le monde ?

J’avais déjà beaucoup voyagé avant de venir au Québec, donc pas grand chose.

ton pays natal ?

Au bout de trois ans au Québec, j’ai eu le mal du pays. Mais en revenant d’un séjour en France je me suis dit dans l’avion : « je suis de retour chez moi. » Depuis, je me sens autant québécois que français.

tes compatriotes ?

J’ai l’impression que les français sont parfois fermés politiquement parlant. Ils résistent à tout changement.

Si tu devais quitter le Québec, ou irais tu ?

En Amérique du sud peut être. J’essaierais autre chose.

Qu’est ce qui pourrait te manquer le plus du Québec ?

La tranquillité.

Si c’était à refaire que changerais tu ?

Rien, car j’ai appris de mes erreurs.

Si tu avais un conseil à donner aux futurs immigrants français ?

Ne croyez pas que le Québec c’est la France en mieux. C’est différent, la culture est différente. S’y vous n’y trouvez pas votre équilibre, n’y restez pas.

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Écrit par
Marty

Né au nord de la France, j’ai grandi à Cambrai, ville probablement plus célèbre au Canada que dans son propre pays. Fasciné, comme tant d’européens, par l’Amérique depuis toujours, j’ai voyagé et vécu aux Etats-Unis avant d’arriver à Montréal début 2012. Biochimiste de formation, je travaille dans mon domaine au Québec.

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