Lorsqu’il débarque à LaSalle avec sa famille en avril 2014, Roberto Amado est prêt à accepter tout type d’emploi. C’est ainsi qu’il décroche un poste de chauffeur de camion chez Target. Ce professionnel des ventes originaire de Salvador, la troisième plus grande ville du Brésil, a pourtant travaillé dans plusieurs grandes multinationales comme Whirpool et HSBC.
Quand Target ferme ses portes, Roberto multiplie les recherches pour trouver un emploi qui se rapporte à l’expérience qu’il a acquise au Brésil. Après des démarches auprès de l’organisme L’Hirondelle, du Carrefour jeunesse-emploi et du programme Interconnexion, il effectue un stage offert au sein de l’organisme Habitat pour l’humanité. À l’issue du stage, Roberto est embauché et occupe maintenant le poste de gérant des ventes au magasin d’Habitat pour l’humanité situé dans Saint-Henri.
Madeleine Martins, directrice générale d’Habitat pour l’humanité, souligne à quel point Roberto avait « fait ses devoirs » lorsqu’il s’est présenté à l’entrevue. Il savait tout de son organisme qui construit des maisons pour les familles mal logées et vivant sous le seuil de la pauvreté. Madeleine valorise hautement le parcours brésilien de Roberto en amélioration de magasins. « L’exigence de l’expérience québécoise, c’est une vue de l’esprit. Les recruteurs qui en parlent ne savent pas qu’aujourd’hui l’expérience d’ici est identique à celle acquise ailleurs », affirme-t-elle.
Madeleine connaît les défis inhérents à l’immigration. Née à Chaves, au nord du Portugal, elle grandit à Paris où elle mènera une carrière stimulante comme cadre d’entreprise. L’amour l’amène à émigrer au Québec en 1997. En un mois, elle trouve un emploi grâce à une connaissance. Elle travaille 10 ans chez Desjardins puis se joint à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Mais en 2013, à la suite de la maladie de son conjoint, elle commence à remettre en question sa contribution au sein d’une grande entreprise. C’est à ce moment qu’Habitat pour l’humanité, dont elle est membre du conseil d’administration, lui offre de restructurer l’organisation.
« Davantage d’organisations devraient tendre la main aux immigrants par l’entremise d’un stage. Embaucher quelqu’un, c’est risqué. Mais il n’y a pas d’enjeux à accueillir une personne en stage. Il faut tenter l’expérience. » Elle pressent que Roberto sera promu à court terme au sein de son organisation. Mais elle voit son coaching à plus long terme. « Je veux lui donner assez de bagage, en deux ou trois ans, afin qu’il puisse s’en servir comme tremplin pour poursuivre sa carrière dans un cabinet. »
Encouragé par Madeleine, Roberto nourrit son plan de carrière. Il réalise que les employeurs d’ici cherchent plutôt des spécialistes. Il songe maintenant à se spécialiser en intelligence d’affaires pour avoir un plus grand impact sur l’amélioration des environnements qu’il gère. Toutefois, Roberto considère pouvoir prendre son temps, car il est satisfait de la qualité de vie qu’il a à Montréal. « Au Brésil, on veut faire les choses vite. Le coût de la vie est plus élevé, voyager pour aller travailler est beaucoup plus long. Il faut atteindre un certain poste pour bien vivre. Ici, tu vis bien avec un travail raisonnable. » Cette qualité de vie, il en prend aussi la mesure en donnant des cours de jiu-jitsu le soir, et en caressant le rêve d’ouvrir son gym d’ici deux ans.
Par Marie-Christine Ladouceur-Girard
Directrice, Développement, diversité métropolitaine
Chambre de commerce du Montréal métropolitain
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