3 ans, pis quoi ?
La Féline
19-09-2007 à 21:27
Montréal, le 19 septembre 2007.
Aujourdhui, pour moi, ça fait 3 ans aussi. Quel chemin parcouru depuis tout ce temps ? Où jen suis dans ma vie à lautre bout du monde ? Et maintenant, quest-ce que je veux vraiment ? Quest-ce quil me reste à accomplir ? (il faut dire que jarrive proche de la trentaine alors ces questions sont dautant plus existentielles) On est content de cette nouvelle vie quon est parvenu à se construire sur lautre rive. Mais on a beau se dire quon a réussi, que les choses ont été plus vite quon ne lespérait, quon est fier de soi parce quon sest prouvé quon est plus fort quon ne le paraît (du moins quon ne le croyait), il y a toujours une sorte dinsatisfaction, une certaine nostalgie, un doute, une question qui vient « péter la balloune ». Ça, cest pour lambiance générale. Hé oui ! immigrer, cest aussi vivre à 100 000 lieux des gens et des endroits quon aime. Cest manquer les premiers mots du dernier né de la famille. Cest affronter le regard plein de larmes de ma mère au moment de lui dire au revoir après 2 semaines de vacances passées ensemble. Cest culpabiliser à lidée quelle se demande ce quelle a bien pu faire de si mal pour que jaie envie de méloigner delle à ce point, et peut-être un jour de la priver de voir ses petits enfants régulièrement. Cest penser que le plus beau cadeau que je pourrais lui faire serait sans doute que je rentre au pays. Cest ne pas être là pour la soutenir quand un membre de la famille sen va dans lautre monde (ou si elle tombe malade) et réaliser que je ne verrai plus cette personne lors dun prochain séjour en France. Cest manquer des soirées avec les ami(e)s de longue date (qui sont maintenant parents et nont peut-être plus le temps et/ou lenvie de penser à moi) ou des week-ends au bord de la mer avec les cousin(e)s. Cest avoir les yeux humides en regardant des images de Paris sur grand écran mais être heureuse de réaliser que je suis toujours au Québec en sortant du cinéma. Cest me dire aussi que je serais probablement encore en train de galérer professionnellement en France, face à des patrons impatients et intolérants. Cest ne pas me sentir mal constamment au moindre regard ou à la moindre parole, puisque la mentalité est si agréablement différente ici.
Bref, pour moi, cest tout ça 3 ans au Québec. Cest être déchirée entre ma petite vie que jai ici, à Montréal, et mes souvenirs de France, famille et ami(e)s inclus. Comme lannée dernière à la même période, je reste « le cul entre 2 chaises ». Les doutes et les questions que javais au départ ne sont plus les mêmes aujourdhui. À part léloignement et la solitude, je ne trouve aucune bonne raison de rentrer au pays. De toute façon, je ne suis pas prête psychologiquement pour une telle réadaptation. Ré-intégrer son pays, cest comme une nouvelle immigration : refaire tout ce chemin en sens inverse (le déménagement, les demandes de paperasse pour retrouver sa situation de résident en France, retrouver un appartement, du boulot, avec en prime ce risque de choc culturel après quelques années de vie à létranger). Montréal, le Québec et la vie que jy ai me manqueraient à coup sûr et je déprimerais en y repensant. Alors que faire ? 3 ans, pis quoi ? À part le fait dêtre certaine dêtre mieux ici que je ne pourrais lêtre en France, pas grand chose de neuf. Continuer à faire les bons choix en est une autre
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