Bulletin du premier trimestre
Ecrit par: totof06
6 août, Mylène (ma Québécoise de femme) et moi-même arrivons à l’aéroport de Mirabel. Cette fois-ci, ce n’est pas pour un nième séjour au Québec plus ou moins long, c’est pour de bon. Comme tant de gens avant nous, nous avons tout laissé derrière nous : amis, famille, condo et tout ce qu’il y avait dedans, 2 emplois de cadres qui nous permettaient de bien vivre mais qui ne nous satisfaisaient pas du tout.
Une page du grand livre se tourne : nous arrivons à Montréal sur un vol direct Air Transat. Le même vol qu’a pris Mylène 6 ans auparavant pour venir me rejoindre sur la Côte d’Azur.
S’ensuit le traditionnel parcours du combattant-immigrant : « Bienvenue au Québec », NAS, Permis de conduire, Carte Soleil, recherche d’un logement, d’une auto, d’une assurance auto, etc.
Les premières difficultés ne manquent pas d’apparaître : pas de crédit pour acheter une maison, pas de carte de crédit. Nous quittons sans hésiter la Banque de Montréal pour aller à la Caisse Desjardins. Là, on nous accorde tout :
– un crédit immobilier sans emploi à la condition d’apporter 50 % d’apport et de laisser de quoi couvrir un an d’hypothèque sur un compte d’épargne.
– Une carte Visa Desjardins pour laquelle notre caisse se portera caution.
Fort de cela, nous pouvons commencer à magasiner l’achat d’une maison. Aidé par notre agent immobilier favori, nous visitons plusieurs dizaines de maison durant tout un mois. Finalement, un jour, nous trouvons une jolie petite maison convenant très bien à nos besoins et attentes : sur la Rive Sud de Montréal, proche des transports en commun, avec un grand terrain. Le tout à un prix raisonnable. Nous emportons les enchères, la maison sera à nous dans 2 mois.
C’est bien beau tout cela, mais l’argent sort, sort, sort et toujours pas d’emploi à l’horizon. Nous envoyons des CV depuis notre arrivée. Mylène décroche une ou 2 entrevues, moi une petite douzaine (dont 7 pour la même compagnie). Les remarques sont diverses et variées : « pas de première expérience québécoise », « mais pourquoi donc quitter un coin aussi paradisiaque que la Côte d’Azur ? » « Nous avons déjà employé un français un jour, cela s’est très mal passé nous souhaiterions ne pas renouveler l’expérience (dans ce cas, pourquoi me téléphoner ?) », le « how’s your english?» systématique.
Je participe à un salon de l’emploi en informatique au Palais des Congrès de Montréal : plusieurs centaines de candidats déguisés en pingouins (costumes noirs, chemises blanches), 4 stands. Des français discutent derrière moi dans la longue file d’attente : « mouais, je galère ici depuis 2 ans, je pense que je ne vais pas tarder à retourner d’où je viens… ».
Dans l’autre partie du salon consacré aux professions de santé, c’est exactement l’inverse : une multitude de stands, peu de candidats que l’on s’arrache. Bref, un salon duquel on sort avec le moral dans les chaussettes (noires) et suite auquel on se pose de multiples questions.
J’essaie de trouver une jobine dans mon domaine d’activité : l’informatique. Justement le « Bureau en Gros » à côté de chez moi recrute un « conseiller clientèle en informatique » à temps partiel. Pourquoi pas ? Je me présente avec mon CV, le gars me regarde horrifié en me disant que je suis bien trop qualifié pour le poste et que je n’ai pas d’expérience dans la vente de détail. Je comprends que je ne pourrais pas accéder à ce type d’emploi à moins de « remanier » en profondeur mon CV.
Restent les postes pour lesquels on ne demande pas de CV : la manutention. Pourquoi pas ? Dans le passé j’ai bien été déménageur, docker, inventoriste, poseur de moquette. Si le besoin se fait vraiment sentir, ce n’est pas grave, je reviendrai 10 ans en arrière…
Je persévère néanmoins dans la recherche d’un poste qualifié correspondant à mes compétences. Je vais sur les sites d’offres d’emploi tous les jours, je mets mon CV en ligne sur pas mal de sites de compagnies, je réseaute intensément. Cela finira bien par payer.
Et puis un jour, après 1 mois sans aucune entrevue, le téléphone sonne. C’est une personne des RH d’une grosse compagnie qui me contacte car elle a une copie de mon CV entre les mains. Je lui demande où elle se l’est procuré, elle me répond : « vous nous l’avez laissé au salon de l’emploi ». Comme quoi…
Je la rencontre un mardi au centre-ville de Montréal : entretien classique tel qu’on pourrait en passer à Paris où à Sophia-Antipolis. 2 heures après, je passe une autre entrevue ailleurs à Montréal avec ce qui pourrait devenir mon chef direct. L’entrevue se passe bien, j’aurai une réponse le vendredi suivant après les auditions des autres candidats.
Entre temps, nous prenons possession de notre maison. Nous nous mettons tout de suite au travail pour la mettre à notre goût : arrachage de tapis, enduit, peinture, etc. Nous avons quelques mauvaises surprises qu’une inspection aurait révélées. TOUJOURS DEMANDER UNE INSPECTION telle est la leçon que nous en tirons. Cela se réglera au marteau-piqueur dans le sous-sol.
Et puis, sans que nous nous en rendions compte, le vendredi arrive… Et la réponse est positive ! J’ai un premier job au Québec ! Dans mon domaine ! Pour un salaire plus élevé qu’en France ! Comme quoi (bis !)
Mylène, quant à elle, après deux séries d’entrevues, décrochera le mercredi suivant, exactement le poste qu’elle désirait occuper!
Voilà… Ici s’achève mon premier bilan après 3 mois de vie au Québec. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Tout simplement parce que c’est inévitable, lors d’une immigration, les hauts et les bas se succèdent (parfois dans la même journée). Un certain recul est nécessaire pour parvenir à distinguer l’important du futile, le positif du négatif.
Bien sûr, notre cas est une immigration « dorée » qui ne correspond peut-être pas à la majorité des immigrations. Mais pour l’instant tout se passe plutôt bien alors pourquoi ne pas partager cela ici ?
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