Mise à jour le dimanche 26 août 2007 à 12 h 16
Charte de la langue française
La loi 101 a 30 ans
Camille Laurin
Le 26 août 1977, la Charte de la langue française, ou loi 101, est adoptée et affirme sans équivoque que la langue commune au Québec, utilisée dans toutes les sphères de la vie, est le français.
Mandaté par le premier ministre René Lévesque pour réaliser cette tâche, le ministre d’État au développement culturel, Camille Laurin, refuse de simplement revoir la controversée Loi sur la langue officielle du gouvernement libéral précédent. Il présente plutôt une politique linguistique ambitieuse, qui vise à assurer la primauté du français au Québec, à la fois dans l’affichage, dans l’enseignement et en milieu de travail.
L’une de ses mesures les plus importantes était de permettre l’accès à l’école anglaise seulement aux enfants dont l’un des parents avait lui-même reçu son éducation en anglais « mais dans la mesure où il était domicilié au Québec au moment de l’adoption de la Loi 101 le 26 août 1977. »
Symbole des aspirations de la majorité francophone du Québec, mesure de protection nécessaire dans le bassin anglophone de l’Amérique du Nord, politique coercitive et radicale portant atteinte aux droits des minorités: 30 ans après son adoption, la loi 101 suscite encore des interprétations diverses et de la controverse.
Plusieurs lois et jugements subséquents en ont d’ailleurs réduit la portée initiale. Le dernier épisode en date est survenu mercredi dernier, lorsque la Cour d’appel du Québec a invalidé une disposition de la loi qui concernait l’accès à l’école anglaise. Promulguée en 2002, la loi 104 interdisait à certains parents d’inscrire leur enfant dans une école anglaise non subventionnée pendant un an pour devenir ensuite admissible au réseau d’écoles anglaises publiques.
Une longue crise linguistique
René Lévesque a obtenu plus de Camille Laurin qu’une simple révision de la loi existante.
L’adoption de la Charte de la langue française faisait suite à près de 10 ans de crise linguistique au Québec.
En juin 1968, à Saint-Léonard, la commission scolaire décide d’imposer l’école élémentaire française aux nouveaux élèves pour la rentrée. Cela signait en quelque sorte la fin des classes bilingues créées en 1963 pour accueillir les immigrants, surtout italiens.
En novembre 1969, le gouvernement unioniste de Jean-Jacques Bertrand fait adopter la loi 63, qui permet aux parents en faisant la demande d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise. Ceux-ci doivent toutefois acquérir une connaissance d’usage du français.
En juillet 1974, la loi 22, adoptée sous le gouvernement libéral récemment réélu de Robert Bourassa, fait pour la première fois du français la langue officielle du Québec. Mais, encore une fois, ses dispositions concernant la langue d’éducation, qui imposent des tests de connaissance de l’anglais préalables à l’admission à l’école anglaise, ne satisfont personne.
La loi 101 sera l’aboutissement de tout ce processus, qui aura donné lieu à certaines des secousses politiques les plus importantes de l’histoire du Québec.
Source : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2007/08/26/001-loi101-anniversaire.shtml
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