Mangez-en, c’est bon !
Ce que dit Catherine est vrai, dans les supermarchés du Québec, le pire côtoie le meilleur. Venant de France, on peut cependant être immédiatement gêné par le pire, car le pire d’ici n’est pas le même que celui auquel on a été habitué. On est sur une autre planète, sur une toute autre échelle. Et le pire a envahi le supermarchés d’Amérique depuis longtemps. Il est partout : biscuits divers (essayez un « Maywest » vous m’en direz des nouvelles), « Quattro » soi-disant français, viennoiseries (si on peut appeler ça comme ça) surchargées de je ne sais quoi, chocolat sans cacao ou presque, moutardes, sauces à salades, gâteaux surgelés, cochonneries panées de toutes sortes, chips à toutes les sauces, « bacon bits » sans la moindre trace de bacon, sel à l’ail, viandes aux hormones et j’en passe… Bienvenue en Amérique ! Plus de sucre, plus de gras, moins de goût, telle semble être la devise !
La lecture de la liste des ingrédients des produits me donne souvent le vertige. Les produits chimiques sont nombreux, on en trouve partout. J’en utilise certains au laboratoire, comme l’EDTA (je vous fait grâce du nom scientifique), aussi présent dans le shampooing !
On peut (peut-être) tempérer cela par le fait que la législation sur les étiquettes des produits est très légèrement différente, comme en attestent les étiquettes canadiennes mises sur les produits d’importation français. On apprend ainsi que « matière grasse d’origine végétale » sur un produit français est en fait un cocktail d’huiles de toutes origines (tournesol, canola, coton (!) et autres). Sur les produits canadiens il est carrément écrit que ce cocktail peut varier d’un lot à un autre ! Autre aspect législatif, que des amis québécois me certifient être véridique : le buf 100% pur buf des fast-food est en fait du 80% au moins. Au-dessus de 80%, c’est du 100% ! Content de l’apprendre ! Mais que sont les 20% restants ?
Le plus drôle c’est que les consommateurs ne sont plus dupes, et achètent de la m en connaissance de cause, ou feignent de l’ignorer. Alors notre champion local de la daube en boîte, la marque qui commence par un K, propose une confiture de qualité supérieure dite « pure ». Dis maman, c’est quoi de la confiture pure ? Ça veut dire qu’ils ont essayé d’enlever toutes les cochonneries qu’ils mettent habituellement dedans. Quel élan subit de générosité ! Rassurez-vous, ils n’y sont pas arrivés, continuez de savourer de la vraie confiture, comme la « Bonne-maman », qui ne doit contenir que quatre ingrédients au maximum : sucre, fruit, pectine de fruit, et acide citrique pour le goût acidulé. Tout le reste n’est que superflu. Comme le sucre inverti, un des étranges ingrédients du sel de table de la cafette au boulot ! Authentique !
On le voit, manger bio ou naturel n’est pas une idée très en vogue dans l’industrie agro-alimentaire nord-américaine, et un retour en arrière semble bien improbable. Le Canada est le deuxième producteur de produits transgéniques – derrière le champion poids lourd, les États-Unis, on l’aurait deviné. Quel heureux hasard ! Le gouvernement canadien fait circuler une publicité ventant la qualité et la salubrité de ses aliments… On croit rêver. Aucun affichage bien entendu, on ne sait donc pas si les pommes de terre, tomates, et autres fruits et légumes sont transgéniques ou non…
Alors il y a la solution des aliments biologiques. Il semble bien qu’il faille payer le prix fort pour se nourrir sans risque. Personnellement, je n’en suis pas encore là, et seule la lecture attentive de la liste des ingrédients guide mon choix vers les rares produits « convenables ». Si après ça, vous voulez toujours venir vivre au Québec, c’est que votre rêve est grand, très grand, et que la bouffe n’est pas votre sujet favori de préoccupation. Dans le cas contraire, fuyez !
Redflag.
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