De Jpinho
En complément de mon premier billet, et puisque on me la demandé, voici ma propre analyse des différences que lon peut trouver entre le marché de lemploi des TI à Paris et à Québec.
Je ne généralise pas à lensemble de la France puisque je nai jamais bossé en province, même si jy ai habité jusquà mes études. Tout comme je ne généralise pas à lensemble du Québec ni du Canada car pour linstant mon expérience de travail se résume à la ville de Québec.
Je pense que ce quil faut comprendre cest quau Québec, il y a une capitale administrative (Québec) et une capitale économique (Montréal). Ce qui nempêche pas de trouver des sièges sociaux du privé à Québec , ni des antennes du public à Montréal. Anyway (!), cest pas mal comme cela que sont organisées dautres provinces (Toronto vs. Ottawa en Ontario ; Vancouver vs. Victoria en CB ;).
Cette dichotomie a un impact direct sur le marché de lemploi et sur les « fiches de postes » des consultants TI.
1- La maitrise budgétaire des coûts informatiques, voulue par le GVT, me donne limpression que dun point de vue strictement TI, les administrations du Québec sont nettement moins modernes que leurs cousines française. Je pense que ici on va davantage se poser la question du ROI dun investissement, et que la décision de conserver un outil un peu désuet mais qui au final « fait pas mal la job » sera prise plus facilement quen France, où tout le monde a basculé dans le tout numérique et web 2.0. Je me souviens des versions des sites web du MICC (devenu MIDI) lorsque jai émigré en 2013. On aurait dit un site web de 2003 !
2- Les consultant externes, ne sont pas traités comme des stars. Bon jy vais un peu fort, mais en gros en France javais souvent limpression de débarquer sur un mandat car le client avait besoin de mon expérience/expertise car personne de son équipe ne lavais. Ici, on est plus considéré comme une ressource interchangeable. Ce qui me fait dire souvent que ma firme prétend faire du « service conseils » ce que jappellerai personnellement de lintérim. Ce sentiment est aussi lié au fait que lon me demande deffectuer des tâches mono-compétence et dappliquer les décisions prises en amont sans trop les challenger. Bref, tout lopposé de ma job en France ou jétais polyvalent, tantôt chef de projet, tantôt à définir la stratégie, tantôt à moccuper des essais, de la conduite du changement, de suivre les risques et les actions, de travailler pour une banque, une assurance, en interne dans mon cabinet de conseil sur le développement doffres, etc etc etc
Ce sentiment vient. Comme je lai dit dans un autre post, quen France jétais dans un cabinet de soi-disant stratégie/organisation et quici je suis plus dans un cabinet qui soccupe de réaliser le delivery. Car il ny a pas de cabinets de strat à Québec, enfin
3- Lorganisation du travail à Québec est très standardisée. Petit cours dhistoire : il y a plusieurs années, une firme de services-conseils (DMR) a développé une méthodologie projet (ainsi que toute une batterie de livrables) et la plupart des organismes travaillent toujours avec cette méthode. Javais connu un peu la même chose à la BNP qui était certifiée CMMI sur sa documentation projet. Reste quen France on a beaucoup plus de liberté rédactionnelle. On peut faire les choses un peu à sa sauce, à la bonne franquette ! Alors quici tout va être extrêmement documenté. Ce qui ne pose pas plusieurs difficultés dans ladoption des démarches AGILE !
4- La confiance. Je vais faire assez court sur ce point en disant quil faut apprendre à chacun à comprendre lautre (tant à limmigrant quà son employeur ou client). Et donc entant quimmigrant il faut prendre le temps de faire ses preuves. Venant de paris, on peut avoir lhabitude de travailler sur de beaux projets, étant donné le vaste éventail dentreprises denvergures mondiale qui y ont leur siège et qui confient bon nombre de projets aux firmes TI. En comparaison ici le projets sont plus « plates ». Je pense aussi que pendant la phase de « découverte » les employeurs ne confient pas à leurs nouveaux immigrants des projets à trop fort enjeux ou risque. Dun côté cest rassurant car on ne va pas se planter. De lautre cela peut être démotivant car rapidement on peut penser « Quoi, jai fait 6.000 kilomètres pour faire ca ? ». Cela mest arrivé et jai choisi loption de tout donner, ce qui ma permis, quelques mois plus tard de dire à mon employeur « Bon, vous mavez vu à luvre, je dépasse largement les attentes, donnez-moi un job à ma hauteur ». Et ils étaient parfaitement daccord et mont même filé 10.000 $ en plus J Si javais été carriériste avec une vision à court terme, jaurai pu dire « Basta, je rentre en France, votre expérience ne mapporte rien, vous me sous-utilisez et vos méthodes de travail sont archaïques ». Cest de cette manière quest entrain de réagir un de mes collègues français, arrivé en Février et qui, à part se plaindre, na, à mon sens, pas fait leffort de sadapter à sa nouvelle situation.
Pour terminer la description des différences entre les job IT en France et au Québec, je ferai une analogie entre les sports US et Européen :
Au soccer, un attaquant peut marquer un but, mais un défenseur aussi. Et parfois même le gardien de but. Le défenseur va défendre, mais si lattaquant ne fournit pas les efforts de premier repli défensif il va mettre sa ligne de milieu en péril. Bref, tout le monde sur le terrain est un peu polyvalent, tout en ayant des capacités spécifiques. Au Football US, jamais un quart-arrière ninscrira un touch-down, puisque son rôle est justement de fournir le bon ballon à un équipier le mieux placé pour inscrire le touch-down. Pire, selon que léquipe défende ou attaque, ce ne sont pas les mêmes gars qui sont sur le terrain. Il sagit dun sport de « spécialistes ». On peut en dire autant des consultants qui sont polyvalents en France et spécialistes au Québec (Amérique du nord ?).
Je me relis et je vois que jai dressé un tableau un peu noir de la situation. Il faut plutôt prendre cette analyse comme une description froide des différences. Il serait intéressant quun québécois parti travailler en France nous livre sa propre analyse. Surement nous aura-t-il trouvés brouillons, pas organisés, hautains voire agressifs lorsque les scuds fusent en réunion !
Cela serait aussi intéressant dobtenir lavis dautre immigrant travaillant dans dautres secteurs que les TI (restauration, infirmières, boulangers, gens daffaires). Ont-ils retrouvé un cadre de travail qui soit le copier/coller exact de ce quils connaissaient avant ? Le Québec leur parait-il être focussé sur lui-même, avec ses propres méthodes et hermétiques aux idées venues dailleurs ? Et si oui, est-ce un bien ou un mal ?
Bonne immigration à tous, mais surtout bonne INTEGRATION !
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De Jpinho
Juste après avoir cliqué sur « Publier » je me rends compte que jai oublié de parler de LA principale différence : les intitulés de jobs.
En France, on va être consultant IT ou consultant métier, je schématise volontairement. Ici, selon les types de mise en uvre, on va trouver différents job-roles. On en revient à la spécialisation des emplois qui est de rigueur ici (voir lanalogie sur les sports US vs spots Européens).
Par exemple, une équipe de projet-Mise en uvre de progiciel pourrait être composée de : Analyste fonctionnel organique ; Analyste des processus ; Analyste programmeur ; Analyste de la tâche de l’utilisateur ; Architecte fonctionnel ; Architecte organique ; Architecte technologique ; Chargé de maintenance ; Direction ; Concepteur d’interfaces utilisateur ; Administrateur de base de données (DBA) ; Équipe de définition et d’acceptation ; Équipe de transition et de déploiement ; Groupe(s) d’architecture générale ; Groupe de soutien à la méthode ; Ingénieur de composant ; Modélisateur des objets du domaine ; Partenaires ; Pilote. Soit une vingtaine de type dintervenants. Chacun avec leur pré-carré de responsabilité et ne débordant pas sur les plates-bandes du voisin.
Je pense quen France ces rôles pourraient être fusionnés. Par exemple un chargé de projet MOA français pourrait, au fur et à mesure de lavancement du projet, porter les différentes casquettes suivantes :
Analyste des processus
Analyste de la tâche de l’utilisateur
Architecte fonctionnel
Concepteur d’interfaces utilisateur
Équipe de définition et d’acceptation
Pilote
Chargé de projet
Cest moins le cas ici. Tant est si bien que lon va souvent ressentir un manque dautonomie. Mais ce nest pas la principale difficulté. Cette dernière réside à savoir dans quel rôle on convient le mieux. Jai pour ma part débuté comme analyste fonctionnel, mais je me suis vite rendu compte que cétait trop technique pour moi. Jai réussi à « migrer » vers de lanalyse daffaires pour me rendre compte que je vise un poste darchitecture daffaires, qui correspond mieux à mon expérience passée. Par contre, cette évolution va savérer plus ardue je pense car ce type de ressources sont souvent des internes qui maitrisent les enjeux daffaires (business), là où en France ce sont les consultants qui maitrisent le mieux les enjeux daffaires car, dans le cadre de la vie des cabinets de conseils on pratique une veille permanente sur les technologies et les nouvelles opportunités business.
Mais cette expérience française est difficile à faire valoir car :
Souvent les Architectes sont des personnes ayant un minimum dancienneté
Les enjeux ne sont pas les mêmes des 2 bords de latlantique
Il faut se forger son expérience québecoise avant de prétendre au graal !
Bref, en synthèse, ne pas baisser les bras, comprendre son environnement, faire preuve de beaucoup dintelligence de situation et les opportunités dévolution se présenteront. Certes, moins rapidement que si on était resté sur sa track en France. Mais cela fait partie du deal 😉
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De shix88
Message supprimé – Langue étrangère
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De shix88
Mais est ce que les certifications (Cisco, Microsoft) ont leurs avantages ?
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De Jpinho
Je pense que oui !
Mais n’étant pas programmeur je ne peux pas vous en dire plus. Votre CV aura plus de valeur avec que sans…
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De shix88
Message supprimé – Langue étrangère
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De kuroczyd
Mais est ce que les certifications (Cisco, Microsoft) ont leurs avantages ?
Oui mais pas seulement : très souvent on vous testera pour voir si vous maîtrisez les qualifications qui décorent votre CV 🙂
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De resterzen
@Jpinho,,
:innocent:
Vous êtes au Québec ici donc vous n’avec pas à imposer les méthodes de travail à la française aux Québécois…
Si les méthodes de travail à la française étaient si formidable, la France ne sombrerait pas dans le chômage de masse, avec une croissance économique anémique…
C’est à vous à vous adaptez aux méthodes de travail québécoises et non l’inverse.
La France a un retard important dans les technologies numériques face aux États-Unis ( Silicone Valley etc ), les Google, Facebook, Twitter, Microsoft etc sont tous américains alors le Québec ne doit pas s’inspirer des méthodes de travail françaises mais américaines…
Etc.
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De juetben
Tu as oublié de dire que le fromage pue et que le cheddar en plastique saputo c’est meilleur…
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De resterzen
On ne s’avait pas qu’il y avait du fromage en » plastique « :Crylol:
Et c’est vrai que j’ai horreur des fromages qui puent…
C’est mon droit et j’assume à 100 %.
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De kuroczyd
@Jpinho,,
:innocent:
Vous êtes au Québec ici donc vous n’avec pas à imposer les méthodes de travail à la française aux Québécois…
Si les méthodes de travail à la française étaient si formidable, la France ne sombrerait pas dans le chômage de masse, avec une croissance économique anémique…
C’est à vous à vous adaptez aux méthodes de travail québécoises et non l’inverse.
La France a un retard important dans les technologies numériques face aux États-Unis ( Silicone Valley etc ), les Google, Facebook, Twitter, Microsoft etc sont tous américains alors le Québec ne doit pas s’inspirer des méthodes de travail françaises mais américaines…
Etc.
J’ai testé les configurations dans tous les sens:
Methodes francaises en France
Methodes Nord-Americaines en France
Methodes Nord-Americaines en Amerique du Nord
Methodes à la francaise en Amerique du Nord
Je peux te dire que les uns ont parfois bien du mal à comprendre les autres et inversement.
Les uns trouvent les autres bordéliques ou inversement, les autres psycho-rigides… (sans parler des ‘quick & dirty’ vs panifié mais ‘achevé avec dépassement énorme de budget’…)
Mais au final, du point de vue du résultat, il y a TRES peu de différence et encore moins en termes de qualité.
Les entreprises que tu cites ne sont arrivées là que grâce à l’argent qui a pu être injecté dans le projet à un moment donné (c’est assez peu faisable en Europe sauf peut etre dans des cas comme Airbus) et au fait que sur un contient représente quasiment un seul pays quand une entreprise est florissante, le revenu est tout de suite multiplié par 10 …
sans oublier que les cracks de ces entreprises ne sont pas forcement nord américains (ex. nomination d’un indien en tant que CEO de Google ces derniers temps).
N’oublie pas de citer les retentissants crash d’entreprises comme Nortel, RIM …
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De Jpinho
@Jpinho,,
:innocent:
Vous êtes au Québec ici donc vous n’avec pas à imposer les méthodes de travail à la française aux Québécois…
Si les méthodes de travail à la française étaient si formidable, la France ne sombrerait pas dans le chômage de masse, avec une croissance économique anémique…
C’est à vous à vous adaptez aux méthodes de travail québécoises et non l’inverse.
La France a un retard important dans les technologies numériques face aux États-Unis ( Silicone Valley etc ), les Google, Facebook, Twitter, Microsoft etc sont tous américains alors le Québec ne doit pas s’inspirer des méthodes de travail françaises mais américaines…
Etc.
Resterzen,
Vous n’avez pas compris le sens de mon post.
J,essaye simplement de donner mon ressenti sur les différences entre les modèles d’organisation du travail dans le secteur des TI entre Paris et Québec city.
Je ne hiérarchise pas les différents modèles mais essaie juste de synthétiser mon ressenti des ? premiers mois, passés à me demander « qu’est-ce qui fait que je ne suis pas à l’aise dans ma job ? ». Ces mêmes interrogations qui poussent actuellement un collègue à rebrousser chemin, seulement après 6 mois.
Je n’ai certainement pas la prétention d’arriver en conquérant pour imposer mes méthodes de travail. Celà n,a jamais été mon état d’esprit et je consière que si tel avait été le cas cela aurait nuit grandement à la réussite de mon projet d’immigration, passant par une intégration professionnelle réussie !
Je n’ai pas dit non plus que Air France c’est mieux que Air Transat et que Airbus bien meilleur que Bombardier. Néanmoins, force est de constater que le secteur du numérique est bien moins développé au Québec qu’en France, que l’infonuagique est déjà un sujet bien ancré dans les DSI en France alors que les administrations québecoises commencent à découvrir ces concepts. Ce n’est pas injurieux que de le dire. Et d’ailleurs je trouve que certaines explications à ces « retards » technologiques sont très vertueuses, notamment quand il s’agit de ne pas dépenser l’argent des payeurs de taxe … et d’avoir 2000 milliards de dette publique !
Voilà, j’espère avoir été plus clair !
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De Hei
Votre collègue en a-t-il parlé a ses supérieurs ? Si quelque chose ne va pas il faut agir avant que les choses ne s’enveniment. En général ils sont assez ouverts. Si le mandat est trop plate ou ne lui plait pas il peut demander à en changer, s’il n’arrive pas il peut demander de l’aide ou être coache et il n’y a pas de honte à dire qu’on n’y arrive pas ou qu’on a besoin d’aide. Surtout que dans une grosse SSII les consultants ou conseillers s’entraident entre eux puisqu’il y a partage des connaissances. Chum forment les autres et il a aussi beaucoup de plaisir à échanger avec ses homologues.
Autre chose aussi sans imposer quoique ce soit rien ne vous empêche de donner votre vision des choses après tout vous êtes des conseillers.
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De Hei
Mais est ce que les certifications (Cisco, Microsoft) ont leurs avantages ?
Oui les certifications ici ont beaucoup d’importance, depuis 10 ans qu’on est ici je dirais que chum en a passé au moins une bonne dizaine d’Itil v3 au MCSE alors qu’il en avait aucune en arrivant et là il est en train d’en préparer une sur la demande de son employeur par exemple parce qu’il a l’expérience sur la techno.
Mais il est vrai que ça ne veut rien dire sur un bout de papier si tu n’as pas l’expérience qui va avec.
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De Jpinho
Votre collègue en a-t-il parlé a ses supérieurs ? Si quelque chose ne va pas il faut agir avant que les choses ne s’enveniment. En général ils sont assez ouverts. Si le mandat est trop plate ou ne lui plait pas il peut demander à en changer, s’il n’arrive pas il peut demander de l’aide ou être coache et il n’y a pas de honte à dire qu’on n’y arrive pas ou qu’on a besoin d’aide. Surtout que dans une grosse SSII les consultants ou conseillers s’entraident entre eux puisqu’il y a partage des connaissances. Chum forment les autres et il a aussi beaucoup de plaisir à échanger avec ses homologues.
Autre chose aussi sans imposer quoique ce soit rien ne vous empêche de donner votre vision des choses après tout vous êtes des conseillers.
Oui il en a parlé mais je pense que son problème vient plus généralement de lorganisation du travail, du manque de polyvalence de ses tâches et de labsence de perspectives dévolution.
Ma vision des choses cest que de rester pendant des mois sur un mandat plate pour lequel on est surqualifié, chez un client plate et avec peu de pression, bref, quand on se fait chier royal bah ca facilite pas ladaptation. Pis comme ca à lair dêtre pareil du côté de sa blonde.
Après, je me/lui dit que 6 mois cest trop court pour se faire un avis et une expérience définitive.
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De Hei
Effectivement ça n’aide pas mais il faut qu’il demande à aller sur un autre mandat, chum avait commencé par faire du troussage pendant 4 mois après il a demandé d’aller ailleurs et il a enchainé au conseil du trésor puis a L’AMF en tant qu’analyste.
Pour les perspective d’évolution, il faut aussi qu’il en parle, je ne sais pas ce qu’il fait mais est ce qu’il est prêt à se certifier et faire du travail en dehors de ses mandats. Il peut aussi s’investir dans plusieurs communautés (Microsoft, Cisco, Vmware etc)
Chum a un profil très technique mais il est un peu comme toi il glisse vers les affaires
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De babar350
Perso une très mauvaise expérience dans les TI à Québec.
La ville vie aux gré de ce que veut le gouvernement.
J’ai passé 3 mois en intermandat et le mandat que j’ai eu n’étais même pas dans ma branche, je suis système et la seule chose qu’on m’a donné à faire c’est le remplissage de feuille excel pour la division … réseau. Après un an dans cette voie de garage j’ai dis tchao bye. Je vais pas étaler toutes mes compétences mais après 8 ans de TI dont les 2 dernières à gérer et mettre en place des techno, on aspire à mieux. Chose qu’on m’avait d’ailleurs promis lors de mon embauche.
La diversité fait qu’il sera plus facile de trouver un métier à Montréal, voir dans la partie anglophone, mais Québec pfff …
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De L'Atrébate
En complément de mon premier billet, et puisque on me la demandé, voici ma propre analyse des différences que lon peut trouver entre le marché de lemploi des TI à Paris et à Québec.
Je ne généralise pas à lensemble de la France puisque je nai jamais bossé en province, même si jy ai habité jusquà mes études. Tout comme je ne généralise pas à lensemble du Québec ni du Canada car pour linstant mon expérience de travail se résume à la ville de Québec.
Je pense que ce quil faut comprendre cest quau Québec, il y a une capitale administrative (Québec) et une capitale économique (Montréal). Ce qui nempêche pas de trouver des sièges sociaux du privé à Québec , ni des antennes du public à Montréal. Anyway (!), cest pas mal comme cela que sont organisées dautres provinces (Toronto vs. Ottawa en Ontario ; Vancouver vs. Victoria en CB :wink:.
Cette dichotomie a un impact direct sur le marché de lemploi et sur les « fiches de postes » des consultants TI.
1- La maitrise budgétaire des coûts informatiques, voulue par le GVT, me donne limpression que dun point de vue strictement TI, les administrations du Québec sont nettement moins modernes que leurs cousines française. Je pense que ici on va davantage se poser la question du ROI dun investissement, et que la décision de conserver un outil un peu désuet mais qui au final « fait pas mal la job » sera prise plus facilement quen France, où tout le monde a basculé dans le tout numérique et web 2.0. Je me souviens des versions des sites web du MICC (devenu MIDI) lorsque jai émigré en 2013. On aurait dit un site web de 2003 !
2- Les consultant externes, ne sont pas traités comme des stars. Bon jy vais un peu fort, mais en gros en France javais souvent limpression de débarquer sur un mandat car le client avait besoin de mon expérience/expertise car personne de son équipe ne lavais. Ici, on est plus considéré comme une ressource interchangeable. Ce qui me fait dire souvent que ma firme prétend faire du « service conseils » ce que jappellerai personnellement de lintérim. Ce sentiment est aussi lié au fait que lon me demande deffectuer des tâches mono-compétence et dappliquer les décisions prises en amont sans trop les challenger. Bref, tout lopposé de ma job en France ou jétais polyvalent, tantôt chef de projet, tantôt à définir la stratégie, tantôt à moccuper des essais, de la conduite du changement, de suivre les risques et les actions, de travailler pour une banque, une assurance, en interne dans mon cabinet de conseil sur le développement doffres, etc etc etc
Ce sentiment vient. Comme je lai dit dans un autre post, quen France jétais dans un cabinet de soi-disant stratégie/organisation et quici je suis plus dans un cabinet qui soccupe de réaliser le delivery. Car il ny a pas de cabinets de strat à Québec, enfin
3- Lorganisation du travail à Québec est très standardisée. Petit cours dhistoire : il y a plusieurs années, une firme de services-conseils (DMR) a développé une méthodologie projet (ainsi que toute une batterie de livrables) et la plupart des organismes travaillent toujours avec cette méthode. Javais connu un peu la même chose à la BNP qui était certifiée CMMI sur sa documentation projet. Reste quen France on a beaucoup plus de liberté rédactionnelle. On peut faire les choses un peu à sa sauce, à la bonne franquette ! Alors quici tout va être extrêmement documenté. Ce qui ne pose pas plusieurs difficultés dans ladoption des démarches AGILE !
4- La confiance. Je vais faire assez court sur ce point en disant quil faut apprendre à chacun à comprendre lautre (tant à limmigrant quà son employeur ou client). Et donc entant quimmigrant il faut prendre le temps de faire ses preuves. Venant de paris, on peut avoir lhabitude de travailler sur de beaux projets, étant donné le vaste éventail dentreprises denvergures mondiale qui y ont leur siège et qui confient bon nombre de projets aux firmes TI. En comparaison ici le projets sont plus « plates ». Je pense aussi que pendant la phase de « découverte » les employeurs ne confient pas à leurs nouveaux immigrants des projets à trop fort enjeux ou risque. Dun côté cest rassurant car on ne va pas se planter. De lautre cela peut être démotivant car rapidement on peut penser « Quoi, jai fait 6.000 kilomètres pour faire ca ? ». Cela mest arrivé et jai choisi loption de tout donner, ce qui ma permis, quelques mois plus tard de dire à mon employeur « Bon, vous mavez vu à luvre, je dépasse largement les attentes, donnez-moi un job à ma hauteur ». Et ils étaient parfaitement daccord et mont même filé 10.000 $ en plus J Si javais été carriériste avec une vision à court terme, jaurai pu dire « Basta, je rentre en France, votre expérience ne mapporte rien, vous me sous-utilisez et vos méthodes de travail sont archaïques ». Cest de cette manière quest entrain de réagir un de mes collègues français, arrivé en Février et qui, à part se plaindre, na, à mon sens, pas fait leffort de sadapter à sa nouvelle situation.
Pour terminer la description des différences entre les job IT en France et au Québec, je ferai une analogie entre les sports US et Européen :
Au soccer, un attaquant peut marquer un but, mais un défenseur aussi. Et parfois même le gardien de but. Le défenseur va défendre, mais si lattaquant ne fournit pas les efforts de premier repli défensif il va mettre sa ligne de milieu en péril. Bref, tout le monde sur le terrain est un peu polyvalent, tout en ayant des capacités spécifiques. Au Football US, jamais un quart-arrière ninscrira un touch-down, puisque son rôle est justement de fournir le bon ballon à un équipier le mieux placé pour inscrire le touch-down. Pire, selon que léquipe défende ou attaque, ce ne sont pas les mêmes gars qui sont sur le terrain. Il sagit dun sport de « spécialistes ». On peut en dire autant des consultants qui sont polyvalents en France et spécialistes au Québec (Amérique du nord ?).
Je me relis et je vois que jai dressé un tableau un peu noir de la situation. Il faut plutôt prendre cette analyse comme une description froide des différences. Il serait intéressant quun québécois parti travailler en France nous livre sa propre analyse. Surement nous aura-t-il trouvés brouillons, pas organisés, hautains voire agressifs lorsque les scuds fusent en réunion !
Cela serait aussi intéressant dobtenir lavis dautre immigrant travaillant dans dautres secteurs que les TI (restauration, infirmières, boulangers, gens daffaires). Ont-ils retrouvé un cadre de travail qui soit le copier/coller exact de ce quils connaissaient avant ? Le Québec leur parait-il être focussé sur lui-même, avec ses propres méthodes et hermétiques aux idées venues dailleurs ? Et si oui, est-ce un bien ou un mal ?
Bonne immigration à tous, mais surtout bonne INTEGRATION !
Post très intéressant et qui ne prête pas à polémique. Merci pour ce retour d’expérience instructif.
Comment sont perçus dans le milieu professionnel les français en IT au Québec tant au point de vue de leurs compétences et que de leur savoir-être ? La question est difficile car je suppose que personne ne vient te dire « Vous les informaticiens français vous êtes comme ci ou comme ça ».
Sais-tu quels sont les salaires pratiqués en IT pour un expert système et un chef de projet avec 15 années d’expérience ?
Cordialement.
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De kuroczyd
En complément de mon premier billet, et puisque on me la demandé, voici ma propre analyse des différences que lon peut trouver entre le marché de lemploi des TI à Paris et à Québec.
Je ne généralise pas à lensemble de la France puisque je nai jamais bossé en province, même si jy ai habité jusquà mes études. Tout comme je ne généralise pas à lensemble du Québec ni du Canada car pour linstant mon expérience de travail se résume à la ville de Québec.
Je pense que ce quil faut comprendre cest quau Québec, il y a une capitale administrative (Québec) et une capitale économique (Montréal). Ce qui nempêche pas de trouver des sièges sociaux du privé à Québec , ni des antennes du public à Montréal. Anyway (!), cest pas mal comme cela que sont organisées dautres provinces (Toronto vs. Ottawa en Ontario ; Vancouver vs. Victoria en CB :wink:.
Cette dichotomie a un impact direct sur le marché de lemploi et sur les « fiches de postes » des consultants TI.
1- La maitrise budgétaire des coûts informatiques, voulue par le GVT, me donne limpression que dun point de vue strictement TI, les administrations du Québec sont nettement moins modernes que leurs cousines française. Je pense que ici on va davantage se poser la question du ROI dun investissement, et que la décision de conserver un outil un peu désuet mais qui au final « fait pas mal la job » sera prise plus facilement quen France, où tout le monde a basculé dans le tout numérique et web 2.0. Je me souviens des versions des sites web du MICC (devenu MIDI) lorsque jai émigré en 2013. On aurait dit un site web de 2003 !
2- Les consultant externes, ne sont pas traités comme des stars. Bon jy vais un peu fort, mais en gros en France javais souvent limpression de débarquer sur un mandat car le client avait besoin de mon expérience/expertise car personne de son équipe ne lavais. Ici, on est plus considéré comme une ressource interchangeable. Ce qui me fait dire souvent que ma firme prétend faire du « service conseils » ce que jappellerai personnellement de lintérim. Ce sentiment est aussi lié au fait que lon me demande deffectuer des tâches mono-compétence et dappliquer les décisions prises en amont sans trop les challenger. Bref, tout lopposé de ma job en France ou jétais polyvalent, tantôt chef de projet, tantôt à définir la stratégie, tantôt à moccuper des essais, de la conduite du changement, de suivre les risques et les actions, de travailler pour une banque, une assurance, en interne dans mon cabinet de conseil sur le développement doffres, etc etc etc
Ce sentiment vient. Comme je lai dit dans un autre post, quen France jétais dans un cabinet de soi-disant stratégie/organisation et quici je suis plus dans un cabinet qui soccupe de réaliser le delivery. Car il ny a pas de cabinets de strat à Québec, enfin
3- Lorganisation du travail à Québec est très standardisée. Petit cours dhistoire : il y a plusieurs années, une firme de services-conseils (DMR) a développé une méthodologie projet (ainsi que toute une batterie de livrables) et la plupart des organismes travaillent toujours avec cette méthode. Javais connu un peu la même chose à la BNP qui était certifiée CMMI sur sa documentation projet. Reste quen France on a beaucoup plus de liberté rédactionnelle. On peut faire les choses un peu à sa sauce, à la bonne franquette ! Alors quici tout va être extrêmement documenté. Ce qui ne pose pas plusieurs difficultés dans ladoption des démarches AGILE !
4- La confiance. Je vais faire assez court sur ce point en disant quil faut apprendre à chacun à comprendre lautre (tant à limmigrant quà son employeur ou client). Et donc entant quimmigrant il faut prendre le temps de faire ses preuves. Venant de paris, on peut avoir lhabitude de travailler sur de beaux projets, étant donné le vaste éventail dentreprises denvergures mondiale qui y ont leur siège et qui confient bon nombre de projets aux firmes TI. En comparaison ici le projets sont plus « plates ». Je pense aussi que pendant la phase de « découverte » les employeurs ne confient pas à leurs nouveaux immigrants des projets à trop fort enjeux ou risque. Dun côté cest rassurant car on ne va pas se planter. De lautre cela peut être démotivant car rapidement on peut penser « Quoi, jai fait 6.000 kilomètres pour faire ca ? ». Cela mest arrivé et jai choisi loption de tout donner, ce qui ma permis, quelques mois plus tard de dire à mon employeur « Bon, vous mavez vu à luvre, je dépasse largement les attentes, donnez-moi un job à ma hauteur ». Et ils étaient parfaitement daccord et mont même filé 10.000 $ en plus J Si javais été carriériste avec une vision à court terme, jaurai pu dire « Basta, je rentre en France, votre expérience ne mapporte rien, vous me sous-utilisez et vos méthodes de travail sont archaïques ». Cest de cette manière quest entrain de réagir un de mes collègues français, arrivé en Février et qui, à part se plaindre, na, à mon sens, pas fait leffort de sadapter à sa nouvelle situation.
Pour terminer la description des différences entre les job IT en France et au Québec, je ferai une analogie entre les sports US et Européen :
Au soccer, un attaquant peut marquer un but, mais un défenseur aussi. Et parfois même le gardien de but. Le défenseur va défendre, mais si lattaquant ne fournit pas les efforts de premier repli défensif il va mettre sa ligne de milieu en péril. Bref, tout le monde sur le terrain est un peu polyvalent, tout en ayant des capacités spécifiques. Au Football US, jamais un quart-arrière ninscrira un touch-down, puisque son rôle est justement de fournir le bon ballon à un équipier le mieux placé pour inscrire le touch-down. Pire, selon que léquipe défende ou attaque, ce ne sont pas les mêmes gars qui sont sur le terrain. Il sagit dun sport de « spécialistes ». On peut en dire autant des consultants qui sont polyvalents en France et spécialistes au Québec (Amérique du nord ?).
Je me relis et je vois que jai dressé un tableau un peu noir de la situation. Il faut plutôt prendre cette analyse comme une description froide des différences. Il serait intéressant quun québécois parti travailler en France nous livre sa propre analyse. Surement nous aura-t-il trouvés brouillons, pas organisés, hautains voire agressifs lorsque les scuds fusent en réunion !
Cela serait aussi intéressant dobtenir lavis dautre immigrant travaillant dans dautres secteurs que les TI (restauration, infirmières, boulangers, gens daffaires). Ont-ils retrouvé un cadre de travail qui soit le copier/coller exact de ce quils connaissaient avant ? Le Québec leur parait-il être focussé sur lui-même, avec ses propres méthodes et hermétiques aux idées venues dailleurs ? Et si oui, est-ce un bien ou un mal ?
Bonne immigration à tous, mais surtout bonne INTEGRATION !
Post très intéressant et qui ne prête pas à polémique. Merci pour ce retour d’expérience instructif.
Comment sont perçus dans le milieu professionnel les français en IT au Québec tant au point de vue de leurs compétences et que de leur savoir-être ? La question est difficile car je suppose que personne ne vient te dire « Vous les informaticiens français vous êtes comme ci ou comme ça ».
Sais-tu quels sont les salaires pratiqués en IT pour un expert système et un chef de projet avec 15 années d’expérience ?
Cordialement.
Pour ta question sur » comment vous faites en France » ça va dépendre si tu parles de technique ou de processus. Côté technique, on peut éventuellement/possiblement te poser la question (et encore comme si en France la technicité était constante…), côté process, souvent l organisation français est perçue comme bordélique car tout le monde semble tout faire.
Pour ta question sur le salaire, cela dépendra plus de tes compétences que de ’15 années d expérience’. C est certain que le côté expérience va rentrer en compte mais en IT, c est soit tes compétences techniques soit organisationnelles qui rentreront en compte. Vu les différences de méthodologie, c est très peu probable que tu deviennes de suite ‘chef de projet’.
Tu peux regarder sur le site de imt Québec ou des sites d offres d emplois pour avoir une idée de fourchette pour tes compétences.
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De Hei
Concernant la méthodologie, on vous forme dessus, par exemple jpinho parlait de la méthode DMR très utilisée, je suppose que c’est le Macroscope.
Pour ce qui est des salaires un consultant senior donc expert c’est +80k mais c’est toujours en fonction des compétences et de l’expérience parce que les conseillers mettront toujours leur cv d’entreprise à jour où ils détaillent toutes leurs missions autant dire que ça en fait des pages.
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