L’arrivée
Ecrit par: Redflag le 9/8
L’arrivée fut un étrange sentiment. Je n’étais pas très à l’aise. Déjà dans l’avion, quelques idées du style – « tu es complètement fou », « que fais-tu dans cet avion ? » – m’avaient traversé l’esprit. En survolant le territoire des Newfies (Terre-Neuve), je me dis que si l’on s’écrasait, on ne ferait pas d’autres victimes que nous ! Le blanc s’étalait à perte de vue et, le jour baissant, quelques rares lumières commençaient à briller. Deux ou trois routes se dessinaient et se croisaient, vides. Habitué au maillage serré de la France vue d’en haut, je me dis pour me rassurer qu’au moins, il y avait de la place pour tout le monde !
Une fois à l’aéroport de Dorval, que je trouvai bien vieillot, je passai les formalités douanières. Je devais être logé chez l’habitant, mais serait-il au rendez-vous ? La perte momentanée d’une valise par les bagagistes rallongea l’attente et fit monter l’adrénaline. Tandis que l’inquiétude me gagnais, je pus, l’espace d’une ouverture des portes automatiques, l’apercevoir et lui faire des signes. Il me vit. Il était là. Ouf !
Tranquillement, on rejoignit sa maison, dans le quartier Ahuntsic. Tout était déjà différent : les autos, la signalisation routière, les abris à neige devant les maisons, l’intérieur de la maison. Je passai une bonne soirée, et je m’endormis finalement avec la sensation d’être sur un autre planète.
En sortant tôt le lundi matin pour me rendre à la semaine « d’intégration », l’atmosphère était toute aussi irréelle : la température extérieure était celle d’un congélateur domestique, et pendant que je rejoignais l’arrêt de bus, seul le craquement permanent de la glace sous mes chaussures inadaptées se faisait entendre. En regardant ce nouveau monde aux conditions climatiques si différentes, j’eus la pensée suivante : « tu en as rêvé ; tu y es ; fais-le ! ».
Seb « Redflag »
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