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Le charme discret d’Ottawa

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Le charme discret d’Ottawa

laurence Ecrit

Bonjour,

Le Courrier international qui chaque édition nous présente des articles toujours fort intéressants du monde entier…en français, nous parle de Ottawa… l’ennuyeuse ?

Un article traduit en français du The Sunday Telegraph de Londres :
www.courrierinternational.com/voyag…

Courrier international – n° 683 – 4 déc. 2003

Voyage

LA PLUS PROVINCIALE DES CAPITALES – Le charme discret d’Ottawa la blanche

Ennuyeuse, cette ville de ministères et d’ambassades ? C’est sa réputation. Elle a pourtant séduit l’écrivain-voyageur Jan Morris, qui a pris goût à cette “capitale du compromis” à l’humour tranquille et au biculturalisme épanoui.

Au début, avec sa rivière glacée qui serpente entre ses tours pointues et granitées, Ottawa me faisait penser à Stockholm. Puis, par un après-midi de grand vent, sur Confederation Square, une odeur de frites venue d’un stand ambulant m’a chatouillé les narines et, l’espace d’un instant, je me suis crue à Aberdeen. Mais la plupart du temps, j’avais l’impression d’être à Cetinje.
Pourquoi Cetinje ? Jusqu’au XIXe siècle, Cetinje n’était qu’un petit village perdu dans les montagnes du Monténégro, puis les princes locaux décidèrent d’en faire la capitale de leur pays. Ils y firent bâtir un palais, un opéra, de somptueuses galeries marchandes et un imposant monument aux morts, puis ils firent venir tous les émissaires du pouvoir. En un rien de temps, la ville fut inondée de dignitaires. Les souverains réussirent à se marier avec des têtes couronnées influentes d’Europe et eurent une grande emprise sur la petite ville, immortalisée dans Le Prisonnier de Zenda [film de Richard Thorpe, 1952] comme la capitale de l’indestructible royaume de Ruritanie.
Loin de moi l’idée qu’Ottawa ressemble à un décor d’opéra comique, c’est la capitale la plus digne et la plus sobre qui soit. Toutefois, malgré sa réserve caractéristique, je la trouve presque aussi exotique que Cetinje, aussi isolée, aussi irréelle, aussi riche en apparats métropolitains, héros locaux et bâtiments administratifs et diplomatiques.
Aucune ville balkanique, même à moitié mythique, n’est aussi déroutante qu’Ottawa. Si vous vous arrêtez au beau milieu du pont Alexandra, qui enjambe la rivière des Outaouais au coeur de la ville, il se peut que vous éprouviez une sensation troublante : vous ne saurez plus vraiment dans quel endroit du monde vous vous trouvez. Avant de bouger d’un pouce, prenez garde ! Votre pied gauche est fort probablement soumis à la common law familière à tout voyageur anglophone, alors que votre pied droit est soumis au code napoléonien. Si un policier s’approche de vous par l’ouest afin de vous dresser une contravention pour flânerie sur un lieu public, attendez-vous à ce qu’il vous parle français. S’il arrive de l’est pour vérifier que vous n’êtes pas en train de préparer un acte de sabotage, préparez-vous à parler anglais.
De par votre pied droit, vous dépendez de plusieurs organes législatifs et de par votre pied gauche de plusieurs autres. Vous devriez voir au moins trois drapeaux flotter autour de vous car, autant que je me souvienne, vous êtes sur un territoire régi par le gouvernement fédéral canadien, par les gouvernements des provinces de l’Ontario et du Québec, par la Commission de la région de la capitale nationale, par les communautés régionales d’Ottawa-Carleton Place et de l’Outaouais, par les municipalités de Gatineau [226 000 habitants, dont ceux de l’ancienne ville de Hull] et d’Ottawa [323 000 habitants] et par une bonne dizaine d’autres conseils et commissions dont je n’avais jamais entendu parler.
A bien des égards, rien n’est plus contraignant pour Ottawa que le fait d’être une capitale. Elle doit refléter les moeurs et les styles de l’ensemble du pays ; or s’il y a une chose qui caractérise le Canada, c’est que – bien malgré lui – ce n’est pas le pays d’une seule identité. Les particularismes britanniques d’Ottawa disparaissent à vitesse grand V, me répètent ses habitants, supposant naïvement que j’ai une opinion sur le sujet. Pourtant, l’église Saint-Bartholomé de New Edinburgh, une ravissante petite église anglicane où le gouverneur général [qui représente la couronne britannique] vient traditionnellement se recueillir, laisse plutôt penser le contraire. Cette église me semble tout autant dédiée à la monarchie britannique qu’à Dieu. Un banc armorié est réservé au gouverneur général, drapeaux et écussons flottent en pagaille, le cloître est truffé de portraits de nobles et de généraux, et des photographies dédicacées des membres de la famille royale – comme celles que l’on voit plutôt trôner sur les pianos à queue de résidences d’ambassadeurs – ornent l’entrée de l’édifice.
Mais bien que les immeubles de bureaux soient eux aussi armoriés, il règne un fort sentiment républicain dans la capitale. Tandis que la vieille influence britannique s’étiole, le magnétisme du « Sud », lui, est implacable. Tel un poste de surveillance, l’ambassade américaine se dresse juste en face du portail d’entrée du Parlement, avec son toit surmonté de la bannière étoilée et sa palissade destinée à décourager les conducteurs de voitures piégées qui auraient l’idée de foncer sur le bâtiment. L’aspect dominateur de cette ambassade est flagrant, mais il n’est pas déplacé puisqu’il n’y a pas une facette de la ville, pas une attitude, pas une opinion, pas un menu de restaurant qui ne soit influencé par la présence du grand voisin méridional.
Les Etats-Unis sont à deux pas d’Ottawa et cette proximité se fait fortement ressentir, comme si un colossal deus ex machina planait à l’horizon. Les personnels de l’administration possèdent une maison de vacances en Floride (« dans le Sud », comme ils disent) et la moitié des gens que j’ai rencontrés revenaient de Washington ou étaient sur le point d’y partir. Ils me font penser à des fidèles effectuant d’incessants pèlerinages, d’autant que certains parlent de leurs expériences avec une solennité quasi révérencielle. Les habitants d’Ottawa n’ont cependant rien d’américain ; je les trouve au contraire très canadiens dans leur façon d’être.
Un soir, je me suis rendu dans une « cour de la citoyenneté », où les nouveaux arrivants ayant rempli toutes les formalités prêtent serment pour devenir des citoyens canadiens. A une extrémité de la vaste salle, des tables de réception avaient été dressées ; autour d’elles, des enfants turcs jouaient bruyamment alors que des musiciens croates répétaient un morceau de musique. Un Tibétain proposait du thé et des boulettes de viande tandis que des femmes portant des tabliers de paysannes mangeaient des sandwichs d’un autre âge. A l’autre extrémité, sur une estrade, un représentant de la police montée se tenait immobile dans son plus bel uniforme, tandis qu’une représentante du gouvernement vêtue d’une toge et d’une collerette blanche accueillait ses futurs concitoyens avec une affabilité excessive.
Un à un, ils se sont rendus sur l’estrade afin de prêter serment d’allégeance au monarque d’outre-Atlantique. Les immigrants venaient de quinze pays, de la Pologne à la Chine. Tout le monde souriait, et les mathématiciens comme les femmes au foyer applaudissaient avec enthousiasme. Une fois qu’ils furent tous passés, devenant ainsi « membres de la famille canadienne à part entière », pour reprendre les termes de la dame en toge, les nouveaux citoyens canadiens se sont préparés à passer leur dernier test d’aptitude à l’intégration au Canada, qui consiste en une démonstration folklorique.
J’en ris mais j’ai été profondément touchée, et tout en filant à l’anglaise avant que le premier coup de cymbales libanaises ne retentisse, j’ai vraiment souhaité que tous ces gens pleins d’espoir réalisent leur rêve. En fait, le cosmopolitisme discret d’Ottawa est un enchantement. C’est une capitale vraiment biculturelle maintenant. Lors de la soirée de clôture du festival du livre d’Ottawa à la Bibliothèque nationale, je me suis rendu compte, à ma grande joie que deux littératures, anglophone et francophone, étaient conjointement célébrées. Le prix de l’oeuvre non romanesque a été remporté par un Québécois, un homme charmant et joyeux qui m’a raconté avoir passé la plus grande part de sa vie à faire de la prison ou à l’éviter. Il n’a même pas cherché à savoir si je parlais français – un soulagement quand on a affaire à un cambrioleur de banques francophone doté de talents littéraires.
Cela fait cent ans qu’Ottawa a acquis son statut de capitale, et elle n’a pas pour autant perdu son côté comme il faut, timide, discret, conventionnel, sensible, charmeur. Ce ne sont pas les occasions de faire la fête qui manquent, mais plutôt un certain panache. La ville possède un humour tranquille, elle est chaleureuse, incorrigiblement modeste et s’obstine à rester si digne que même ses drapeaux semblent flotter avec retenue.
Comme partout ailleurs, les mesures de sécurité ont été renforcées, mais de manière conviviale, comme s’il fallait s’en excuser. Lors d’une manifestation politique, une femme tout de jaune vêtue armée d’un appareil photo m’a annoncé sans complexe qu’elle faisait partie de la police et que ses clichés allaient être archivés. Ses collègues – des policiers en civil cachés dans des manteaux aux cols relevés dignes de la CIA – auraient pu porter l’uniforme sans que cela ne fasse de différence. (« Vous vous cachez vraiment partout », leur a lancé un policier en tenue plein de tact.)
Les manifestations font partie intégrante de la vie à Ottawa. Sur la colline du Parlement, il y en a une toutes les dix minutes. Celle-ci était dirigée contre la politique américaine mais elle n’était pas bien méchante et les manifestants ont été facilement tenus à distance de l’ambassade américaine par les forces de police. Quatre ou cinq manifestants se sont tout de même détachés du cortège pour tenter d’approcher l’ambassade par le flanc. Voici les quelques mots qu’ils ont échangés avec les policiers qui les ont interceptés :
Policier : « Est-ce que vous faites partie du cortège, qui, comme vous le savez, n’a pas le droit d’approcher l’ambassade américaine ?
Manifestant : Non monsieur, nous sommes juste des citoyens canadiens désireux de faire valoir leur droit de circuler librement.
Policier : Alors que faites-vous avec cette pancarte ?
Manifestant : Oh, c’est juste la transcription de mon point de vue de citoyen canadien.
Policier : Je vois. Eh bien circulez, alors.
Manifestant : Merci monsieur.

—————–

scanlolo Ecrit

Bonsoir,

J’ai habité 3 mois à Gatineau (il y a fort longtemp) et je n’ai pas le souvenir d’Ottawa comme d’une ville plate mais plutôt vivante avec entre autre le festival de jazz. Le seul point négatif concerne les heures de fermetures trop tôt des restaurants et bars, cela permet aussi de finir les soirées (et les nuits) de l’autre coté de la riviére au Québec !!

A+

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pecketottawa Ecrit

Ottawa la mal aimée, cela a toujours été, mais cela change doucement.

On entend toujours que c’est la ville des fonctionnaires, c’est la ville des députés et elle se vide à 5 heures pour faire place à la solitude.

Rien de plus faux.

Cela est simpliste. Il ne faut pas oublier les nombreux parcs, remplis de magnifiques statues, les bâtiments de différents styles, le marché By qui accueille en été comme en hiver de nombreux touristes mais aussi les habitants de la région qui veulent rencontrer du monde dans les dizaines de retaurants. N’oublions pas les musées, les spectacles au centre national des arts (musique classique, francophone, danse), le centre Corel ou les grandes vedettes se présentent à leur public, sans oublier les matchs de Hockey de la ligue nationale (Équipe des Sénateurs).

La ville se veut de plus en plus active, ce jeudi soir c’est le début des illuminations de fin d’année du quartier du parlement (jusqu’au 15 janvier), on prépare déjà le bal de neige pour fin janvier, le canal commence à geler et avec la fine neige tombée cette nuit on a déjà l’impression qu’il est praticable pour les sports de glisse, (vue de la fenêtre de mon bureau). Au printemps on attend le festival des tulipes et tellement d’autres choses à faire dans cette grande capitale.

Alors non Ottawa est pas triste, elle vit dans son identité culturelle de ville bilingue, et de capitale multiculturelle.

Et je ne voudrais pas changer de coin.

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