De Ensaimada
Guide 101 du travail au Québec
Le ministère de l’Immigration entend ajouter une formation sur le monde professionnel québécois dans les cours de francisation offerts aux nouveaux arrivants
Mélissa Guillemette 19 février 2011 Actualités en société Photo : Jacques Nadeau – Le DevoirLe Québec fait figure de cancre au Canada en matière d’intégration professionnelle des immigrants.
Un guide 101 du travail au Québec. C’est ce que le ministère de l’Immigration du Québec compte intégrer dans les cours de français offerts aux nouveaux arrivants à la fin de 2011. Une mesure vue comme un outil d’intégration par le ministère, l’insertion professionnelle des nouveaux arrivants étant au Québec parmi les plus difficiles au Canada.
Le Québec fait figure de cancre en matière d’intégration en emploi des immigrants, comme l’a révélé une étude du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations publiée en avril dernier. Le taux de chômage des nouveaux arrivants est de 11,4 % supérieur à celui des Canadiens de naissance, contrairement à 5 % en Colombie-Britannique et en Ontario, deux autres fortes provinces d’accueil. Quelques jours plus tard, on apprenait que le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC) abolissait 30 classes de francisation à temps plein, sur 300, dans le cadre des compressions imposées par le dernier budget de Québec. Aïe!
L’automne dernier, le ministère lançait toutefois un projet-pilote dans trois cégeps de la région de Montréal, dans lesquels un épais document de formation sur le monde du travail à la québécoise a été intégré à l’enseignement dans les classes de francisation du niveau le plus avancé. Il s’agit certes d’une petite mesure, reconnaît le ministère, mais elle ne peut qu’aider les immigrants.
Cette formation, nommée «S’adapter au monde du travail québécois — vivre ensemble au Québec» était déjà offerte gratuitement dans des centres d’aide à l’emploi, sur une base volontaire, depuis mai 2009. Environ 12 200 personnes ont participé à ce cours de 24 heures ces deux dernières années. «Mais en intégrant cette formation à la francisation, on vient rejoindre beaucoup plus d’immigrants, explique Anne-Frédérique Laurence, du MICC. On sait qu’à leur arrivée au Québec, c’est moins facile pour eux . Cette formation les prépare à un nouvel environnement.» On pourra multiplier par deux le nombre de personnes qui suivront la formation chaque année. L’ajout n’enlèvera aucun contenu concernant l’apprentissage du français, précise Mme Laurence.
La formation aborde tous les aspects du travail au Québec, du syndicalisme aux pratiques de gestion, jusque dans les comportements à adopter. Si un collègue de travail est gravement malade à l’hôpital, que doit-on faire? Plusieurs Néo-Québécois pourraient choisir de se présenter en personne à son chevet, alors qu’ici, on favorise plutôt la carte de souhaits envoyée par la poste. «On a une bonne réponse des classes participantes», indique Anne-Frédérique Laurence.
«Tant mieux»
Une formation sur le monde du travail intégrée dans tous les cours de francisation? «Tant mieux», dit le fondateur du Service d’orientation et d’intégration des immigrants au travail de Québec, Babakar-Pierre Touré. Il assure que de nombreux immigrants perdent leur emploi — après l’avoir souvent longtemps cherché — pour de simples questions de différences culturelles mineures. «Quand on parle des relations interpersonnelles, des choses simples peuvent choquer les Québécois!» Il cite l’exemple de cet immigrant qui voulait tout faire par lui-même, sans poser de questions. Ou celui de cet employé qui travaillait même pendant ses jours de congé, s’attirant les critiques de ses collègues. Quelques heures passées à étudier les valeurs québécoises propres au travail auraient pu éviter bien des congédiements ou des démissions, croit M. Touré.
Surtout que les nouveaux arrivants sont généralement très curieux de découvrir les différences culturelles, selon l’homme qui donne des formations «d’arrimage culturel» à une centaine d’immigrants chaque année.
Le professeur de relations industrielles spécialiste des politiques publiques en matière d’emploi à l’Université Laval, Kamel Béji, ne croit pas que le choc des valeurs soit le premier obstacle expliquant la difficulté des immigrants à trouver un emploi et à le conserver. Le problème de la reconnaissance des diplômes et des compétences est plutôt à l’avant-plan.
M. Béji estime cependant qu’une formation sur le travail au Québec peut favoriser le bon déroulement des entrevues, par exemple, ou des relations au boulot. «Ce serait très bien parce qu’une des choses que les immigrants eux-mêmes et les employeurs identifient comme étant une difficulté, c’est l’intégration dans la culture des ressources humaines québécoise.» Comment le professeur Béji définit-il cette culture du travail au Québec? «C’est une culture de la rationalité. Il n’y a pas beaucoup de place pour les émotions, ici, on est plutôt productivistes. Dans la plupart des pays d’où viennent les immigrants, les pays en voie de développement, l’émotion est au coeur du travail.»
Il précise que le décalage culturel qui mène au congédiement d’un nouvel arrivant peut être la responsabilité autant de l’employeur que de l’immigrant. «Des formations sur la gestion de la diversité existent pour les gestionnaires!»
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Quelques éléments au programme
Si un représentant d’un employeur vous appelle, il s’attend à ce que vous acceptiez de façon non équivoque si on vous propose une date d’entrevue.Le premier jour de travail, l’employeur s’attend à ce que l’employé prenne l’initiative de parler des difficultés qu’il éprouve, plutôt que d’attendre que quelqu’un s’en rende compte.Les Québécois communiquent généralement de façon plutôt directe. Ils gardent habituellement une certaine distance physique entre eux et leur interlocuteur, démontrant ainsi leur respect de l’espace personnel de l’autre.En entreprise, l’essentiel de l’apprentissage se fait sur le tas.Au Québec, le temps est vu comme linéaire: l’idéal est de finir un projet un peu plus tôt que la date d’échéance.Le dirigeant est accessible, c’est une personne comme les autres.Évitez l’argumentation répétitive ou trop émotive.Vous verrez souvent vos collègues être obligés de partir rapidement à la fin de la journée, parce qu’ils doivent passer à l’école chercher leurs enfants ou ceux de leur conjoint.Si vous ne comprenez pas bien le sens d’une expression typiquement québécoise, demandez qu’on vous l’explique. Exemple: Être en beau maudit signifie être furieux. La compétition est valorisée.
source : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/317214/guide-101-du-travail-au-quebec
Voilà qui est bien beau, mais ils auraient pu y penser avant. De toute manière, tant que la reconnaissance des diplômes et la non-expérience du marché du travail québécois poseront problème, le fait de savoir que des collègues partent rapidement le soir chercher leurs enfants à la garderie ne changera pas grand-chose.
L’important, c’est de trouver ce fichu premier travail !
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De Peaceman
Ces mesures n’adresse pas les 2 principaux problèmes pour les immigrants à se trouver un emploi au Québec soit la non-reconnaissance de beaucoup de diplômes acquis hors-Québec et les critères d’immigrations inadaptés du gouvernement du Québec par rapport aux exigences du marché du travail québécois. Le gouvernement du Québec a négocié une reconnaissance des diplômes avec la France, cette entente de reconnaissance des diplômes doit maintenant être étendue à tous les pays du monde qui envoient des immigrants au Québec… Ensuite les critères d’immigration au Québec doivent changer, c’est-à-dire que le gouvernement du Québec établisse une liste de métiers en demande sur le marché du travail du Québec et que la sélection des immigrants se fassent en fonction de cette liste… comme ça existe déjà au gouvernement fédéral. Ça, ça va être beaucoup plus efficace…
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De Sammi
On a l’impression que la carotte se fait agiter sous le nez du cheval, sans qu’il puisse l’atteindre pour autant
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