Les enfants d’immigrés réussissent mieux
grizzli
9-01-2008 à 8:16
Les élèves les plus performants de tout le Québec sont ceux qui sont nés au Canada de parents immigrés ou dont la langue maternelle n’est ni l’anglais ni le français.
Ces immigrés dits «de deuxième génération» réussissent non seulement mieux que les élèves nés à l’extérieur du pays (dits «de première génération») mais aussi par rapport à tous les autres Québécois. Ils sont moins nombreux à redoubler au début du secondaire et à quitter les bancs d’école. Mieux, ils sont plus nombreux à obtenir un diplôme (79% contre 72% des Québécois sept ans après leur entrée au secondaire), révèle un nouveau rapport du ministère de l’Éducation qui a épluché, sur 10 ans, le parcours scolaire des 103 372 élèves inscrits en première secondaire en 1994-1995.
«Les immigrants admis au Canada ont généralement un haut niveau de scolarité et sont ainsi bien outillés pour aider leurs enfants. Mais c’est aussi une question de valeurs. Ils donnent beaucoup d’importance à la réussite scolaire. Ils savent que la bonne intégration de leur enfant en dépend et vont bien l’encadrer à la maison», observe Reginald Fleury, conseiller pédagogique en relations interculturelles à la Commission scolaire de Montréal.
Des variations importantes
Les succès varient toutefois de façon importante d’une nationalité à l’autre. Les élèves les plus assidus de tous sont originaires du Moyen-Orient ou d’Asie orientale: leur taux de réussite frise les 80%, sept ans après leur entrée en première secondaire, contre 72% pour les autres Québécois. Ces bons résultats tirent vers le haut la moyenne des autres immigrés. Les enfants nés ou dont les parents sont nés en Amérique centrale éprouvent plus de difficultés: à peine 51% ont obtenu un diplôme secondaire au cours de la même période. Ce pourcentage chute à 43% pour la région des Antilles et Bermudes.
Dans ces conditions, le ministère de l’Éducation n’a pas lieu de se réjouir de l’intégration des immigrés dans le système scolaire québécois, observe Pierre Toussaint, professeur à l’Université du Québec à Montréal. La situation, dit-il, est particulièrement critique pour les nouveaux arrivants. Les immigrants de première génération sont nettement moins nombreux à obtenir un diplôme (59% après 7 ans d’études, contre 72% pour les autres Québécois) et redoublent plus fréquemment que tous les autres élèves. «Si l’on se contente des bons résultats des immigrants de deuxième génération sans se préoccuper des autres, c’est que l’on accepte de sacrifier toute une génération», dit M. Toussaint. Ces jeunes représentent la moitié des immigrants inscrits dans les écoles du Québec.
«À leur arrivée, les enfants vivent un choc culturel qui peut compromettre sérieusement leur réussite. De même, leurs parents peuvent avoir du mal à trouver leur place dans l’organisation scolaire et le lien avec l’école sera alors très difficile à établir», explique Yamina Bouchamma, professeure à l’Université Laval, auteure d’une enquête sur les facteurs déterminant la réussite scolaire des immigrants.
La situation tend à se corriger avec les années, mais Pierre Toussaint s’inquiète du sort des communautés noires, dont les taux de réussite restent très faibles. Règle générale, les enfants y grandissent dans un milieu socioéconomique plus défavorisé que la moyenne des Québécois, un facteur déterminant de la réussite scolaire. «Il faut mener davantage d’actions ciblées pour soutenir les groupes les plus à risque», dit M. Toussaint.
Par ailleurs, cette étude confirme que le cégep a la cote auprès des immigrés, surtout s’il est anglophone. Ils sont 10 fois plus nombreux que les autres Québécois à entreprendre leurs études en anglais au collégial et ce, même s’ils ont étudié en français au secondaire.
http://www.cyberpresse.ca/article/20080109…30/CPACTUALITES
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