Les français et le français, favorable ou obstacle à l’intégration
Ecrit par: dufferin2005 11-11 à 11:17
Au grés des post du forum, des émissions du caribou déchainé, des expériences rapportés de chacun sur les rapports Français/Québecois, il m’est venu la réflexion suivante : est ce que finalement la langue commune ne pourrait pas être un obstacle à la réussite de l’immigration.
Je m’explique, et je ne souhaite pas que ce sujet soit source de polémique.
Il y a, c’est incontestable, une différence de mentalité entre le québec et la france, l’une est l’amérique du nord, l’autre est, j’allais dire européenne, mais en fait elle est uniquement française, sans porter de jugement de valeur sur ce qui est mieux ou moins bien, c’est un constat, après aux français qui s’installent à s’adapter.
Et si cette adaptation n’est pas aisée, ou si l’état d’esprit dudit français est par trop marqué par le « maudit », là peut intervenir la communauté de langue comme obstacle.
Moi j’ai vécu quelque temps en amérique du nord, anglophone, et sans pouvoir avoir la prétention de dire que je me suis adapté, je n’ai jamais vraiment eu de difficulté, mais il est certain que j’ai pu parfois utiliser des propos, ou des modes de réflexions qui ne devaient pas convenir. Mais mon anglais n’étant pas de très grande qualité, il m’a semblé que ce manque de maîtrise de la langue et donc de précision dans l’expression de ma pensée, m’accordait un doute favorable, de l’indulgence. (aussi par ce que je n’avais peut être jamais été insupportable dans la majorité de mes interventions).
Alors que le fait de parler une langue commune, ne permets pas, même et surtout dès la première expression d’un mode de pensée « trop » français de laisser le doute à son interlocuteur nord américain, en sorte que la sanction peut être immédiate.
Ce qui est dit ne pourrait être perçus comme une maladresse de langage, mais bien comme l’expression d’un état d’esprit différent.
La langue étant maîtrisée, il ne peut y avoir de doute sur la nature de ce qui est exprimé.
Qu’en pensez vous?
Bon je ne sais pas si je suis suffisement clair, mais je peut préciser les points d’ombre.
La réflexion du 11 novembre, j’aurai peut être mieux fait de dormir…
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Ecrit par: Petitblanc 11-11 à 11:38
Salut dufferin2005,
je trouve assez intéressant ce que tu viens d’écrire (c’est sur que tu risques de développer la polémique : c’est notre sport à nous français…) et je suis pas loin de penser comme toi.
A partir du moment ou globalement nous parlons la même langue les erreurs d’interprétation ne peuvent être que difficilement tolérables, et donc notre mode de pensée européen et plus particulièrement français apparait tel qu’il est, et certainement tel que l’on veut qu’il soit : c’est le propre du langage!
Par conséquent, il en résulte donc que pour s’adapter il ne faut pas faire attention à notre langue mais revoir notre mode de pensée et surtout notre façon de le dire puisque l’on a plus le droit à l’erreur .
On a quand même l’avantage de pouvoir demander du « sel » à son voisin sans se voir donner le « poivre », ça laisse du temps pour la réflexion…
Alors avantage ou inconvénient????
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Ecrit par: LoneWolf 11-11 à 11:38
Je pense que parler francais courement est un atout de valeur pour l’integration au Quebec, cependant je suis de l’avis que sur le plan professionel, l’anglais est indispensable pour certaines prefessions.
Quant a la facon de voir les choses et « le body language » il y’a des differences, mais aussi des ajustements que tout immigrant fait jusqu’a trouver son propre style en fonction du milieu social et professionel. Cependant il ne faut pas abuser d’expression locales a moins qu’elles deviennent vraiment des reflexes. Immiter pour innover est OK!
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Ecrit par: Zogu 11-11 à 12:03
Je crois qu’au-delà des mots, l’intonation compte pour beaucoup.
Si on ne peut avoir un vocabulaire parfait ou des phrases bien foutues, on devrait au moins travailler au maximum l’intonation et le langage corporel. J’ai connu des Roumains qui parlaient français avec un accent terrible. Mais ils complétaient si bien avec la pantomime et une intonation très appuyée, qu’on arrivait même à échanger des mots d’humour. Même chose avec la stagiaire Colombienne au labo; elle se faisait comprendre sans ambiguité, malgré sa maîtrise limitée du français québécois.
Faites un test: Essayez de parler à tout le monde, pendant une journée, sans intonation aucune et sans bouger la tête ou les bras. La neutralité totale. Eh bien, il risque d’y avoir des malentendus ou au moins un gros malaise. Et toute forme d’humour serait à proscrire. essayez d’être ironique, juste pour voir!
Mais même dans une même langue, l’intonation diffère d’une place à l’autre. En France le débit est rapide, le timbre de voix est plus aigu et le ton, plus « martelant » qu’en Belgique par exemple. Au Québec on parle beaucoup, on gesticule et on s’attend à certaines réactions de la part de l’interlocuteur. Si un Québécois vous raconte quelque chose qui lui est arrivé, il faudra (par respect) que vous preniez un air surpris ou impressionné, « Ah ouais? » ou « Wow! ». Un « Ouais bof » blasé ne passera pas.
Et en parlant d’expressions locales, il me vient à l’idée cette scène du film Star Trek IV, où le capitaine Kirk débarque (après un voyage dans le temps) sur la Terre du 20e siècle. Il bouscule sans faire exprès un gars dans la rue.
Le gars: « Enfoiré de mes deux! »
Kirk de répondre: « Euh… Euh… Enfoiré de mes quatre!!! »
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Ecrit par: meiji 17-11 à 9:38
Marrant !!
Dufferin, je vois ce que tu veux dire … en fait, je me pose un peu la même question … par exemple, il y a des « faux amis » entre le français du Québec et le français de France : chialer (FR pleurer ou QC râler), brailler (QC pleurer, FR hurler), gueuler (FR parfois « protester », mais en général « crier », QC « protester ») … y en a d’autres, mais je sais plus. Bien sûr, ce sont de petites subtilités pas bien graves, et puis le « contexte » aide aussi à comprendre.
Un non francophone sera peut-être plus intuitif et instinctif qu’un Français qui est sûr d’être compris des Québécois, puisqu’on est tous cousins !
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Ecrit par: stadak 17-11 à 13:35
Si un « Français » (un Belge ou un Suisse pourrait tout aussi bien se retrouver classé dans cette « catégorie » sans s’en rendre compte) a un problème d’intégration au Québec plus qu’ailleurs en Amérique du Nord, c’est trè sprobablement parce qu’il est accueilli avec des idées péjoratives reçues ou parce que son comportement correspond auxdites idées.
Pareillement, par les temps qui courent, je parie fort que les Français ne doivent pas très bien s’intégrer dans les états les plus wasp du Redneckland profond.
Ceci dit, s’il a des bien sûr des différences culturelles importantes entre la France et le Québec, il y a aussi un bagage culturel commun non négligeable qui offre des avantages.
Nous partageons beaucoup de canaux d’information communs. Les Québécois ont une certaine idée de ce qui se pense en France, de ce qui s’y passe, de ce qui s’y écrit, de ce qui s’y dit. Autant de repères qui peuvent à mon avis servir un Français, s’il sait les utiliser correctement.
Correctement, ça peut vouloir dire que l’immigrant français, situons-le à titre d’exemple dans une conférence avec 9 collègues québécois, devrait probablement suggérer une idée avec une approche du genre « je ne sais pas si vous avez déjà entendu parlé du produit X, qu’on connait bien en France, mais on a eu de bon résultats en l’utilisant – Peut-être que ça marcherait au Québec » plutôt qu’une approche du genre « Si vous utilisiez le produit X au Québec comme nous en France, vous n’auriez pas de problème ! ».
C’est une question de nuance.
Au Québec , les immigrants francophones ont la possibilité de nuancer leurs propos, et donc leurs idées, à un degré qui échappe forcément à la majorité des non-francophones, et qui leur échapperait dans un univers linguistique mal maîtrisé. C’est le but permier d’une langue: échanger des idées, des informations. Ne l’oublions pas.
Être protégé de nos faux pas par une mauvaise maîtrise d’un outil de communication n’est pas à mon avis un abris très efficace.
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Ecrit par: laurence 17-11 à 14:21
Bonjour,
Quel beau sujet que voilà !
C’est un sujet primordial pour son adaptation au Québec. Le fait que les Français parlent « officiellement » la même langue que les Québécois est souvent source de problèmes. Au Québec ou en France, la même attitude, la même phrase peut avoir deux significations différentes. Faut pas tomber dans la parano tout de même mais je pense que la meilleure façon de s’en sortir c’est de tenter de prendre un peu de recul et de ne pas juger tout de suite.
Je pourrais même dire que ce piège est facile pour les Français, Belges et francophones du monde entier qui pensent parce qu’ils parlent la même langue que les Québécois, toutes les phrases ou tous les mots veulent dire la même chose. C’est le piège numéro 1 en effet !
Différence au niveau du comportement. Un Exemple : il est bien vu en France d’avoir une opinion sur tout ou presque au Québec c’est un peu le contraire. Les gens ne vont pas s’enliser sur un sujet glissant qu’ils ne posèdent pas. Ainsi un Français peut trouver bien « insignifiant » un Québécois qui affirme tout bonnement qu’il n’ a pas d’opinion sur tel truc ou telle chose. J’ai l’impression qu’en France parfois, ne pas avoir d’opinion sur un peu tout, c’est être interprèté comme être un peu stupide, non ?
Au Québec, quelqu’un qui a une opinion sur tout (même si il ne sait pas trop réellement) est plutôt percu comme un « ti-joe-connaissant », un donneur de leçons si vous préférez.
Différence au niveau linguistique. Imaginez cette scène « véridique » en France il y a quelques années. Une amie québécoise va manger chez des amis français dans le sud de la France lors d’un séjour dans l’hexagone. Lors du souper…heu dîner…elle mange la spécialitée de son ami devant toute sa famille et lui dit : « Mais ta bouffe elle est écoeurante ! ». L’ami est tellement étonné, ne connaissant pas le sens de l’expression au Québec, reste bouche bée. Toute la famille écoute sans répondre. La p’tite québécoise répète plusieurs fois, « c’est écoeurant ! » lors du repas, son ami pense de plus en plus que ça doit pas être si négatif que cela mais il ne va pas plus loin puisqu’il est en présence de toute sa famille. Le lendemain matin, l’ami revient sur l’affaire : « Mais pourquoi disais-tu hier soir que c’était écoeurant ? Tu semblais appréciée, non ? ». La Québécoise : « Mais c’était écoeurant », elle a toujours pas compris qu’il y a un quiproquo là. Son ami : « Mais écoeurant pour toi, c’est positif ?? » La Québécoise : « Ben oui, c’était super bon !! ».
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Ecrit par: Nanak 18-11 à 7:54
Ou lorsqu’on dit « Tu m’étonnes… » à un interlocuteur, un ami quebecois se demandait bien ce qu’il y avait d’étonnant en ses propos.
Une fois je suis alléee courir, la neige était un peu gelée, la propriétaire m’a dit: « vous inquiétez pas ils ont mis des rochers sur la glace cette nuit », c’est à dire des graviers.
C’est magnifique de découvrir un langage si imagé et surtout si volontaire à traduire mot à mot certaines expressions anglaises.
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Ecrit par: Vinny 18-11 à 10:37
Anyway, on n’a pas besoin de traverser l’Atlantique, voire une frontière pour constater qu’il y a divergence dans certain(e)s mots ou expressions ; d’une région à l’autre (à l’intérieur même d’un pays), on n’est pas toujours sur la même longueur d’ondes…
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