Les Mains dans le Fromage
Ecrit par: Curveball
Après de multiples pélerinages dans les Cantons de l’Est, nous avons fini par devenir des fidèles de l’abbaye de Saint-Benoît-du-Lac. Non pas que nous comptons rentrer dans les Ordres ou que nous avons des choses à nous faire pardonner, mais suivant la règle monastique Bénédictine, un vrai moine vit du travail de ses mains (œuvre de création), notamment en produisant des fromages divins, à partir de lait de chèvre et de vache. Ils assurent aussi leur subsistance grâce à un verger, une cidrerie et une ferme (et quelques dons offerts par des mécènes et perçus en vrais dollars).
Situé au bord du Lac Memphrémagog célèbre pour son monstre vert (mais non c’est pas Kroston), l’abbaye se laisse deviner au fil de la route, en haut d’une colline ou entre deux boisés. Le dôme de la station de ski de Owl’s Head se dessine en toile de fond. Nous nageons entre eau, terre et ciel dans un paysage bucolique.
Architecturellement, je trouve le clocher et le fronton gris clair vraiment très réussis, notamment avec l’ajout subtil de pierres de frises roses et gris foncé sous le toit du clocher et autour de certaines fenêtres. Mais ce n’est rien comparé au couloir qui mène à l’église abbatiale. Quelle sensation étrange de se savoir au Québec mais de s’imaginer à Séville ou au Maroc tant les couleurs des mosaïques qui le composent ont des accents du Sud.
La fromagerie existe depuis 1943. Le premier fromage qu’on y a fabriqué a été l’Ermite, un bleu. Je lui ferai donc honneur en vous faisant découvrir sa fiche. C’est un pâte persillée, fort et vraiment corsé. Il a un gout assès particuliers, se révèlant très salé, piquant et relevé. D’ailleurs il va me sembler indispensable de le marrier avec un vin adapté pour atténuer son petit je ne sais quoi qui me déplait. Est-ce dû à sa surface grîsatre et légèrement collante qui agit en bouche ? Sa pâte de couleur crème, assès granuleuse et friable est gonflante à étaler. Il faut poser les morceaux délicatement sur un pain, ou bien les déguster tel quel. Il a une odeur de noisette et de cave. Dernièrement, des amis nous on fait découvrir qu’il pouvait s’adapter à des fruits, notamment les poires.
J’aurais pu vous parler de son frère, le Bénédictin, un autre bleu. Ou encore du Mont Saint-Benoît bien adapté aux omelettes (dont je suis passé maître) et aux quiches que confectionne ma Belle. Il y aurait aussi l’Archange qui peut-être utilisé en fondue et le Chèvre-Noit (l’un de mes préférés) qui se marrie tellement bien avec un Porto ou mon Banyuls chéri. Je préfère vous laisser découvrir ces 14 fromages par vous mêmes à Noël ou lors de votre prochain séjour au Québec. On en trouve même dans certains IGA et Provigo en fonction du chef de rayons.
Enfin je vous avais promis de vous tenir au courant de mon résultat au concours de la chaîne télé TVA de l’an dernier. Las, j’ai pas pogné la cave à vin avec ses 36 bouteilles. Quelqu’un d’autre a enquillé le précieux nectar à ma place. Sûrement un imposteur qui a truqué le tirage au sort. En attendant je vais me passer un peu de Carmina Burana et de chants Grégoriens et je vous dis à l’an prochain.
Leave a comment