De Zelda
Voilà, le 11 juillet cela fera 2 ans que nous serons au Québec. Grizzli avait trouvé assez facilement du travail dans sa branche. Il lui avait fallu 5 jours pour avoir le luxe de choisir entre 2 propositions fermes d’embauche. Quand à moi, j’avais décidé de laisser passer la rentrée des classes et de me remettre d’une fausse-couche avant de me mettre en quête d’un emploi moi aussi.
J’ai d’abord participé au marathon de l’emploi avec le Carrefour Jeunesse Emploi de ma ville, ce qui m’a permis de prendre le pouls du marché de l’emploi de ma ville, de prendre contact avec des employeurs potentiels, de me rendre compte par moi-même de la foultitude de postes disponibles qui ne sont pas annoncés. Et puis j’ai lâché le rebord de la piscine et je me suis lancée comme une grande.
J’ai trouvé une place dans un dépanneur comme commis-caissière, j’ai travaillé d’abord 9 mois de soir et toutes les fins de semaines et ensuite j’ai basculé d’après-midi avec toutes mes fins de semaines de libre. Et mes responsabilités ont augmentées. Je me suis retrouvée à assurer pratiquement en entier tous le courrier, et puis je vérifiais la conformité des livraisons par rapport aux commandes, je payais les fournisseurs, passais des commandes, rappelais certaines échéances à mon patron … Bref un travail de gérance, mais toujours payée au salaire minimum.
Après quelques moi avec des responsabilités grandissantes, mais une paie toujours au même niveau et surtout la certitude que mon salaire n’augmenterai pas, j’ai décidée de faire de quoi de ma peau. J’ai envoyé plusieurs CV, mais je n’avais aucune réponse. Il y avait un problème, je savais qu’il venait de mon CV, mais je ne voyais pas comment le résoudre.
Parallèlement à tout ça, l’ours et moi étions allés à une conférence donnée par le CREDIL sur l’école et l’immigration. Et c’est là que nous avons entendu parler de PERSPECTIVES NOUVELLES. Nous avions bien vu régulièrement une annonce encadrée de cette OBSL dans nos journaux régionaux gratuits, mais la façon dont l’annonce était rédigée on avait peur de tomber sur une secte car cela visait un public quand même « fragile » ( femmes qui veulent retourner sur le marché de l’emploi personnes de 45 ans et plus qui n’arrivent pas à trouver du travail et immigrants). Donc du coup l’ours et moi avons pris chacun rendez-vous pour faire un petit bilan et savoir ce que l’on pouvait faire pour améliorer les choses ( un autre travail reprise d’étude, formations par alternance …).
Pour Grizzli cela n’a rien donné de concluant car tout ce qu’il aimerai faire et qui est offert en cour du soir n’est dispensé qu’à Montréal.
Par contre pour moi ….
Une première agente d’intégration à l’emploi c’est occupée de mon cas. On a regardé ensemble les emplois que je pouvais cibler, les formations auxquelles je pouvais prétendre on a retravaillé mon cv ensemble et le courant est bien passé entre elle et moi. Si bien que, lorsqu’elle a eu vent d’un poste qui me correspondait dans un établissement financier, elle m’en a tout de suite parlé et a joint une lettre d’introduction et de références à ma lettre de motivation.
J’ai ainsi été sélectionnées pour passer une entrevue, et c’est là qu’arrive ma deuxième agente d’intégration à l’emploi. Avec cette dame, on a travaillé la préparation à l’entretien d’embauche et l’entretien d’embauche lui même en faisant une simulation filmée et ensuite on a parlé des points forts et des points faibles de tout cela. C’était assez impressionnant pour moi comme exercices. Il faut dire que je n’avais jamais eu véritablement d’entretien d’embauche avant. Une discussion sur le bord d’un comptoir et le tour était joué. Et même lorsque j’ai été embauchée par une start up parisienne je ne suis pas passée par le processus d’embauche habituel. Mon chef d’exploitation savait ce que je valais, et a insisté pour m’embaucher même si j’étais enceinte jusqu’aux yeux et que je ne pouvais effectivement travailler que 2 mois plus tard .
Est arrivé l’entretien d’embauche. Le vrai. Je m’en suis très bien tirée, mais je dois dire aussi que je l’avais très bien préparé. Le processus de recrutement a continué et a un peu tiré en longueur. Je n’avais pas la pression puisque je travaillais déjà. En fait je pense que mon entourage était plus pressé que moi car à chaque fois j’avais droit à des « Et alors tu en est où avec machin ? ». J’étais pas mal zen jusqu’à un fameux vendredi après midi où Grizzli m’a appelée au travail pour me dire « Lundi tu as rdv avec X et Y au restaurant Z » Ayoye ! La pire fin de semaine de ma vie. J’avais le goût de vomir, de rire, de pleurer tout ça en même temps. Et puis surtout, je n’ai rien à me mettre ! Bein oui, je m’étais bien achetée du linge qui colle à la fonction, mais c’était du linge d’hiver, là nous sommes début juin il commence à faire chaud, c’est la cata ! Alors me trouver du linge pour l’occasion à changer le mal de place
Arrive le fameux lundi, c’était la semaine dernière. Je suis allée à mon rendez-vous sans aucune idée de ce qui allait se passer. Est-ce que c’était un dernier entretien avec un autre candidat ? Est ce que l’on allait me proposer quelque chose d’autre ? Est-ce que j’étais prise ? Je n’en savais rien. Je suis arrivée en avance et l’atmosphère était détendue. Au début ils m’avaient dit que c’était une entrevue pour me connaître un peu plus. Et jusqu’à ce qu’ils me demandent quand je pensais être libre de mes engagements avec mon employeur actuel, ils ne m’avaient toujours pas dit clairement que j’étais embauchée du moins je n’osais pas le croire pour ne pas me faire de fausses idées. Quelle douce chanson à mes oreilles lorsqu’ils m’ont dit » Considérez vous comme faisant partie de notre équipe »
J’ai du remplir un formulaire leur permettant de mener une enquête de sécurité sur moi, mais ça je commence à avoir l’habitude et ils ont pris mes références auprès de mon employeur actuel, et ont aussi appelé mon dernier employeur en France et ce même si notre collaboration date d’il y a 7 ans.
Et il y a eu le plus difficile. Annoncer ma démission à mes patrons actuels. J’ai trouvé cela émotionnellement pénible, parce que ce sont des gens attachants et que je n’ai rien contre eux. Ils ont trouvé cela dur pour eux pour des tas de raisons, mais sont fiers de moi et se réjouissent pour moi pour mon nouveau travail.
à la Saint-Jean-Baptiste je vais troquer mes jeans et mes espadrilles contre un tailleur et des talons hauts
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