Bonjour à tous,
Je me suis inscrit récemment sur immigrer.com, même si ça va faire 10 ans que je suis au Québec (la semaine prochaine !).
Pourquoi m’inscrire ? Je crois qu’après avoir cherché à « fuir » mes compatriotes dans les premières années, je suis redevenu curieux envers les nouveaux arrivants et ceux qui sont en processus de départ. J’aime lire les différents témoignages, et j’ai eu envie de raconter un peu comment je vivais l’ »aventure » après maintenant presque 10 ans (parce qu’après 10 ans, l’aventure s’est transformée en… la vie de tous les jours ;-)).
Je n’expliquerai pas en détail mon parcours, j’ai plus envie de faire un bilan de « comment je feele » après toutes ces années…
D’abord, et c’est important je crois, je ne suis pas parti de la France pour améliorer mon sort. J’avais une bonne vie là-bas. Mon travail en 2003 était instable (travailleur autonome), et même si je gagnais bien ma vie, je ne risquais pas grand-chose à partir. Je ne tournais pas le dos à un super emploi avec super avantages sociaux… Je ne tenais pas mordicus aux 5 semaines de vacances non plus.
L’idée d’aller vivre à l’étranger me chicotait depuis un bout (simple curiosité, besoin de se dépasser, et aussi de ne pas regretter plus tard quelque chose que je n’aurais pas fait…).
Je suis parti à Montréal parce qu’on y parlait français et que c’était une ville qui m’avait plu en voyage. Pas de coup de foudre sur le Canada, mais je me voyais bien vivre là. C’était dépaysant et familier en même temps.
Honnêtement, je serais parti au Mexique ou en Islande, ça aurait été pareil. Ce que je veux dire par là, c’est que l’aventure personnelle, dans mon cas, a passé avant le lieu où elle se vivrait. Bien sûr, je ne serais pas allé en Afghanistan non plus 😉 Je voulais vivre pas trop mal 😉
Après 10 ans, je me suis fait des amis formidables, j’ai appris beeeeeaaaaaauuuucoup sur moi, j’ai rencontré l’amour et me suis marié (à un autre homme, avant que ça soit possible en France). J’ai une belle-famille québécoise et je vis à présent en région.
Ce que je retiens de ce parcours : que j’aime la France plus que quand j’y vivais (on ne voit pas ce qu’on a quand c’est sous notre nez), que je vois le Québec comme un autre chez-moi aussi évident que le pays ou je suis né ; que je me sens plus que jamais proche de ma famille, pourtant si loin. Que la vie quotidienne a repris ses droits. Au début, on trouve tout merveilleux et si nouveau, mais ça devient normal et ordinaire. Je crois que cette grosse aventure fait réaliser que paradoxalement, au-delà de l’endroit où on vit, c’est en-dedans que ça se passe. Ouais, ça fait philosophie de comptoir, mais c’est pas mal ça !
Aurais-je le même niveau de vie en France qu’ici aujourd’hui ? Honnêtement, probablement. Le Québec ne ma pas rendu plus riche. J’ai une excellente qualité de vie ici, mais j’aurais certainement cherché à trouver la même chose en France à mon âge, dans un petit village. Je ne comprends pas trop le « J’en ai marre de Paris, je me casse à Montréal ».
On peut avoir une excellente vie en France et une vie de merde au Québec, et réciproquement. Je ne veux pas casser les rêves fous de ceux qui sont en cours d’immigration, bien au contraire. Il faut rêver, c’est ce qui fait bouger dans la vie !
Alors, bougez si c’est ça que vous voulez ! Que ça marche ou pas, vous ne vous direz pas à 70 ans « Arf, j’aurais donc ben aimé ça aller vivre à l’étranger »… Juste garder à l’esprit que la découverte d’un autre pays, c’est beaucoup la découverte de… soi, finalement.
Voilà, sur ces paroles qui font vieux prof de philo un peu saoul ;-), je vous souhaite à tous bon courage dans votre installation !
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De Automne
merci pour le récit :thumbsup:
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De Cherrybee
Voilà, sur ces paroles qui font vieux prof de philo un peu saoul ;-), je vous souhaite à tous bon courage dans votre installation !
Non non :biggrin2: Juste, j’adore :wub2:
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De kad07
Merci d’avoir partagé ton histoire ! 🙂
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De Bruno la loutre
De rien ! 🙂
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De Phtiba
Bruno, petite question 🙂
Comment est percue l’homosexualité en région? J’en parlais avecon frère et son copain, le côté gay friendly qu’ils ont ressenti à Montreal leur a plu mais quid quand on sort de la metropole?
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De Bruno la loutre
En ce qui me concerne, je n’ai pas eu le moindre problème, jamais ! Il y a évidemment une « discrétion » que tu ne trouves pas à Montréal… peut-être que ça gêne certains, mais je n’ai jamais ressenti aucune agressivité, même chez les personnes plus âgées.
Ensuite, je te dirais que ça dépend de la région. Dans le Bas-Saint-Laurent où on a habité (on déménage à Sherbrooke le mois prochain pour la job), c’est relax et un peu « fancy » (gastronomie, petits gîtes, artisans locaux, fermes bios, etc.). Sur la Côte-Nord au milieu du bois ou en Abitibi profond, il se peut que ce soit plus « rude » (la Côte-Nord m’a donné cette impression).
Justement, nous, on voulait pas s’obliger à rester à Montréal parce qu’ailleurs « on serait pas acceptés ». On a fait l’essai et il est concluant à 200% 🙂
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De Racinette
C’est rassurant ce que tu dis.
C’est pour ça alors que les homosexuels se regroupent dans des sortes de « ghettos », par peur de ne pas être acceptés ? Je m’étais toujours posé la question !
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De Bruno la loutre
Salut Racinette (j’adore ton pseudo),
Il y a aussi que le profil des gays en région est différent ; pas mal plus de couples établis. Comme il y a TRÈS peu de places pour rencontrer ses semblables ;-), les célibataires se tirent à Montréal. Donc, y’a de moins en moins de gays célibataires, donc les options de rencontres sont rares… donc les gens se tirent. C’est le serpent qui se mord la queue et les gays ont tendance à aller se regrouper à Montréal.
En région, on a rencontré principalement des COUPLES gays. Les célibataires, ils se font chier comme des rats morts.
Mais c’est un peu pareil pour les hétéros ; en région c’est rare de pas être casé à 25 ans et de pas avoir encore d’enfants. Les fringants célibataires de 35-40 ans, tu vas les trouver à Montréal en grande majorité 😉
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De Racinette
Ok, là je comprends mieux !
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De Orenda
T’as tellement raison quant à la découverte de soi!
C’est pour cela que je pars gaiement au Canada, mais que je n’y resterai pas toute ma vie! J’ai encore l’Amérique du Sud et l’Afrique à investir, et depuis mes vacances en Australie je trouve que ce serait de la folie de ne pas aller y vivre un certain temps!
Mon rêve c’est de vivre dans un pays de chaque continent, le plus trépidant est que je le vis déjà! C’est tellement MOTIVANT! Ca donne tellement d’expériences, de sagesse, d’adaptabilité, de remise en question… Vive l’immigration, et le monde est ma maison!
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De immigrer.com
Merci pour ce bilan! Il est en page d’accueil.
Et bonne fête de 10 ans!
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De Neellâ
Merci Bruno pour ton récit!
Nous, on en est au tout début de notre aventure et ce qui nous fait avancer (et patienter!), c’est exactement ce que tu dis: ne pas avoir de regret…
Je trouve qu’il n’y a rien de pire que de ne pas essayer! j’aurais trop peur de devenir une vieille ronchonne sur mes vieux jours :biggrin2:
Donc on se lance!
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De chinook21
Bonsoir Bruno, tous
Merci pour ton récit.
Pour moi après deux ans ici, plusieurs pensées communes avec toi.
J’ai quitté une belle situation en France pour cette aventure et je n’ai a ce jour aucun regrets.
J’ai retrouvé ici une vie comparable mais a la fois si différente.
Vivons nos rêves!!!
Bonne fête des 10 ans également.
Bon vent
François
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De Titiana
Allo! Beau récit! cela va faire 5 ans en juillet que je suis là! Je n’ai pas bougé de Montréal et ne compte pas le faire. Je ressens un peu la même chose dans le sens où au début, je cherchais à fuir mes compatriotes et je ne me suis pas tournée vers Mtl pour fuir ma vie en France ou par dépit. Mon copain et moi avons chois à l’époque de partir à l’aventure et tenté la vie ailleurs, pour un bout….puis de mois en mois, d’année en année, je ne suis plus repartie! 😉 Et je ne compte pas repartir de si tôt à vrai dire. Mes conditions de travail se sont améliorées et j’ai même un condo dans un quartier que j’adore! Ici, qui veut peut! et qu’on ne me dise pas le contraire. En+, je travaille en réinsertion pro et sociale, je sais donc bien que le Québec offre des possibilités énormes pour tous.
Cependant, le point noir de la vie au Québec, c’est l’individualisme. À vrai dire, à l’inverse de mon comportement du début, je me rapproche facilement maintenant de mes compatriotes, et veut/veut pas, c’est des français que je me sens le + proche. J’ai des ami(e)s québécois, mais ce n,est pas la même chose. Non seulement la franche camaraderie à la française me manque mais la façon dont nous vivons l’amitié aussi. Ici, c’est très anglosaxons et c’est souvent superficiel. Les seuls amis québécois qui ne sont pas comme ça ont vécu en France ou ailleurs en Europe. Donc, oui, ça il faut le savoir avant de partir, c’est dur! Le fait de devoir rencontrer de nouveaux amis aussi est plus dur, le sport, oui, le travail oui, mais bon, difficile. Surtout quand en France tu avais toutes tes bandes d’amis et que tout coulait de source. Quand tout est à refaire, à + de 25 ans, pfffiou, c’est demandant! 🙂 Il faut juste être prévenu, et ne pas se dire déçu ensuite. Mais la qualité de vie, le confort qu’on a ici sont vraiment appréciables, la culture d’entreprise aussi… Montréal vaut le coup…c’est certain. Le choc des cultures, 5 ans après et en étant très bien intégrée, est toujours présent, mais pas handicapant du tout…il faut juste se forcer pour surpasser l’individualisme… 😉
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De bellthanae
Merci pour ton témoignage, il est vraiment intéressant, et j adore ton style. 🙂
Et puis, bon 10ans.
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De PertiG
Honnêtement, je serais parti au Mexique ou en Islande, ça aurait été pareil. Ce que je veux dire par là, c’est que l’aventure personnelle, dans mon cas, a passé avant le lieu où elle se vivrait. Bien sûr, je ne serais pas allé en Afghanistan non plus 😉 Je voulais vivre pas trop mal 😉
Merci Bruno pour ce témoignage ! Le voyage est plus important en effet que la destination.
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De Basseux
salut!!
carrement d’accord sur le fait de « bouger pour pas regretter »…c’est ce qui m’travaillait depuis quelques années (j’ai eu une opportunité y a 7 ans, et je l’ai laissé filer!!). Bon ok j’ai « que » 30 piges, mais je sentais que ca serait le regret d’une vie..du coup, j’l’ai fait!! 🙂
:thumbsup:
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