Retour à Val d’Or
Ecrit par: Flying Antoine
Val d’Or (500 km au nord-ouest de Montréal, en Abitibi), c’est ma première ville d’adoption du Québec, là où nous avons, ma conjointe et moi, coulé quelques mois heureux, entre les lacs, le bois, et les mines d’or !
C’est là que nous avons découvert un autre Québec, tellement différent de celui de Montréal, un Québec où l’on chasse forcément tous les automnes, où les après-midi d’hiver se passent en famille à pratiquer la pêche blanche au coin d’un poële de fortune, et où l’on s’épuise, durant les chaudes journées de juin, à fuir les maringouins !
Nous étions cependant retournés à Montréal, fin juillet 2002.
Pourquoi ? Parce qu’Isabelle avait perdu sa job, et que le chômage en région éloignée, ben ça a tendance parfois à s’éterniser.
De mon côté, j’y avais « parti ma business », et ça allait bien ; sauf qu’au bout de deux ou trois mois, j’avais appelé pratiquement tout le monde. Plutôt plate quand on ne rêve que développement, équipe, etc…
Malgré la qualité de vie extraordinaire qui nous attendait là-bas, nous sommes revenus « à la ville » parce que nous n’avons pas supporté cet isolement, cette sensation de vivre au bout du monde, ce vase-clos où tout le monde, fatalement, se connaît.
Mais nous y sommes retournés, le temps d’une fin de semaine, pour le plaisir, pour y revoir les quelques bons amis que nous nous y étions faits. Pour rencontrer aussi, enfin, le locataire qui nous loue notre maison au bord de l’eau (et oui) depuis près d’un an.
Un bref portrait :
Val d’Or est une ville aujourd’hui en souffrance.
C’est pourtant une ville jeune, qui n’a été fondée que dans les années vingt, et qui traditionnellement n’a pratiquement vécu (très très bien d’ailleurs, jusqu’à il y a peu) que de l’Or et du Bois.
Dans les années quatre-vingt, c’était l’opulence. Parmi les gens de commerce, cette ville était réputée comme ayant le plus fort taux de flambeurs au kilomètre-carré. Le moindre mineur, même débutant, gagnait entre 50 000 et 70 000$. De quoi s’offrir la belle maison, le gros camion (pick-up), le ski-doo, etc. De quoi s’endetter méchamment, aussi. Surtout quand on manque d’éducation (pas besoin d’aller au CEGEP pour devenir mineur)
Et puis le cours de l’or, dès le milieu des années quatre-vingt-dix, s’est mis à chuter, inexorablement. Les mines, autrefois très prospères, ont vu leur rentabilité s’effriter, puis s’effondrer. Il a fallu couper dans les dépenses. Mettre à pied.
Aujourd’hui Val d’Or pâtit d’un taux de chomage élevé. Les anciens mineurs, autrefois grassement payés, ne parviennent plus à payer leurs mensualités, à honorer leurs dettes.
Et ce n’est pas les jobines à $7.45 / heure qui pourront les aider… Beaucoup rendent tout simplement leur maison à la banque…
Le cours de l’or, pourtant, est actuellement très haut. Mais les compagnies minières ont apparemment appris, durant la crise, à se passer de personnel. Oui le cours remonte, mais ce n’est pas pour autant qu’on réembauche. Pas encore en tout cas.
Enfin, comme la plupart des régions, Val d’Or souffre d’un exode des jeunes vers les grandes villes. Ceux qui restent n’ont pas beaucoup de perspectives d’avenir, plusieurs connaissent des problèmes de toxicomanie. Malgré l’éloignement, il n’est pas difficile de trouver de la drogue à Val d’Or.
Mais nous avons passé une très bonne fin de semaine à Val d’Or. Le silence, le soir, y est d’Or ;))
Et les amis que nous nous y sommes faits sont durables.
Notre maison est encore debout (heureusement) et nous nous promettons, dans les années qui viennent, d’y passer nos étés (en juillet et août les maringouins se calment). Après tout, c’est là qu’a été conçue Juliette, c’est là que « veut, veut pas », elle a ses racines.
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