Salaire secteur architecture
Ecrit par: Bibique 27-08 à 12:11
Bonjour,
A quel salaire peut prétendre un collaborateur d’architecte nanti de 15 années d’expérience (en qualité de responsable de projets – même niveau de compétences qu’un architecte diplômé mais sans le titre – en cabinets d’architectures français d’envergure importante) quand il se présente pour un poste équivalent au Québec ?
Bien sûr, il n’est pas question d’exiger des responsabilités dans des agences aussi importantes qu’en France, sachant que les architectes et collaborateurs québecois sont prioritaires sur ce genre d’emplois. Donc ok pour travailler sur des missions plus modestes.
Le cas échéant, pour un poste de concepteur et conducteur de travaux en entreprise générale du bâtiment… si ce genre de poste existe aussi au Québec.
Je ne demande pas de chiffre précis, mais une fourchette même approximative, juste histoire de me faire une idée.
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Ecrit par: O’Hana 27-08 à 15:28
Salut Bibique,
Le plus près que je vois personnellement pour assister un architecte compte tenu du profil que tu donnes, c’est technicien ou technologue en architecture. Ci-dessous, brève description de cette profession au Québec :
QUOTE
Technologue du domaine de la construction qui effectue des tâches techniques complexes reliées à la conception de détails techniques, ainsi qu’à l’élaboration, à la vérification et à la supervision de projets de construction ou de rénovation pour des bâtiments résidentiels et commerciaux, en vue d’obtenir ou de maintenir des bâtiments fonctionnels et esthétiques.
La rémunération (salaire annuel moyen en dollars canadiens) va de 24 000 à 28 000 dollars en commençant jusqu’à 38 000 à 43 000 dollars selon les données statistiques d’Emploi-Québec. Bien sûr, cela peut varier selon l’employeur (bureaux d’architecte, entrepreneurs, gouvernements, bureaux d’ingénieurs…) et je te donne ces chiffres à titre purement indicatif.
Peut-être davantage d’informations sur le site dewww.oaq.com/fr/accueil/index.jsp (OAQ). Ou encore sur l’un des 26 comités sectoriels du Québec sur le site emploiquebec.net/francais/organisation/intervention_sectorielle/comsectoriels.htm
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Ecrit par: JayJay 28-08 à 16:44
En ce qui concerne les technologues, la profession est réglementée par un Ordre et donc ne peut pas porter le titre qui veut (faire recherche sur Google), mais par contre, on retrouve plus fréquemment des techniciens (en génie civil, en bâtiment). Pour bosser dans une entreprise de génie civil, je t’assure qu’il y a pas mal de boulot dans le domaine, et je crois que les salaires des « senior » peuvent facilement atteindre 60 000 – 70 000 $ (par senior, j’entends quelqu’un qui a une expérience conséquente au Canada). Fais des recherches éventuellement auprès des principales boîtes de génie au Qc : SNC-Lavalin, Tecsult, Genivar, CIMA+ (il y en a plein d’autres mais je te nomme le Top 4). Ton homme maîtrise-t-il Autocad? C’est la base ici.
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Ecrit par: Bibique 29-08 à 2:08
Il maîtrise parfaitement Autocad (il travaille quotidiennement dessus depuis des années). Il maîtrise les logiciels de dessin sur PC et sur Mac.
Il maîtrise aussi très bien le dessin à main levée et la perspective.
Son expérience en France est conséquente : 15 ans d’expérience (essentiellement en profession libérale prestataire de services) en cabinets d’architecture sur des projets d’envergure : bâtiments publics, habitat collectif et individuel, tertiaire, industriel. C’est un concepteur né. Il connait son métier de A à Z et a souvent eu à manager des équipes de jeunes architectes diplômés (!). Formation DNAT en Cadre bâti (Beaux-Arts + Arts déco) = formation des architectes AVANT la loi fatidique de 1975, mais qui a (malheureusement) été prolongée jusque dans les années 80 dans les écoles dépendant du Ministère de la Culture. Sans parler, auparavant, d’un bac génie civil et d’un bep de dessinateur en constructions métalliques.
Bien que reconnu par ses pairs comme un architecte de fait, le système français ne lui permet pas d’obtenir l’équivalence DPLG car tout est verrouillé et je dirais de manière particulièrement perverse. En effet, pour avoir cette équivalence, on exige de lui qu’il présente des preuves de 5 ans minimum de salariat en cabinet d’archi + 3 ans de fac d’archi à temps plein !!! Donc comment gagner sa vie pendant ce temps ? Aussi, le travail indépendant n’est pas reconnu comme expérience professionnelle, bien qu’il en aie les preuves + des attestations des architectes chez qui il a travaillé (et même des profs de la fac d’archi !!! Ce qui est un comble !). Il existe une formation diplômante aussi, mais impossible car : 1 week end sur deux à Paris à ses frais + charettes permanentes dans les cabinets d’archi (obligation de travailler en cabinet d’archi pendant la formation SANS changement d’employeur !!!)…
Inutile de dire que la France a horreur des têtes qui dépassent et que si on se forme par des moyens autres qu’officiels… autant se tirer une balle dans la tête !
Donc en France, il n’a pas le droit de construire : il a juste le droit d’être nègre d’architecte et de rester discret.
Et pour faire valider ses acquis, mieux vaut avoir des parents ou un(e) conjoint(e) fortuné ! Mais ce n’est pas le cas.
La validation des acquis dans ce domaine est une question de gros sous, il faut l’avouer. Il s’agit bien d’une sélection par l’argent. Une honte pour un pays qui se veut égalitaire.
Il en a eu tellement marre qu’il est sorti du système il y a deux mois : il a démissionné du cabinet d’archi où il était pour entrer comme responsable de bureau d’études chez un constructeur. C’est la première fois de sa vie qu’on lui paie ses heures sup’ !!! Il devenait insupportable pour lui de travailler chez des architectes, de les voir construire en leur nom alors qu’on lui refuse cela en France.
Mais l’Architecture (avec un grand « A ») lui manque…
En france, des types comme lui sont exploités 60 heures par semaines payées 39 et à un salaire moindre que l’architecte débutant. (en cabinets d’archi)
Donc phénomène de ras le bol de ne pas se voir reconnu à sa juste valeur et de se voir refuser toute possibilité d’équivalence ni même de juste passer le diplôme !
En France, on juge les gens sur leurs diplômes, même s’ils sont incompétents. Nous cherchons un pays où on juge les gens sur leurs compétences réelles, leur valeur… en les mettant en situation de faire leurs preuves : au pied du mur !
Si une possibilité de travailler au Québec tout en passant son diplôme canadien lui est possible, aucune hésitation ! Nous irons là où ses compétences seront respectées. Même s’il doit oeuvrer quelques temps dans des postes subalternes en suivant des cours, si ça peut lui permettre au final de devenir architecte diplômé, pourquoi pas ?
Tout ce que j’évoque ici constitue une masse de raisons suffisante pour être écoeuré de son propre pays et pour vouloir le quitter pour toujours. Si le Québec permet cela, nous quitterons la France sans nous retourner. Et Dieu sait si ça fait mal de le dire !
Aussi, pour avoir rencontré nombre de québecois en France, nous avons remarqué beaucoup d’affinités avec eux. Une manière différente d’aborder les choses et les gens.
Nous projetons un voyage dans le courant 2005 et voulons en profiter pour nouer des contacts avec des architectes locaux et des professionnels du bâtiment.
Merci beaucoup pour les noms, nous allons les contacter.
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Ecrit par: JayJay 29-08 à 9:38
Contactez en 1er lieu l’Ordre des Architectes. Passez à travers leur site Web, trouvable sur Google, et voyez ce qu’il en est.
Pour info, de formation, mon mari est dessinateur en bâtiment. Mais il a ensuite fait autre chose. Je me disais que de toute façon, ce n’était pas grave, il ne pourrait pas exercer la profession au Québec car il n’était pas « technologue ». Or j’ai découvert que dans les faits, ce n’est pas exactement nécessaire – la plupart des subalternes en génie civil du bâtiment sont soit dessinateur ou technicien, et ce n’est pas nécessaire de faire partie d’un ordre pour ça. Ce qu’il faut, c’est maîtriser Autocad (et c’est rare, car le logiciel est inabordable, presque personne ne peut se le procurer en tant que particulier, et donc, pratiquer et le maîtriser). Depuis, je me mords les doigts de ne pas avoir pousser mon chéri à l’apprendre, à suivre des cours, n’importe quoi, pq ça fait plusieurs occasions d’emploi comme technicien-dessinateur qu’on rate comme ça. Je ne peux pas te confirmer le salaire envisagé, ça dépend vraiment de l’expérience – mais je sais, pour avoir VU quelques maisons de mes collègues techniciens-dessinateurs d’expérience… que leur salaire ne doit pas être si mal que ça. (notamment un de mes collègues qui a dessiné les plans de sa maison… absolument magnifique… immense…)
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Ecrit par: Bibique 29-08 à 16:50
Merci JayJay.
Je ne sais pas si tu as lu mes messages suivants mais j’y explique un peu la situation de mon compagnon en France.
J’ai oublié de préciser que son DNAT lui donne officiellement le titre d’architecte d’intérieur, mais c’est une convention qui n’est pas très réaliste car de fait, il est architecte complet. Donc s’expatrier ok, mais à condition que le jeu en vaille la chandelle. Pour le moment, au vu de tout ce qu’on a pu recueillir comme informations, nous ne sommes vraiment pas rassurés.
Passer d’architecte d’intérieur à dessinateur ou technicien pour quelques mois, le temps de se familiariser avec les usages de la construction locale, ok. Mais à condition que cela débouche sur quelque chose de plus intéressant qu’en France, à savoir une possibilité de valider ses acquis pour devenir architecte. Si ce n’est pas le cas, autant rester en France et sortir du réseau de l’architecture pour passer dans le réseau des constructeurs… Ce qui est déjà le cas depuis 2 mois : il gagne mieux sa vie, certes, mais l’Architecture lui manque, car c’est un architecte né : c’est vraiment inscrit dans son ADN !
Disons qu’en France, il a au moins le choix entre faire de l’architecture en « crevant la dalle » sous le nom d’un autre architecte (DPLG, lui), ou bien, renoncer à la belle architecture et mieux gagner sa vie (mais au prix d’une énorme frustration).
Pour quitter la France, il faudrait au moins qu’il y ait un bénéfice réel. Surtout que globalement, le niveau général de l’architecture française est vraiment excellent.
Ce qui nous donne envie de quitter la France est très lié au monde du travail ici : stressant sur le plan relationnel et hiérarchique, « coincé » (je trouve que les québecois ont raison) et trop rigide sur les titres au détriment des vraies compétences. Aussi, pour avoir essayé de se mettre à notre compte, nous avons renoncé en raison de la trop grande pression fiscale et sociale sur les entreprises (10 ans à bosser plus de 50h par semaine sans prendre de vacances !)… nous sommes assez écoeurés du système français. Il ne nous reste plus ici qu’à entrer dans le moule, nous soumettre, devenir routiniers et nous contenter d’un boulot pépère mais sans perspectives exaltantes autres que les vacances d’été… Nous n’avons rien contre, pour les autres, mais cela ne correspond pas à nos personnalités !
Nous aimerions vivre dans un contexte où le travail est réellement récompensé, valorisé, où les audaces sont permises, où la valeur des gens est reconnue… pour cela, nous n’avons jamais lésiné sur le travail. Ok pour ne pas prendre de vacances pendant quelques années, mais à condition d’être récompensés financièrement pour les sacrifices consentis. La France ne récompense pas le travail, la créativité… sauf si on entre dans un certain moule, mais on n’a pas la forme qui va dedans !… D’où cette impression permanente d’être des extra-terrestres.
Impression ici que les « forces vives de la nation » sont tuées dans l’oeuf. Sentiment de gâchis de notre enthousiasme professionnel. L’amour du métier, voire le zèle ne trouvent pas d’écho, se heurtent aux vieilles habitudes ronronnantes.
Peut-être que nous nous contenterons de passer de jolies vacances à Montréal et Québec chez des copains… en nous disant qu’on vit dans un monde bien mal foutu !
Peut-être aussi qu’il serait temps qu’on se fasse une raison, qu’on se paie des charentaises… et qu’on arrête de rêver à un monde où le travail porterait ses fruits, où les vocations seraient reconnues ?
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