Plusieurs messages ont exprimé une inquiétude vis à vis du système scolaire québécois. J’avoue partager cette inquiétude car je pense aussi et sans aucune suffisance de ma part, que le niveau d’étude est plus élevé en Europe qu’en Amérique du Nord et le Québec n’y échappe pas.
Cependant, il ne faut pas tout noircir et dire que le système français est si parfait que cela. Groland trouve anormal que dans une classe, l’enseignant se concentre d’avantage sur les faibles que sur les forts. Moi je trouve cela plus logique. En France, beaucoup de professeurs accordent de l’intérêt aux 4 ou 5 élèves qui suivent et ignorent voire méprisent ceux qui sont à la traine.
Le sociologue Alfred Jacquart appelle cela le système de l’élimination. C’est comme cela que l’on crée une élite imbue d’elle-même et persuadée de détenir les clés du savoir. On les appellle « X » ou « Enarques » ou « Centraliens ». Ils sont tellement décontractés et avenants qu’ils paraissent 40 ans à 25 ans mais paraissent toujours 40 ans à 40 ans car faute de sourire, leur visage n’aura pris aucune ride. Ils regroupent au sein d’Association d’Ancien Elèves qui leur permettent d’obtenir sans trop de difficulté les postes les plus haut placés des administrations et des grandes entreprises.
Evidemment, cet exemple est très caricatural mais pas toujours très éloigné de la réalité.
Il est quand même dommage que le système scolaire québécois n’aille pas au bout de son idée de départ, car elle est loin d’être inintéressante.
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Écrit par: amadeus
09 Juin 2001
Salut tin et à tous !
Je voulais juste te dire que je trouvais ton jugement tout à fait réaliste. Pour ma part je n’aurais vraiment aucune crainte de scolariser mes enfants au Québec.
Même si le niveau est paraît-il plus faible qu’en France, je souhaite que l’accent soit mis sur l’épanouissement personnel de l’enfant et en France (je suis en région parisienne) il y a encore du chemin à faire.
Je ne sais plus qui disait qu’il vaut mieux avoir une tête bien faite que bien pleine !
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Écrit par: Christopheureux
09 Juin 2001
Salut Tin
Tu dis : « le niveau d’étude est plus élevé en Europe qu’en Amérique du Nord et le Québec n’y échappe pas. » Bon là, je peux rien confirmer ou démentir puisque je connais pas le sujet, mais je me pose une question… a-t-on vraiment BESOIN d’un niveau supérieur d’études ?? La réussite des examens dépend du niveau d’études mais si ces examens sont « moins durs » que ceux « européens », est-ce un défaut d’avoir un niveau moins fort qu’en Europe ? Le but est d’avoir les diplômes (pour la jobe) et les connaissances acquises le permettent. Les % de réussite sont pas plus bas qu’en Europe a priori. Et il faut aussi se soucier de la culture générale, mais bon, y’a pas que les études pour ça.
T’en pense quoi mon Tin ?
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Écrit par: Redflag
09 Juin 2001
Salut Jean-Pierre,
Pour une fois on est d’accord. La France pue l’élite. Je m’explique.
Tout pays a besoin d’une élite, mais pas d’une élite qui fait sentir à ses concitoyens qu’ils sont des débiles. Le système français des écoles d’ingénieurs fait exactement cela. On fait un joli petit lavage de cerveau aux jeunes qui y entrent (qui sont souvent fils et filles d’ingénieurs des mêmes écoles…) et on leur explique qu’ils sont les meilleurs (ce qui est faux), et qu’ils sont les futurs maîtres du pays (ce qui est vrai). Cela est valable dans toutes les écoles d’ingénieurs ou presque, et c’est poussé à son paroxysme dans les écoles dites « de 1er niveau », celles que tu as citées.
Le système éducatif français du secondaire jour à fond le jeu (pauvres profs…) en orientant les « bons élèves » vers les classes scientifiques, qui mènent aux classes préparatoires (la structure éducative française la plus débile qui soit…), qui elles-mêmes mènent aux écoles d’ingénieurs.
Et voilà pourquoi depuis des décennies (ou même un siècle ou deux…) les mathématiques sont LE critère de sélection du système éducatif français, car eux seuls vous mèneront aux postes clés de l’État (exceptés faites des ENArques) ou d’une grande entreprise.
Pour avoir été bon élève dans le système éducatif Français, j’ai été sélectionné pour jouer avec eux et être « promis à un grand avenir » comme ils disent, dès le collège, puis au lycée : classes de latin, sélection spéciale sur tests…
C’est là que j’ai réalisé toute la bêtise d’un tel système, et que je me suis, comment dire….rebellé… :-)) et que je suis subitement devenu un très mauvais élève…
Bref, j’ai finalement choisi l’université et je ne le regrette surtout pas. Le système des écoles d’ingénieurs est proche du système militaire : on fait rentrer dans l’entonnoir des milliers de jeunes gens à l’esprit malléable car jeunes, et il en ressort des clones.
Pour pousser plus loin la réflexion, je suspecte même bon nombre de Maudits Français d’être des anciens élèves des écoles d’ingénieurs. Pour moi, élitisme et maudits français sont étroitement liés.
Redflag
PS : Jean-Pierre, tu veux parler d’Albert Jacquard probablement, qui n’est pas sociologue mais généticien de formation. Il est donc passé par le système universitaire, très différent du prêt-à-penser des écoles d’ingénieur… Albert Jacquard était en conférence au Québec en octobre 2000.
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