Depuis notre arrivée à Montréal, nous n’étions pas sortis de l’île. Imaginez la honte ! Allions-nous suivre les conseils de Patou et faire une virée à Val d’Or ou à Schefferville? 😉 Non, c’était un peu loin pour le temps libre dont nous disposons pour l’instant. Comme mon entreprise organisait une soirée en cabane à sucre, nous en avons profité pour embarquer dans un joli autocar qui nous a emmenés à une cinquantaine de kilomètres au Sud de Montréal (un exploit, n’est-ce pas? Peut-être pousserons-nous un jour jusqu’à Sherbrooke si nous conservons ces esprit aventurier ;-))
Les clichés on la vie dure. Je m’attendais à une minuscule cabane tenue par un bonhomme barbu en grosse chemise à carreaux en train de remuer un liquide fumant et visqueux dans une ancestrale marmite en fonte. Je pensais que nous allions nous entasser (tiens, encore ce mot!) autour d’une vieille table en bois vermoulue sur des bancs branlants et qu’une mamie vêtue telle une Ariette Oleson dans la Petite Maison dans la prairie allait nous servir un ragoût de caribou dans une casserole en cuivre qui attacherait un peu pour cause d’abus de sucre d’érable. A la fin de ce frugal repas, l’esprit un peu embrumé par l’alcool de caribou, nous nous risquerions à quelques maladroits pas de gigue au rythme hésitant de l’accordéon du tenancier et du violon de son beau-frère-qui-habite-la-ferme-d’à-côté.
Non, rien de tout ça. Les cabanes à sucres sont de grandes bâtisses où l’on a vraiment l’impression de respirer. Le confort dénote un savant calcul entre le rustique modéré et le moderne sans excès. Les repas sont copieux et à des prix très raisonnables. Pour profiter des abondants plats de charcuterie allant des cretons aux oreilles de crisses en passant par les saucisses au sirop d’érable, il vaut mieux arriver à jeun. L’ambiance reste très familale et bon enfant (même si certaines fines bouches dont je ne suis pas vont trouver cela un peu coin à touristes). Les collègues québécois semblaient contents de nous voir de la partie. La secrétaire de mon boss que je trouve plutôt froide au travail (quoiqu’en même temps très serviable) nous a réservé des places à sa table. L’organisateur de la soirée est venu plusieurs fois nous demander si tout allait bien, si nous apprécions le repas. Voilà autant de gestes qui vont droit au coeur des immigrants fraichements arrivés que nous sommes.
La soirée s’est terminée sur une piste de danse d’une taille impressionnante. Pas de gigue au menu (tant pis), mais nous nous sommes bien amusés sur les incontournables « YMCA » et « I will survive ». Les gens n’hésitent pas à danser même si certains sont maladroits ou un peu trop corpulents. En France, dès qu’on passe un rock, la piste se vide car les gens qui ne savent pas danser les pas exactement comme il faut ont peur du ridicule. Ici, personne n’a peur du ridicule. Et c’est très bien ainsi.
Une bonne soirée qui nous donne un complément intéressant à notre exploration de Montréal.
Jean-Pierre
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