Salut everybody !
Je reviens de quelques jours a Val d Or, la « Nouvelle Frontiere » et ma future ville d election, a 600 km de Montreal. Une ville connue pour ses mines d Or, pour ses forets immenses et aussi pour la reserve d Algonquins (une Nation amerindienne) qui se trouve au Lac Simon. Des reserves (Cris, Algonquins, Abenakis, Mohawks, Inuits principalement) il y en a de nombreuses au Quebec, et encore davantage en Ontario.
J ai eu la chance de passer le week-end dernier au chalet de ma logeuse, au bord du lac Malartic. J ai eu la GRANDE chance d y rencontrer un chef Algonquin, qui se trouve etre le chum de ma logeuse. C est un homme grand et flegmatique, d environ 50 ans, jovial et fin, au parler seducteur et charismatique. Il est a l origine de nombreux projets qui ont contribue a ameliorer le quotidien des gens de la reserve ; il a egalement beaucoup ecrit, et joue dans un film qui illustre la situation des amerindiens contemporains. Bref, c est un homme qu on ne peut approcher qu avec respect et humilite.
Evidemment, ces 2 jours ont ete fabuleux : canotage sur le lac, baignades interminables, plats algonquins autour du feu (et avec les maringouins)et… legendes indiennes, dont une que je vous rapporte ici. Vous m excuserez mon pietre talent de conteur qui n arrive pas a la cheville de celui de Richard, puisque c est son prenom.
Il etait une fois un tipi ou vivaient 2 aveugles, seuls. Ils ne sortaient que rarement, et c etait devenu une sorte de rituel. Chaque jour, il fallait que l un d entre eux aille chercher de l eau au lac voisin. Pour ne pas se perdre en chemin, une corde etait tendue entre leur habitation et l eau, une corde qu ils suivaient d une main, la marmite dans l autre main.
Un jour, Raton-Laveur vint pres de leur tipi et observa leur manege. Comme c etait un animal facetieux, il eut l idee, pendant la nuit, de mener l extremite de la corde jusqu a un petit lac asseche. Evidemment, lorsque le moment arriva d aller chercher de l eau, le pauvre aveugle eut une desagreable surprise et revint panique au tipi il n y a plus d eau dans le lac ! », « mais non ! » retorqua l autre, « tu t es perdu en chemin, c est tout » et, pour prouver ses dires, de prendre marmite et corde et de sortir du tipi. Entre-temps, Raton-Laveur avait ramene la corde a son point d origine, et l autre aveugle put trouver et ramener l eau. A son retour, il ne put s empecher d invectiver son compagnon qui, de bonne foi, se defendit. Et les 2 aveugles de se chicaner, eux qui avaient pourtant toujours ete amis.
Voyant cela, Dieu (j ai oublie le nom indien de leur dieu unique, desole) prit forme humaine et descendit sur Terre. Il s adressa aux 2 compagnons en leur designa le Raton Laveur, qu il avait attrape au passage « Cessez de vous disputer, voyez l auteur de vos mesaventures, c est cet animal facetieux, ce Raton Laveur ». Et les 2 compagnons stupefaits de fixer l animal qui pendait honteux au poing de Dieu. « Il faut le punir de maniere a ce qu il ne recommence jamais » dit l un « Oui », repondit Dieu, « et qu il se souvienne de ce que c est qu etre aveugle ». Disant cela, il prit une poignee de cendre noire dans le feu et la jeta au visage de l animal, pour l aveugler.
C est depuis ce temps-la que Raton Laveur a un masque noir sur les yeux »
Voila, moi je trouve ca mignon, et en esperant que cela vous change les idees et vous sorte un peu des problemes de delais, de CSQ, de points, etc. etc. Et pour vous rappeler aussi que le Quebec, c est aussi, beaucoup, les civilisations amerindiennes. Et elles ont beaucoup a nous apprendre.
A +
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Écrit par: Igal
27 Juillet 2001
Salut..
Effectivement c’est une très belle histoire et ce qui est vraiment intéressant dans ce genre de conte c’est qu’il y a toujours une morale ou une explication au pourquoi des choses. Depuis quelques années je m’intéresse à la culture inuit et j’essaye tant bien que mal à m’initier à l’inuktitut (écriture inuit) très particulière mais o combien passionnante. Egalement chez les Inuits nous retrouvons un multitude de contes issus de légendes ayant trait aux relations entre l’homme et la mère Nature et qui dictent les règles de conduite du peuple Inuit avec son environnement.
J’ai eu également la chance de participer à un repas traditionnel dans un village Atikamekw, Manawane au nord de la région de Lanaudière et lors d’un blizzard féroce. Aller à la rencontre de ces villages amène matière à réfléxion sur soi-même en étant confronté à une culture et une vision des choses vraiment différente de la nôtre. Malheureusement les problèmes sociaux (chômage,alcoolisme, drogue, suicides) sont toujours d’actualité et la plupart du temps les jeunes générations ont tendance à ne plus s’intéresser à leurs culture et tradition ancêstrale au détriment des nouvelles technologies.
Comme tu as pu le vivre avec le Chef Richard, ayant été invité dans une famille qui tient un petit restaurant, le père de famille qui était le boss de cette petite entreprise familiale m’avait expliqué différentes techniques de trappe traditionnelle avec un vrai respect de l’animal chassé. J’y serai resté des heures à l’écouter car il s’est mis à raconter son enfance avec son père près du Lac Métabeskéga près de Manawan qui lui apprenait tous les secrets de la nature et qu’au fil des années ce savoir se perd peu à peu du fait d’une nécessité moins importante de chasser liée à la pénétration de la société de consommation moderne dans ces réserves. Les autochtones sont vraiment conscients que la Nature n’est pas inépuisable et se retrouvent impuissants face à certaines décisions permettant l’exploitation industrielle de la nature (déforestation, détournement de cours d’eaux pour la constructions de barrages hydro-éléctriques, assèchement de marécages etc..)..
Je crois que c’est en vivant de pareille expérience que l’on prend davantage conscience de la situation précaire des différentes tribus indiennes au Québec.
Suite à mon message en réponse à Flying Antoine sur le chef indien je disais donc que parmi les Inuits, des contes et légendes se dégage toujours une leçon de conduite entre le l’homme et la Mère nature.
Un peu plus au sud du Nunavik (Grand Nord Québéois), j’ai eu la chance de me rendre dans un village Attikamekw, Manawan dans le nord de la région de Lanaudière il y a quelques années en février sous un blizzard féroce. Je n’y voyais pas grand chose dans ce presque white out. En rentrant dans un petit restaurant, histoire de se réchauffer, j’ai été accueilli par le boss, un homme d’une impressionnante stature, de manière très chaleureuse et qui me présenta sa famille qui s’occupait de cette petite entreprise. En regardant avec curiosité des portraits peints accrochés aux murs de la salle, le boss se mit à me raconter l’histoire de ses ancêtres et des nombreuses chasses qu’il faisait avec son père aux alentours du Lac Métabeskega près de Manawan.
La plupart des populations autochtones ayant eu beaucoup de mal à s’adapter à la civilisation de l’Homme Blanc dont certains faits sont très révélateurs (chômage, alcoolisme, drogue, suicides..) j’ai remarqué qu’il suffisait d’être un peu curieux auprès des autochtones pour qu’ils vous livrent des histoires et des experiences vécues, un vrai voyage dans les traditions locales.
Enfin une dernière chose qui m’a frappé, les quelques personnes avec qui j’ai pu parler aussi exprimaient toutes un sentiment de résignation face à certains faits qui se déroulent sous leurs yeux et qui y assistent impuissants, je parle de déforestation, détournement des cours d’eaux pour les barrages hydroéléctriques, désintérêt des jeunes générations à l’égard des traditions ancêstrales, langue ou dialecte local en perdition et tout cela au détriment des nouvelles techniques apportées par notre civilisation.
Igal
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