L’intégration après l’immigration on n’arrêtera jamais de le dire est un cheminement de longue haleine.
C’est tout comme se lancer en affaires; on investit ce qu’on est et ce qu’on a pour souvent ne pas savoir si au bout du compte l’investissement en valait la chandelle. « On prend la chance de… » diraient les Anglosaxons.
Malgré les prévisions et plans préétablis, la préparation autant mentale que financière, l’aide et le soutien des proches et des amis notre projet peut rencontrer le désespoir voire l’échec en bout de ligne. Ou encore pour être positif, notre projet peut être une réussite totale!
Tout comme en affaires, ce processus requiert donc beaucoup de travail, de sacrifices, d’essais-erreurs…car il n’y a pas de réussite sans effort dit l’adage.
Je suis une femme à l’écoute des autres femmes issues de l’immigration en région plus précisément à Trois-Rivières capitale de la Mauricie. Et, je puis affirmer sans l’ombre d’un doute que l’intégration socio-professionnelle des femmes est un processus des plus difficile pour plusieurs et quand elles ne retournent pas chez elle, elles choisissent les métropoles. On assiste donc à plusieurs départ de ses femmes vers les plus grandes villes où semble-t-il l’intégration socio-professionnelle serait plus favorable. Mais quittent-
elles la région de leur plein gré ou par solidarité avec leur époux, pour le suivre finalement sans vraiment le vouloir, même si elles de leur côté, ont pu trouver un emploi. Le contraire chez l’homme peut devenir une situation problématique pour le couple ou encore une cause de départ de la région pour le couple.
J’ai été davantage à l’écoute de ces départs depuis le mois dernier et comme si j’avais provoqué le « mauvais sort », six femmes en une semaine sont passées à mon commerce me dire qu’elles quittaient la région. Trois parmi elles s’en allaient pour les villes de Québec et d’Edmonton, et les trois autres étaient forcées de retourner dans leur pays d’origine par leurs époux qui eux ne se plaisaient finalement plus ici.
Une raison principale, la manque de travail donc de ressources financières adéquates pour vivre décemment. La fierté de l’homme qui dans son pays d’origine arrivait à nourrir sa famille par un travail décent se retrouve foulée aux pieds quand celui-ci est contraint de vivre sur le bien-être sociale le temps de trouver un emploi. Lorsque cette situation perdure depuis quelques années, le découragement et l’isolement peut inciter certaines familles à retourner dans le pays d’origine ou partir vers les métropoles.
Comme dit une citation dont j’ignore l’auteur : « L’illusion est l’ignorance. » En effet, lorsque tombe cette illusion du rêve Nord-américain perçue depuis le pays d’origine comme un départ vers la liberté, la grande autonomie financière, le meilleur pour les parents et leurs enfants…Quelle grande frustration, quelle déception de découvrir que l’on ignorait l’essentiel de ce que peut impliquer l’intégration après l’immigration. Un gros travail de patience et de dur labeur pour trouver SA place surtout dans le milieu du travail et de l’autonomie financière dans son nouveau chez-soi.
« Nos économies s’envolent comme un feu de paille, on aura bientôt plus rien, déjà deux années que nous sommes ici et toujours rien de sérieux comme emploi ni pour mon mari ni pour moi » me racontait une de ces femmes.
« Mon mari est découragé; on a tout vendu au pays avant de quitter, il ne se sent plus homme… »
Allez-y comprendre la détresse de ces personnes.
Les conséquences sont énormes pour plusieurs de ces femmes; le divorce, la violence conjugale, etc. Certaines femmes vont se priver de formations académiques complémentaires pour laisser la place à l’homme afin que celui-ci étudie davantage dans le but d’avoir un travail prometteur. D’autres vont accepter de rester à la maison s’occuper des enfants le temps que l’homme se retrouve, oubliant ainsi leurs rêves et projets à elles. Quand toutes les tentatives de mieux-êtres sont sans avenues, certaines femmes peuvent être tenues responsables de ce fiasco par des hommes narcissiques qui iront même jusqu’à les abandonner à leur sort. Tel est l’exemple de Rose (prénom fictif) que son conjoint a abandonné parce qu’elle a refusé qu’ils abandonnent si vite; Il est reparti dans le pays d’origine. Malheureusement pour elle, elle était rentrée au Québec avec un visa visiteur, le temps que sont conjoint régularise sa situation comme conjointe de fait. Bref, il lui a été demandé par l’immigration de suivre son mari puisqu’elle n’avait pas les bons papiers pour y rester. Et pourtant Rose avait trouver du travail dans une garderie en milieu familiale où elle s’y plaisait très bien. Tranquillement elle s’intégrait et se préparait à demander un visa de regroupement familiale… Mais son conjoint qui ne croyait plus au rêve Nord-américain a refusé de régulariser sa situation (…)
Autant d’histoires qui m’ont amenée à faire cette réflexion sur l’impact de la non-intégration des hommes immigrés sur leurs compagnes.
Pour en parler, pour briser l’isolement de ces femmes, trouver des solutions concrètes et durables à l’intégration des femmes issues de l’immigrations et nouvelles arrivantes dans notre région (la Mauricie) qui a pour capitale Trois-Rivières, nous avons parti en 2014 avec deux amies et moi-même un organisme à but non-lucratif. Le Regroupement des Amazones d’Afrique et du Monde en abrégé le Raam s’est donc donné cette mission d’intégration des femmes par les femmes et avec et pour les femmes. Et ce, par le travail et l’entrepreneuriat comme source de développement du leadership féminin et d’inclusion dans la société d’accueil. Avec l’image des « Amazones d’Afrique » vaillantes guerrières de la solidarité, du partage et du réseautage pour mener à bien des projets collectifs et personnels, La devise du groupe c’est :
« Un peu plus haut, un peu plus loin, ensemble! »
Le Raam accueille en son sein toute femme d’ici et d’ailleurs pour qui s’intégrer dans sa société d’accueil ou de vie est une priorité. Pour mieux se faire connaître l’organisme a crée et anime une émission dénommée « l’Amazone, Des questions graves sur un ton léger » sur une télévision locale dans le but d’informer le public trifluvien sur les enjeux de l’intégration au féminin en région.
Le Raam travaille de concert avec les autres organisme féminins et mixtes de la région dans ce but commun de faire connaître les problématiques d’intégration liées à la femme issue de l’immigration et nouvelle arrivante en région.
Le 28 Avril 2017 dernier, le Raam a conjointement avec la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie organisé le Gala Mauriciennes d’Influence qui honore les femmes de la région qui se démarquent dans les sphères décisionnelles de leurs secteurs d’activités. À cet effet sur huit récipiendaires des prix Mauriciennes d’influences dans les huit catégories, trois parmi sont des Québécoises issues de l’immigration. Une autre preuve que l’intégration des femmes bien accompagnée est une source de richesse, de développement et de participation à la vie socio-économique et même politique de la région, du Québec et de tout le pays.
Actuellement le Raam est encore actif et participant avec d’autres organismes et la Table de concertation dans le projet de création d’une Maison de femme pour toutes les femmes d’ici et d’ailleurs en Mauricie.
Une façon concrète et active de répondre à plusieurs enjeux sur la question de la femme en générale et de la femme immigrée en particulier.
Si vous immigrez donc en Mauricie avec la capitale Trois-Rivières, si vous êtes nouvelles arrivantes dans cette région n’oubliez pas de contacter cet organisme qui veut mener à bien sa mission avec chacun et chacune de vous!
Actuellement le Raam se finance par des actions d’auto-financement et un membership; à ce propos, nous organisons pour la journée internationale de la femme africaine le 28 Juillet prochain un souper spectacle bénéfice avec mon entreprise Casafriq et d’autres entreprises partenaires. Tous les bénéfices iront au Raam pour sa noble mission.
Ensemble, un peu plus haut un peu plus loin!
http://www.lesamazonesdafriqueetdumonde.jimdo.com
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