Le 18 mars dernier, l’Amicale du Burkina à Moncton a célébré la journée internationale des femmes par une soirée spéciale au Centre des arts et de la culture de Dieppe. En effet, pour une sixième année de suite, l’association du Burkina Faso a souligné le succès, les réussites, le sacrifice des femmes et leur lutte contre toute forme de discrimination. Que ce soit d’obtenir le droit de vote, l’équité salariale ou un meilleur statut en milieu de travail. Le programme était très diversifié avec les discours des membres du bureau exécutif, les prestations d’artistes, les défilés ainsi qu’un panel de discussion.
Cette année, le thème portait sur la « Femme face aux stéréotypes en milieu de travail ». Un sujet qu’on entend de plus en plus parler dans une société égalitaire comme le Canada. J’avoue qu’en tant que jeune femme qui commence à bâtir sa carrière dans un autre pays, dans une autre langue et après de longues études, ce sujet m’interpelle beaucoup. Si les femmes ont dûment conquis l’égalité de droit, en revanche, l’égalité de fait reste à être concrétisée puisque les inégalités entre les sexes persistent toujours. En effet, « les discriminations de sexe persistent dans la plupart des sociétés et continuent à désigner concrètement des différences de fonctions, de statuts, de droits et de devoirs ».
Ceci nous amène à parler de la discrimination professionnelle des femmes. Alors, accompagnée par deux autres conférencières, notamment, Paryse Suddith, avocate et Sabie Paris étudiante de la maîtrise en travail social à l’Université de Moncton, j’ai fait partie d’un panel de discussion qui se prononçait sur la situation actuelle de la femme dans notre société occidentale. L’échange a été rafraîchissant, avec des témoignages réels et variés qui tendait tous vers la même conclusion: il y a encore un long chemin à parcourir.
Sabie Paris qui réalise sa recherche de maîtrise sur les femmes handicapées souligne que leurs inclusions au marché du travail est primordial et leurs revendications devraient être prises en compte dans les luttes féministes comme le voulait les premières associations féministes de femmes handicapées (AFHM et AFHQ du Canada). « Le fait que ces discriminations ne peuvent être mesurées à l’aune des défis qui font corps au quotidien avec les femmes dont le corps est habité par une incapacité physique ». Celles, qui, physiquement, les différentes sphères de la société leur sont ouvertes avec moins de facilité, car « possédant un stigmate, une différence fâcheuse d’avec ce à quoi nous attendions », pour citer un passage de son mémoire.
La discrimination professionnelle des femmes
Quand nous pensons aux questions des femmes en milieu de travail, nous pensons généralement à des problèmes comme le harcèlement sexuel, l’écart salarial, l’attribution de tâches et responsabilités professionnels. Mais il existe aussi d’autres barrières plus au moins subtiles, qui peuvent être tout aussi nuisibles que les comportements les plus manifestes.
Alors quelle est la différence entre les stéréotypes et la discrimination? Lorsqu’on parle de stéréotype, on peut dire qu’il consiste à simplifier la réalité en permettant de dire « Ils sont comme ceci ou comme cela » et souvent à justifier l’idée préconçue d’un groupe de personnes envers un autre. Par exemple, les gens ont tendance à croire qu’une personne immigrée ne peut pas comprendre le système juridique canadien, car elle n’a pas grandi au Canada. En conséquence, elle devrait seulement pratiquer le droit de l’immigration car elle ne peut pas connaître d’autres choses. Cela revient à généraliser de façon abusive, car cela n’est pas le cas. Ce n’est pas parce qu’une personne vient d’un pays étranger qu’elle ne peut pas comprendre des principes généraux de fonctionnement de la vie politique et juridique d’une autre pays y inclus ses lois et ses règlements qui le régissent. On peut tout apprendre!
Quant à la discrimination, elle revient au fait de traiter une personne injustement, soit en lui imposant des fardeaux, soit en l’empêchant d’avoir accès aux privilèges ou aux avantages offerts à d’autres en raison de sa race, de sa citoyenneté, d’un handicap, de son sexe ou d’autres caractéristiques personnelles. Donc, si une personne est empêchée d’obtenir un poste comme juriste parce qu’elle est immigrante (elle ne peut pas comprendre les lois canadiennes) à ce moment-là, ce stéréotype devient de la discrimination. Comme vous pouvez le constater, de stéréotype à discrimination, le pas est vite franchi! Stéréotypes et discrimination sont donc deux notions intimement liées et interdépendantes. En fait, les stéréotypes sont renforcés par la discrimination.
Plafond de verre
Maintenant, revenons aux femmes en milieu de travail. Le plafond de verre ( glass ceiling) est une expression apparue à la fin des années 1970. Elle reprend une notion présente dans le film d’Elia Kazan, Le Mur invisible. Elle désigne le fait que, dans une structure hiérarchique, les niveaux supérieurs ne sont pas accessibles aux femmes et que les pratiques de discrimination dites imperceptibles affectent l’avancement professionnel des femmes et des groupes minoritaires. Depuis, elle est utilisée pour désigner d’autres catégories de personnes comme les minorités visibles ou les femmes handicapées.
En mettant toutes ces notions ensemble, le panel de discussion était en accord que le plafond de verre est réel et qu’il faut démystifier ces stéréotypes existants pour que les femmes puissent plus facilement accéder aux postes supérieurs. En conséquence, le défi continue pour les femmes quant à l’avancement de leur carrière. Même si la situation s’est améliorée avec le temps, il reste encore beaucoup d’obstacles à franchir.
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