Que me souhaiter à moi femme Noire issue de l’immigration ici en région, ici au Québec, ici au Canada?
Le mois de l’histoire des Noirs est né aux ÉtatsUnis d’une volonté initiale de coordonner l’enseignement des Noirs Américains dans les écoles publiques. Une initiative mitigée à ses débuts mais qui s’est vue devenir essentielle et primordiale quand on sait que l’éducation et la connaissance de son histoire est essentielle voire primordiale à la survie physique et intellectuelle de tout peuple à fortiori les Noirs américains (…)
Cette célébration a bien vite pris de l’expansion et s’est rendue ici au Canada en 1995 quand la députée Jean Augustine a fait voter une motion sur la reconnaissance des Noirs à la chambre des communes du Canada. La ligue des Noirs du Canada et celle du Québec organisent des événements commémoratifs avec un rappel au chemin de fer souterrain. Pour ceux qui l’ignore, le chemin de fer clandestin était un réseau de routes clandestines qui étaient utilisées par les esclaves noirs américains pour se réfugier au delà la ligne de démarcation entre les États abolitionnistes du Nord et les États esclavagistes du Sud appelée la ligne de Mason Dixon jusqu’au Canada avec l’aide des abolitionnistes qui adhéraient à leur cause. Bref, après ce petit clin d’oeil à l’histoire, nous sommes en droit de nous demander la pertinence aujourd’hui de célébrer l’histoire des Noirs ici au Québec, ici au Canada?
Et en quoi est-il important de se remémorer l’histoire de ce peuple avec une mention d’honneur aux femmes.
J’ai envie comme Morgan Freeman de déclarer : « Je ne veux pas d’un Mois de l’Histoire des Noirs. L’Histoire des Noirs c’est l’Histoire Américaine. » En effet Freeman pense que le racisme perdurera tant que les gens s’identifieront par rapport à leur couleur de peau, leur race.
Mais je choisis comme femme Noire, issue de l’immigration ici en région ici, au Québec, ici au Canada de penser comme Virginia Woolf que je cite: « Chacun a son histoire fermée en lui comme les feuilles d’un livre qu’il connaît par coeur et ses amis ne peuvent lire le titre. » Une autre citation dit et je cite: « On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc et du noir sur du noir, chacun a besoin de l’autre pour se révéler. Autant je veux t’ouvrir le livre de mon histoire autant j’ai besoin de connaître la tienne. L’ignorance est une aliénation sans pareille qu’il faut abolir. C’est la méconnaissance de l’autre, de son histoire même entre être de la place qui crée plusieurs conflits souvent inutiles. ET oui il est plus que pertinent voire essentiel de célébrer l’histoire des Noirs ici au Québec et ici au Canada.
Et plus encore, j’opte pour le faire avec un regard féminin, le mois de l’histoires des NoirEs avec comme objectif de partager l’histoire mais surtout présenter ces figures féminines. Présentations qui devrait nous ouvrir à une réflexion. C’est quoi la place de la femme noire issue de l’immigration ici au pays? La prend-elle à sa juste valeur? Est-ce que cette place existe vraiment? Autant de questions, autant de piste de réflexions. Ma réflexion sera celle d’une immigrante noire en région et j’amorcerai mon propos avec une parole de sagesse du célèbre Paolo Coelho et cette parole de sagesse, je souhaite de tout mon coeur qu’elle devienne le socle de notre réflexion comme femme et femme immigrante noire. « Vous devez clore des cycles, non par fierté, par orgueil ou par incapacité mais simplement parce que ce qui précède n’a plus sa place dans votre vie. Cessez d’être ce que vous étiez et devenez ce que vous êtes… »
C’est terminé l’esclavage, c’est banni la traite négrière, c’est terminé ce temps où tu ne pouvais pas t’instruire, t’exprimer, choisir ton chemin, choisir ta carrière…Aujourd’hui, tu peux et tu as le pouvoir de t’exprimer, de choisir la liberté et mener des actions pour la garder et la faire porter du fruit et un fruit qui demeure.
Le Mois de l’histoire des Noires au féminin, c’est un moment pour réfléchir sur ces femmes qui ont résisté au changement, de créer une vie meilleure pour tous, et qui nous interpellent du tréfonds de nos coeurs, des femmes courageuses et fortes. Nous devons également réfléchir sur les femmes dans nos propres vies, et chercher des moyens d’exprimer la force et la sagesse de celles qui étaient avant nous, ainsi que les femmes contemporaines.
Le Canada et le Québec en a connu et connait de ces femmes.
Saistu qu’en 1853 Mary Ann Shadd Cary devient la première journaliste noire d’Amérique du Nord. Elle est la rédactrice du Provincial Freeman, un journal torontois qui se veut la voix des Noires et des Noirs au Canada. En 1870, elle devint également la première avocate noire e Amérique du Nord.
Portia White devient la première chanteuse noire de concert au Canada en 1941. Elle connaît une extraordinaire carrière internationale, donnant plus de 100 concerts, y compris un concert privé devant la reine Élisabeth II.
La militante féministe Rosemary Brown était la première femme noire élue en ColombieBritannique. Elle demeura députée jusqu’en 1986, puis devint cheffe de la Commission des droits de la personne de l’Ontario, pour prendre ensuite la direction du Centre international MATCH.
Yvette Bonny Pédiatrehématologiste, réalise en 1980 la première greffe de moelle osseuse sur un enfant au Québec. Citoyenne d’honneur de la Ville de Montréal, on lui a aussi décerné le Prix des médecins de coeur et d’action, le titre de Femme de mérite du YWCA, le prix Claire Heureuse (première dame de la première république noire indépendante reconnue pour sa générosité et son courage exceptionnels) et le prix Sylvio Cator (modèle haïtien d’énergie et de réussite).
Marlène Jennings née à Longueuil en 1951, est la première Québécoise Noire à avoir été élue au parlement du Canada (en 1997).
D’origine sénégalo-mauritanienne, Aoua Bocar LyTall est militante et experte-conseil spécialisée dans les questions de genre, d’égalité, de diversité culturelle et de développement international. Cofondatrice Comité InterAfricain, un mouvement international de lutte contre les mutilations génitales féminines, elle est aussi membre fondatrice du Regroupement général des Sénégalais du Canada et présidente fondatrice de Femmes africaines, Horizon 2015 et de Fem En Vie. Elle a reçu de nombreux prix, dont le Prix 2005 du gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne », et a été nommée personnalité du mois de l’histoire des Noirs en 2001.
Michelle Jean haïtienne née en 1957 devient en 2010, et après une carrière dans les médias, la première femme Noire Gouverneure générale du Canada (3ème femme à occuper ce poste). Elle a quitté cette fonction en 2005 et est actuellement ambassadrice de l’Unesco en Haïti.
Yolande James avocate alors devient en 2004 la première femme noire à être élue à l’Assemblée nationale du Québec, où elle est également la plus jeune des députées.
En 2007, elle devient ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec. Elle est alors la plus jeune membre du Conseil des ministres et la première personne noire à y accéder.
Roselyne Mavungu présidente directrice générale du réseau québécois crédit communautaire.
Régine Laurent (présidente FIQ)
Régine Chassagne (musicienne et chanteuse, Arcade Fire)
Martine Chartrand (cinéaste)
Mme Dominique Anglade, le 28 janvier 2016, est assermentée Ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation et Ministre responsable de la Stratégie numérique au sein du gouvernement de Philippe Couillard.
Et tu sais quoi, tout près de toi en région ici à Trois-Rivières, Amina Chaffai, militante féministe convaincue, originaire du Maroc. Depuis 2001, elle est l’attachée politique (volet économique), Conseillère politique régionale et directrice de communications Mauricie/CentreduQuébec. Conseillère responsable des relations avec les structures politiques, économiques et communautaires pour la Mauricie. L’implication au sein du conseil d’administration du Centre de santé des femmes de Trois-Rivières a été déterminante pour la suite, soit la découverte de la passion pour le développement social. Plus que les études et la formation académique, c’est l’engagement social qui l’a emmenée professionnellement dans le milieu politique.
Bref, La liste ne tarit pas, la liste est longue. Et le plus beau dans tout cela, c’est que cet élan de liberté et d’intégration comme participante de la vie sociale, économique, politique de notre nouveau pays est conjugué au présent et au quotidien.
La femme Noire aujourd’hui ici au Québec est présente et s’active. Non pour rester figée à une identité collée à sa couleur mais pour s’inclure avec les autres femmes, « les deux autres soeurs » pour continuer ce cheminement des femmes vers leur libre expression, leur épanouissement et leur place dans la société.
Pour dire comme Oprah Winfrey : « Comme vous devenez plus clairement qui vous êtes, vous serez mieux en mesure de décider ce qui vous convient le mieux »
La balle est donc dans mon camp, femme Noire, immigrante, nouvelle arrivante…le sacré « bon moment » c’est maintenant! J’agis!
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