On se souvient tous de la fameuse citation du General de Gaulle devant 100 000 Québécois lors de sa visite officielle en Juillet 1967.
Alors que la révolution tranquille québécoise commençait à peine à être digérée, une telle déclaration provocatrice de la part d’un homme d’état respecté a non seulement affecté les relations entre la France et le Canada mais également entre le Québec et le reste du pays.
Un homme de la trempe du Général de Gaulle avait tout à fait conscience de l’impact qu’auraient ses propos.
De par son histoire, le peuple québécois partage des liens indéniables avec la France.
Et même si le roi de France abandonna les colons français à leur sort, les laissant à la merci des britanniques, les anciens « nègres blancs » entretiennent toujours une relation privilégiée et particulière avec la mère patrie.
Les relations diplomatiques entre la France et le Canada quoique cordiales et coopératives ont pu être houleuses à certains moments en particulier sur le sujet de l’indépendance du Québec.
Dans les années 70, la France a multiplié les provocations diplomatiques à l’égard d’Ottawa. Créant la Francophonie pour rivaliser avec le Commonwealth britannique, la France fait pression sur les pays hôtes pour inviter le Québec seulement sans les autres provinces à sa conférence annuelle, provoquant l’indignation du Canada.
Paris accueillera les délégations québécoises avec les honneurs complets d’état, et ils feront du consulat français à Québec un quasi ambassade. Les différents gouvernements gaullistes multiplieront les visites officielles à Québec sans passer par Ottawa et se prononceront toujours en faveur d’un Québec souverain.
Ils garantissent de reconnaitre le Québec comme une nation si ceux-ci gagnent les référendums d’indépendance.
Pendant longtemps, on soupçonne même Paris de financer l’organisation terroriste et indépendantiste du Front libération du Québec.
En 1997, la Poste Française éditera un timbre à l’effigie du Général de Gaulle lors de sa visite au Québec.
Une normalisation des relations entre les deux pays arrivera cependant avec l’apparition du principe de non-ingérence, non-indifférence. Paris s’efforçant de conserver ses liens privilégiés avec Québec mais de traiter le gouvernement Fédéral Canadien avec respect.
Lors de sa visite officielle à l’assemblée Nationale du Québec, le désormais ex-président Sarkozy résumera en disant que les Canadiens sont nos amis, et les Québécois sont nos frères.
Il soulignera l’amitié franco-québécoise mais avouera quand même que le monde n’a pas besoin d’une division de plus et qu’il refuse le repli sur soi même.
Cette déclaration provoquera un tollé chez les indépendantistes qui se sentent à nouveau abandonnes par Paris. Cassant la non-ingérence non-indifférence, en donnant son opinion, le président Sarkozy a relancé le débat sur le rôle de la France dans la souveraineté du Québec.
Et justement, on peut se demander si la France a réellement à jouer dans un débat, qui finalement ne nous concerne plus, ne nous concerne pas.
Le peuple québécois est un peuple unique à part entière, avec une entité forte, établie et unique. Et quoique l’histoire des bleu et blanc soit lié à la France, on peut regretter que les souverainistes attachent encore tant d’importance à avoir l’approbation et le support de Paris.
Après le discours prononcé à Québec, on peut aisément deviner que Paris ne reconnaitrait l’indépendance du Québec que si celle-ci est approuvée par Ottawa d’abord.
Et c’est bien évidemment ce qui me parait être le plus raisonnable.
Nous convenons tous que le choix d’être indépendants revient aux Québécois eux-mêmes. Ils ont au travers du temps et de l’histoire eue le mérite de se battre pour conserver leur identité et leurs racines.
Après avoir vécu ici depuis un certain temps et observé cette identité qui est la leur, je dois avouer trouver bien légitime le combat mené par les souverainistes.
Néanmoins, en tant que Français, ce combat n’est pas le mien et ne devrais pas être celui de la France en général.
Reconnaitre le Québec comme nation souveraine contre l’approbation d’Ottawa équivaudrait à voir la Corse devenir indépendante grâce à l’appui de l’Italie.
Non mais de quoi on se mêle ? Sérieusement.
Paris, ne doit pas freiner ou se mettre en travers de l’indépendance du Québec.
Néanmoins, ne serait-ce pas une ingérence énorme que de la supporter ?
On lave le linge sale en famille mais on ne mélange pas les torchons et les guenilles.
Pour Paris, la situation est délicate. En appuyant l’indépendance du Québec elle s’exposerait à des dérives face à ses propres indépendantistes : Corses, Basques…etc. et mettrait certainement en péril ses relations avec Ottawa et Washington par la même occasion.
De plus la France passerait une nouvelle fois pour une vieille femme aigrie, avide d’une revanche de 300 ans, apres avoir perdu et abandonné la nouvelle France aux mains des Anglais.
La France n’a plus rien à dire sur l’indépendance du Québec et ne doit pas s’occuper de ce qui ne la regarde pas au risque que les souverainistes se sentent à nouveau abandonnés.
Le choix d’un Québec libre revient tout d’abord aux Québécois. A eux de mesurer le prix et de l’accepter.
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