« Grand ménage » dans le système des étudiants étrangers au Québec
jeudi , 21 novembre 2024
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« Grand ménage » dans le système des étudiants étrangers au Québec

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Réduction du nombre d’étudiants étrangers au Québec : Une réforme ciblée avec des conséquences stratégiques

Le gouvernement québécois, sous la direction de François Legault et avec le ministre de l’Immigration Jean-François Roberge à la manœuvre, est en train de préparer un changement majeur concernant l’accueil des étudiants étrangers. Un projet de loi devrait être déposé sous peu, visant à mieux encadrer leur arrivée, tout en tenant compte des réalités régionales et des besoins de main-d’œuvre. Cette réforme suscite de nombreuses discussions, en raison de ses implications sur l’éducation, l’économie et l’immigration au Québec.

Objectifs du gouvernement : un « grand ménage » réfléchi

Le ministre Jean-François Roberge a exprimé clairement son intention de faire un « grand ménage » dans le système actuel d’accueil des étudiants étrangers. Il souhaite réduire leur nombre, en réaction à une hausse significative de 140 % entre 2014 et 2023, période durant laquelle le Québec est passé de 50 000 à 120 000 étudiants étrangers titulaires de permis d’études.

Cependant, il rassure les régions et les établissements concernés, affirmant que l’objectif n’est pas de « fermer des programmes » essentiels à la survie des cégeps et universités en région. Il reconnaît que la présence d’étudiants étrangers est parfois cruciale pour maintenir certains programmes éducatifs, notamment en région où les inscriptions locales sont souvent insuffisantes.

Conséquences potentielles de la réforme

1. Impact sur l’éducation et la recherche

Le secteur de l’éducation supérieure québécois pourrait être significativement touché par cette réforme. Les étudiants étrangers représentent une source importante de revenus pour les universités et cégeps, notamment parce qu’ils paient des frais de scolarité plus élevés. En réduisant leur nombre, certaines institutions risquent de perdre des ressources financières cruciales. Le ministre Roberge a toutefois insisté sur le fait que cette réforme serait menée avec précision, et que seules les institutions ou programmes présentant des « abus » seraient visés.

La survie de certains programmes, particulièrement en région, dépend de la présence d’étudiants internationaux. Par conséquent, une réduction mal calibrée pourrait entraîner la fermeture de formations importantes, mettant en péril l’offre éducative locale et réduisant les opportunités pour les étudiants québécois.

2. Économie et développement régional

Les étudiants étrangers ne contribuent pas uniquement au système éducatif, ils jouent également un rôle clé dans l’économie locale, notamment dans les villes comme Montréal, Québec et Trois-Rivières. Leur présence stimule des secteurs variés : logement, services de consommation, emploi étudiant, etc. Une réduction drastique de leur nombre pourrait ralentir cette dynamique économique, notamment dans les régions où la présence d’étudiants étrangers est un moteur de croissance.

Toutefois, Jean-François Roberge a souligné l’importance de la « sensibilité régionale » dans la mise en place de cette réforme. Le projet de loi sera conçu pour respecter les besoins des différentes régions, évitant ainsi une approche « mur-à-mur » qui pourrait nuire à certaines communautés dépendantes de ces flux d’étudiants.

3. Intégration linguistique et francisation

Un des enjeux de cette réforme est l’intégration linguistique des étudiants étrangers, en particulier dans le cadre de la politique de protection de la langue française au Québec. Le gouvernement craint que l’arrivée massive de non-francophones crée des défis en termes de francisation. Toutefois, certains observateurs estiment que le problème principal réside dans le manque de ressources pour accompagner ces étudiants dans l’apprentissage du français. Limiter leur nombre sans augmenter les moyens mis en place pour les aider à s’intégrer risque de ne pas résoudre le problème.

4. Lutte contre les abus dans certains établissements privés

Le ministre Roberge a également fait part de sa volonté de lutter contre certains abus liés à l’accueil des étudiants étrangers, en particulier dans certains collèges privés qui voient ces étudiants comme un simple « plan d’affaires » pour vendre la résidence permanente. Plusieurs étudiants arrivent au Québec sans les moyens financiers adéquats ou sans l’intention réelle de poursuivre leurs études, ce qui contribue à des dérives dans le système.

De plus, un phénomène préoccupant est la forte augmentation des demandes d’asile déposées par des étudiants étrangers une fois sur le sol québécois. En 2023, 1 000 demandes d’asile ont été faites par des étudiants dans quatre établissements québécois majeurs, notamment à l’Université du Québec à Chicoutimi et à l’Université Laval. Ce phénomène sera également pris en compte dans l’évaluation globale du projet de loi.

Une approche réfléchie et ciblée

Jean-François Roberge insiste sur le fait que cette réforme ne sera pas menée de manière arbitraire. Une « radiographie 360 degrés » du réseau d’éducation supérieure sera réalisée en collaboration avec ses collègues Bernard Drainville (ministre de l’Éducation) et Pascale Déry (ministre de l’Enseignement supérieur). Ce travail d’analyse permettra d’évaluer précisément les besoins en main-d’œuvre et en services publics, afin d’adapter les flux d’étudiants étrangers en conséquence.

Le ministre souhaite que le projet de loi soit adopté d’ici Noël 2024, afin que les nouvelles règles puissent être appliquées dès la rentrée 2025. Cela laissera du temps pour affiner les critères d’accueil des étudiants étrangers, en tenant compte à la fois des besoins économiques, éducatifs et régionaux du Québec.

Stratégie de développement à long terme ?

Cette perspective soulève des questions importantes sur l’équilibre entre les besoins immédiats du Québec et la gestion à long terme de l’immigration. Il est essentiel que les politiques publiques répondent à ces défis de manière cohérente et transparente, en veillant à ce que l’immigration soit un levier pour le développement économique et social, plutôt qu’un palliatif temporaire aux enjeux structurels. Une planification réfléchie, tenant compte des capacités d’accueil et des services, est cruciale pour garantir que l’immigration contribue véritablement au bien-être de l’ensemble de la société.

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Écrit par
Laurent Gigon

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