Partir à 6000 km de son « chez soi » c’est amorcé une rupture, une sacrée rupture.
On rompt avec un quotidien dans lequel les repères s’étaient forgés et, finalement, étaient confortables malgré la « routine ». On rompt avec une partie de sa famille, pour certains, que l’on ne verra pas forcément aussi souvent qu’avant. Cet avant que l’on a décidé de quitter pour un après dans lequel on fonde tant d’espoirs !
Mais le choix d’immigrer peut être source d’une rupture beaucoup plus lourde et douloureuse. Une petite vie « tranquille », une vie de couple, une vie de famille, même pour certains, et derrière la tête de l’un des membres de cette « petite famille bien sous tous rapports », cette force endormie parfois pendant plusieurs longues années. Ce désir d’aller voir ailleurs. Cette envie n’est pas une envie solitaire, mais souvent celle d’offrir à celui/celle que l’on aime et aux enfants, un monde meilleur, notre monde meilleur.
Malgré cette motivation sans faille, il n’est pas toujours facile de transmettre ce projet à l’autre, qui des années durant a partagé votre quotidien, fait parfois de hauts et de bas, de tristesse et de bonheurs. Et ici l’immigration peut tourner au presque désastre.
Partir ou rester, poursuivre d’attiser cette flamme qui a brûlé de façon permanente en vous discrètement, ou tout abandonner, là, à l’aube d’un renouveau ? Tenter l’aventure en se doutant que des cœurs saigneront, ou lâcher prise pour ne pas perdre l’être aimé ? Cruel dilemme….
Immigrer est parfois synonyme de séparation…. Quand l’autre nous dit qu’elle/il nous suivra, mais qu’au fond ce choix n’en est pas un, mais juste l’expression d’une résignation dangereuse. Savoir entendre le message à travers les doutes et les interrogations exprimés. Mais cette satanée flamme brûle toujours, là…. au fond de soi.
Immigrer, c’est parfois laisser 6000 km derrière soi (ex) femme/mari et enfants, et se demander dans un quotidien de « reconstruction » sur le sol québécois pourquoi ce fantastique projet qui se réalise, là sous vos yeux, n’a pu être partagé. C’est fonder aussi l’espoir de pouvoir un jour lui dire qu’elle / il a sa place ici, en lui montrant que le choix que l’on a fait était le bon. Et puis c’est aussi se remettre en question en s’interrogeant tout simplement sur le sens que l’on veut donner à sa vie dans ce moment de chocs émotionnels que sont à la fois l’intensité de l’immigration au quotidien et le désespoir d’une séparation à la fois tentée, choisie et forcée….
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