Après s’être intégré économiquement, l’immigrant, par la suite, prend plus le temps de s’intéresser à la culture de son nouveau pays et à ce qui l’entoure. Néanmoins, l’intégration globale ne se fait pas par étapes bien définies et dans un ordre établi. En général, intégrations économique et culturelle sont interdépendantes. Disons que, dans un premier temps, l’une a souvent préséance sur l’autre.
Tentons d’abord de définir le mot « culture ». Selon L’UNESCO, la culture est « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs caractérisant une société ou un groupe social. La culture englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. Elle comporte une part collective et une part individuelle.».
Comme vous le constatez, cette définition est vaste et pourrait l’être encore plus. Le but de cette chronique n’est pas de disserter sur ce qu’est la culture, mais d’essayer de voir ce qu’un changement de pays signifie concrètement pour l’immigrant sur le plan culturel. Là aussi, le sujet est vaste, chacun ayant sa propre expérience en la matière. Je me baserai donc sur mon expérience personnelle, qui n’est nullement un cas universel et absolu.
La langue est l’un des principaux vecteurs de la transmission de la culture, au sens large du terme. Pour bon nombres d’immigrants, dont la langue maternelle n’est parfois ni le Français, ni l’Anglais, la maîtrise d’une des ces langues est le premier pas majeur vers l’intégration globale. Il en va de même pour les francophones installés en provinces anglophones, mais aussi au Québec. De part ma profession de traductrice, mon Français n’a pas vraiment bougé. Néanmoins, il m’arrive parfois de chercher mes mots ou de ne plus me rappeler certaines règles de grammaire -temporairement-. Mon Anglais a par contre changé depuis que je vis à Vancouver. Initialement très britannique, ayant vécu en Écosse, il est devenu peu à peu plus Canadien et mon accent s’est « dilué ».
J’ai également adopté pas mal de caractéristiques de la mentalité Anglo-Saxonne. Ici, on va à l’essentiel, autant dans le discours que dans les faits et gestes. On ne s’embarrasse ni de tournures de phrases alambiquées, ni de fanfreluches. Le pragmatisme passe avant tout. On est concret et logique, on aime les chiffres et les faits avérés. Je suis beaucoup plus terre-à-terre maintenant, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant.
Les relations humaines se retrouvent donc aussi beaucoup plus directes et plus simples, mais bien souvent plus superficielles, selon la perception de bon nombre d’immigrants. Mais, c’est la norme. Après une petite période d’adaptation, maintenant j’y trouve mon compte, et je me surprends même à avoir un comportement similaire. Je ne recherche plus à maintenir le contact à tout prix avec les gens que je connais ou que je viens de rencontrer. Ce qui ne signifie nullement que je les ai oubliés ou que je m’en fiche. Je sais simplement que le contact se refera à un moment donné.
Des aspects aussi anodins que la nourriture, les heures de repas, la conduite, les programmes télé, les émissions de radio, le sport font aussi partie de la culture d’un pays. Niveau nourriture, le fast food n’est toujours pas dans ma cuisine, de même que le beurre de cacahuète et la jello. J’ai par contre adopté le sirop d’érable, les pancakes, muffins et autres. Je me suis également ouverte à d’autres gastronomies. Je n’arrive toujours pas à souper à 18h00. Je n’ai aucun problème avec la conduite sur boîte automatique et je ne suis toujours pas passionnée par le hockey, mais cela commence à venir. La publicité à la télé et la pauvreté des informations locales m’agacent toujours autant. En France, c’était plus ou moins pareil.
Trop souvent, la culture est réduite à l’aspect des arts et lettres, c’est à dire la peinture, la littérature, l’Histoire, l’architecture. Mais c’est beaucoup plus que cela. Trop souvent, j’entends également dire qu’au Canada « il n’y a pas de culture », ce qui est faux. C’est une culture qui est avant tout contemporaine, les premiers colons ayant débarqués entre 150 et 400 ans en arrière, selon les provinces. Pour trouver une culture plus ancienne, il faut se tourner vers les Premières Nations. Il ne faut pas oublier que les Premières Nations étaient déjà au Canada bien avant l’arrivée des colons Français et Britanniques.
L’un dans l’autre, je m’y retrouve dans mes deux cultures. Car oui, maintenant je considère la culture Canadienne comme ma culture, au même titre que ma culture Française d’origine. J’ai la chance de vivre dans deux cultures, et me rappeler de cela m’aide bien souvent dans les moments un peu difficiles, quand le moral est en baisse.
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