Je Suis Montréal.
Il ne s’agit pas d’une tendance mégalomane que j’aurais développée depuis ma dernière chronique très terre à terre et très proche de mon quotidien. Soyons tous rassurés. Il s’agit du titre de l’exposition photo qui se tient sur l’avenue McGill College au cœur du centre-ville de Montréal. C’est vous dire comme c’est central ! L’an dernier, l’expos présentait les photos formats géants (environ 1m50 par 1m) de Yann Arthus-Bertrand, le célèbre artiste qui photographie la Terre vue du Ciel (qui est aussi le titre de son fameux livre).
Cette année, l’exposition a pour thème Montréal, grande métropole du Québec, 2ème plus grande ville francophone après Paris, Montréal qui a perdu son rang de 1ère ville du Canada au profit de Toronto, anglophone, il y a déjà bien longtemps.
J’ai redécouvert la rue McGill habillée des « toiles » il y a quelques jours à peine, et totalement par hasard en revenant de déposer quelques CV, mon précédent job s’arrêtant. Je suis alors passé d’une photo à l’autre. Les thèmes sont variés. Il s’agit du travail de 9 créateurs qui ont sillonés chacun 3 arrondissements de Montréal.
Certaines suggèrent le parcours de quelqu’un, attraction particuliere dans son quartier, ou bien totalement anonyme, un coiffeur, un restaurateur, ou un sans-domicile fixe qui a fait le choix de cette vie il y a plusieurs années malgrès sa carrière d’ingénieur ! question de conviction, question de valeurs, question d’être en paix avec soi-même. D’autres couvrent l’architecture d’un monument, d’un immeuble particulier. D’autres encore changent l’angle de vue sur le canal Lachine, ou le Mont-Royal, sur le Stade Olympique de nos Amours. On y évoque aussi les 300 et quelques km de (vraies) pistes cyclables (50 km à Paris ??).
J’ai eu alors l’idée d’en extraire quelques unes pour vous les commenter dans ma chronique.
Ma première photo présente un parc, symbole de tous les parcs. Flying-Antoine l’a dit dans une de ses chroniques, mais le répéter ne fait pas de mal. Montréal est une ville verte. Il y a de nombreux arbres dans les rues. On y trouve de nombreux parcs un peu partout. Des parcs de villes très aménagés, très agréables pour pic-niquer et farnianter le WE (et aussi la semaine pour ceux qui ont les horaires aménagés). Des parcs avec des fontaines, des terrains de sports (oui oui il existe encore des terrains de baseball malgrès la présence du soccer depuis 20 ans), des concours internationaux de chateaux de sables, des concours de scuplture su glace etc etc…. et il y a les parcs natures, plus grands, plus sauvages, avec des boucles de randonnées de 3 à 12 km, des fermes biologiques, des expositions d’artisanats, des maisons historiques, et pas mal de kilomètres carrés d’arbres et de prairies avec leur lot de moustiques. Depuis 2 mois, Curvette et moi visitons l’un après l’autre les nombreux parcs de l’Ile, même les plus oubliés. Vive la citronnelle.
Ma deuxième photo représente une dizaine de couples en train de s’embrasser au belvédère du Mont-Royal. Des couples hétérosexuels de différents âges, des couples lesbiens ou gays aussi. A l’heure où Ottawa a légalisé l’union entre conjoint de même sexe, il est inquiétant de constater que la photo a été lacérée, abimée en travers du couple gay. Un symbole de la bêtise, de l’intolérance de certains qui nient la réalité des sentiments de milliers de gens. Une note a été collée sur la photo par les organisateurs. Pas de militantisme. Une simple note technique mentionnant que cette photo a été vandalisée, qu’elle est un original. Qu’elle appartient au public, à chacun et à tous et qu’il incombe à tous de veiller à son bon état. Un peu plus loin, un tag vocifère au milieu d’une photo d’un des premiers couples gays mariés. Il reste encore du chemin à faire avant d’ouvrir toutes les mentalités à plus de tolérance. Même au Canada.
Des parcs ? toujours des parcs, mais pour enfants cette fois-ci. Ma troisième photo est une vue noir et blanc, en perspective d’une pyramide en toile d’araignée. Un véritable pont de singe pour l’enfant vif que j’étais et qui adorait se balancer et se pendre au dessus du vide sur son portique. Cette photo me rappelle peut-être mes souvenirs lointains. Dans une autre ville, un petit quartier ensoleillé, un terrain de jeu sur une colline, dans un autre continent. Les parcs d’enfants aménagés sont très nombreux à Montréal. La ville en est fière (même si ceux sont les anciens élus qui l’ont fait, et les autres avant eux). Cependant le commentaire de la photo rappelle le taux de natalité misérable des femmes du Québec. La révolution sociale au Québec a eu des effets secondaires qui auront un impact important sur la pyramide des âges dans quelques années. En attendant, on voit en contre-jour ces enfants sur leur pyramide à eux. Et l’artiste de conclure qu’il ne faudrait pas qu’il y ait plus de parcs que d’enfants au Québec dans quelques années.
Deux autres photos présentent des immigranst italiens. Le film québécois Mambo Italiano m’inspire peut-être ? Sur la première, on voit un vieux monsieur tenant une plus vieille photo encore de la maison familiale. La maison achetée avec l’argent chèrement gagnée par les premières générations de la famille venues s’installer il y a déjà longtemps. À l’époque, l’objectif était de pouvoir à terme s’offrir SA maison. En attendant, on dépendait souvent de la famille proche, des cousins plus ou moins éloignées.
Sur la deuxième, on voit un vieil Italien, et sa fille aussi si je me souviens bien. La mémoire me manque. Je préfère vous retranscrire le commentaire officiel qui vaudra mille pirouettes de votre chroniqueur. « Comme beaucoup d’immigrants, Salvatore est retourné un moment dans son pays d’origine, l’Italie, mais est revenu à Montréal quand sa femme est morte. Il est revenu là ou toute sa famille habite depuis des générations maintenant. Comme quoi nous prenons racine là ou nous sommes. Car l’homme après tout, n’est pas un arbre. Contrairement à l’arbre pris dans la terre qui le fixe, l’homme bouge, avance. Il ne peut pas vraiment s’arrêter »
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