De Jeremy971
J’aime bien entendre les Français parler de leur vécu au Québec et dire que la vie est dure, ce n’est pas l’eldorado et bla bla bla alors qu’ils trouvent quand même du boulot, qu’ils ont situation assez confortable, et parfois ça fait même pas deux mois qu’ils sont là. Le truc c’est que je pense qu’on ne comprend pas forcément en quoi consiste l’eldorado. Je vais donc vous raconter une histoire, celle que j’ai vécu en tant qu’Antillais lorsque je suis arrivé en France.
Je me souviens de mon arrivée en métropole, j’avais comme objectif de bosser dans une banque. J’ai postulé à toutes les annonces possibles et inimaginables pendant un mois, j’ai fait quelques entretiens. On m’a envoyé balader à tous, pas assez d’expérience, on me sortait ça même pour des tafs d’apprentissage.
J’avais quand même pensé à côté à postuler à des boulots alimentaires et j’ai eu l’appel d’un manager d’un restaurant. J’ai donc trouvé un boulot de serveur après un mois. Le taf était à plus une heure et demie de chez moi, je devais aller de porte dorée, à Courbevoie. Et la clientèle là-bas c’était des petites vieilles qui ramenaient leurs chiens et qui voulaient qu’on serve leurs animaux, et qu’on ramasse leur crotte. Quant au manager il ramenait sa famille toutes les semaines et on devait le servir en priorité soi-disant pour tester la qualité du service. Je me suis fait virer au bout de deux mois…
Après ça j’ai encore galéré un mois avant de trouver un boulot d’agent en gare. Je pensais bosser pour la SNCF mais en fait c’était pour un sous traitant. On faisait le même travail que les fonctionnaires de la SNCF mais on était payer au SMIC. Bon j’ai quand même eu la possibilité d’obtenir une promotion de manager au bout d’une semaine, création de site oblige et j’ai pu augmenter mon salaire à 1600€. Le truc c’est que pour atteindre ce niveau je devais bosser jusqu’à 1H du mat sur des shift de 9H45, les weekends, jours fériés, et sur des quais gelés en hiver.
Après un an et demi, j’ai à nouveau postulé à des banques comme d’habitude elles m’ont toute recalé. Sauf une ! Mais la formation pour le poste de conseiller financier était à trappes. Ca prenait plus de 2H de transport pour un aller quand tout allait bien, et 4H quand il y avait une grève, de la neige ou que sais-je encore. La formation a duré 9 mois. Ils éliminaient les retardataires, les absentéistes. Au final sur les 25 élèves, ils en ont pris 12.
Et vous savez quoi ? Après 2 ans je travaillais dans une banque.
Donc je sais pas qu’est-ce que vous entendez par le mot eldorado ? Si pour les Français l’eldorado consiste à rester chez soi, à se plaindre, et à attendre que le gouvernement vous donne un chèque. Mais pour moi l’eldorado c’est obtenir la récompense de ses efforts.
Durant toute cette période de ma vie j’aurais pu être abattu, me dire c’est impossible, ça demande trop d’efforts. Pourtant je l’ai fait. Et après ça, je me suis payé des voyages à travers le monde, une grosse moto, et même le luxe de me dire que ce n’était pas encore assez pour moi et de tout plaquer pour venir au Canada.
Le Québec ce n’est surement pas cet eldorado mythique regorgeant de richesses, avec les rues pavées d’or, les arbres en chocolat, … Sur ce point je suis bien d’accord, et je pense que personne n’est suffisamment idiot pour le penser. Mais si on s’en donne la peine je suis sûr qu’on peut obtenir ce que l’on veut.
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