L’Amérique en français
Aujourd’hui je vis en Amérique du Nord, en français. Je fais partie de la minorité francophone du Continent, qui représente à peine plus de 2% de sa population. Historiquement et encore aujourd’hui, les francophones d’Amérique sont majoritairement Québécois. Le français est leur langue maternelle depuis 1534.
Il est facile d’imaginer le combat qu’a été le maintien du français dans ce coin d’Amérique pendant les cinq derniers siècles. Parce qu’il correspond à une réalité historique, à la culture et aux racines de plusieurs millions de personnes, l’existence du français en Amérique du Nord est légitime.
Le Québec s’est doté d’une loi de protection de la langue française en 1977, qui fait du français la langue officielle de la province. Mais le véritable défi de demain sera de faire adopter le français aux nouveaux immigrants.
Si cette idée paraît extrémiste pour certains, en réalité elle ne l’est pas. Tous les pays avec une tradition d’immigration veulent voir leurs immigrants parler la langue officielle : les États-Unis, le Canada anglophone, la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Australie. Même si les politiques diffèrent, même si certains préfèrent l’intégration et d’autres l’assimilation, la langue reste le facteur numéro un d’une immigration réussie.
Sur les cinq dernières années (1995-1999), les immigrants allophones (ne connaissant ni le français ni l’anglais) reçus au Québec représentent 40% du total des immigrants. Sur la même période, moins de 15% des immigrants reçus ont le français comme langue maternelle..
Les immigrants savent en venant au Québec que le français y est la langue officielle, et qu’ils devront envoyer leurs enfants à l’école française. Pourtant, je connais des immigrants allophones qui, après presque dix ans passés au Québec, parlent un anglais fonctionnel et toujours pas un mot de français, bien que leurs enfants aillent à l’école française !
Selon Gérard Bouchard, frère de l’actuel Premier Ministre et professeur d’université, « il importe de mettre en place des conditions qui créeront une attraction vers le français », et d’éviter « les initiatives radicales qui ne seraient pas fondées et produiraient à long terme des effets contraires à ceux recherchés, en dressant les Néo-Québécois contre la langue française et la culture qui y est associée ».
Un discours très théorique, qui rend probablement compte de la complexité de la situation. La langue reste un sujet délicat pour tout le monde.
Seb Redflag
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