De Malica
Le 11 septembre 2001, Pourquoi je suis à Montreal
Aujourd’hui le cinquieme anniversaire des attentats a New York et je me trouve devant la tele en reflechissant, enfin, apres cinq ans, sur le theme de pourquoi je suis venue au Quebec.
Ce jour-la etait si beau si clair, c’etait le matin, le debut de la journee, j’etais en train d’aller au travail, ma coloc etait deja partie, elle travaillait au 44eme etage du world trade center et on a parle d’aller au magasin Century 21 en face des tours jumelles. Mon pere etait dans son loft a Soho, pas loin, moi j’attendais l’autobus, j’ecoutais la radio de mon walkman, il y avait du bruit je ne pouvais rien entendre mais…quoi? il dit quoi? Les gens autour commencent a courir…. Pour moi c’etait plus personnel, j’etais convaincu que la guerre a eclate a New York comme il s’est eclate en Yougoslavie, et que ca allait durait des annees — mais les gens autour de moi me disent (a New York on est toujours entoures des gens, on n’est jamais seul, et tout le monde parle avec tout le monde) on me dit que l’armee va tout controler tout de suite, ne t’inquiete pas. Et vite on etait dirige dans les rues vers le fleuve, ou je suis restee toute la journee pour voir tombent les tours, puis le numero 7 ou trouvait l’antenne de la radio que j’ecoutais (fini les commentaires, il n’y avait plus de musique apres 8h45 a NY ce jour-la). Mon cellulaire sonnait de temps en temps, pour la plupart il ne marchait pas car l’antenne principal etait la en haut.
Ce qui me frappait le plus c’etait peut-etre les affiches qui apparaissaient dans les rues, dans les metros, des photocopies de photos des gens, beaux, jeunes, souriants, et ecrit la-dessous « Avez-vous vu ma fiancee…papa ou es-tu…recherche mon fils qui travaillait au 106eme etage…. » Des jours suivants, des moments de grande fraternite et aussi des moments d’extreme haine et racisme.
Mon ami etait au Canada, je decide de partir. Je prends l’autobus vers Montreal. Le bus est presque vide. J’y reste une semaine, un autre ami de NY me rejoint (pas encore possible d’aller en avion). De retour, on m’arrete a la douane, on questionne mon passeport, on me dit qu’on me soupconne d’etre clandestine avec des documents falsifies. (Ben Laden portait un passeport bosniaque.) Apres des heures on nous laisse partir, l’ami est tres fache contre moi au debut mais en route toujours en Greyhound il m’achete des glaces. Ma coloc s’est retrouvee chez sa soeur. Je vais au Consulat et depose ma demande de residance au Quebec.
Malica
(immigrante du Québec, originaire de Croatie)
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