La perspective d’un plafonnement des étudiants étrangers au Québec suscite une onde de choc au sein des universités, entraînant une baisse significative des demandes d’admission et provoquant des inquiétudes sur la recherche et le financement des établissements. La baisse des inscriptions des étudiants internationaux constatée cet automne se poursuit au trimestre d’hiver.
Un recul marqué avant même les annonces officielles
Avant même la publication officielle des plafonds par le ministre de l’Immigration du Québec Jean-François Roberge, plusieurs universités de la province constatent un effondrement des demandes d’admission. L’INRS, l’Institut national de la recherche scientifique, qui accueille 67 % d’étudiants internationaux, rapporte une chute de 32 % des demandes pour l’automne 2024. À l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), où 37,8 % des étudiants sont étrangers, la directrice Marie-Karlynn Laflamme observe déjà une diminution marquée des inscriptions, attribuant cette baisse à l’incertitude liée aux annonces provinciales et fédérales.
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Un coup dur pour la recherche scientifique
Les programmes de maîtrise et de doctorat sont particulièrement touchés. À l’ÉTS, où les étudiants étrangers représentent un tiers de la population étudiante, les demandes chutent de 30 à 40 % pour la session d’hiver. Ces étudiants jouent pourtant un rôle clé dans la recherche appliquée et les projets avec les entreprises. Polytechnique Montréal signale également une baisse préoccupante, rappelant que 60 % de ses étudiants en maîtrise et 70 % en doctorat viennent de l’étranger.
Des répercussions financières majeures
Outre l’impact académique, les pertes financières inquiètent les universités. Les étudiants étrangers paient des droits de scolarité bien plus élevés que les étudiants québécois, contribuant largement au budget des établissements. Par exemple, à l’INRS, les frais pour un étudiant étranger peuvent atteindre 12 048 $ par trimestre, contre 1 644 $ pour un étudiant québécois. À l’ÉTS, un étudiant étranger paie jusqu’à 25 600 $ par an selon son programme, comparativement à 3 600 $ pour un étudiant local. Cette différence substantielle constitue une source essentielle de revenus pour maintenir la qualité de l’enseignement et de la recherche.
Appels à protéger les cycles supérieurs
Face à cette crise, de nombreuses voix s’élèvent pour demander au gouvernement de préserver les programmes de maîtrise et de doctorat des plafonds à venir. Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec, souligne que sans l’apport des étudiants étrangers, son propre laboratoire n’aurait pu se hisser au rang de leader mondial en recherche sur la santé mentale. Il insiste sur l’importance de maintenir, voire d’augmenter, les admissions aux cycles supérieurs pour compenser le manque d’étudiants québécois dans des domaines clés comme les sciences de la vie, l’ingénierie et l’aérospatiale.
L’impact sur l’économie et l’innovation
L’apport des étudiants étrangers ne se limite pas aux campus : 75 % des diplômés des cycles supérieurs s’installent au Québec, contribuant activement au développement économique de la province. Jean-Alexandre d’Etcheverry, de l’ÉTS, prévient que la baisse des inscriptions aux cycles supérieurs pourrait nuire à la formation des ingénieurs et limiter la capacité de la province à répondre aux besoins des entreprises.
Conséquences budgétaires et survie des programmes
L’impact financier est tel que certaines universités envisagent déjà des compressions. L’Université McGill a annoncé qu’elle procéderait à d’importantes coupes budgétaires, anticipant une chute des revenus liés aux étudiants étrangers. De son côté, l’UQAC évalue divers scénarios, laissant entendre que des programmes moins fréquentés pourraient disparaître.
Un avenir incertain pour l’enseignement supérieur québécois
Alors que le gouvernement promet de préserver les programmes en région, il reste flou sur la protection des cycles supérieurs. Les universités attendent avec anxiété l’annonce des plafonds, redoutant une décision qui pourrait non seulement affaiblir la recherche, mais aussi nuire à l’attractivité internationale du Québec.
L’avenir des universités québécoises dépend désormais de la capacité du gouvernement à concilier la maîtrise des flux migratoires avec la nécessité de préserver l’excellence académique et la vitalité économique de la province.
Source : La Presse canadienne, Radio-Canada
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