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Le pays du froid et…

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« Le pays du froid et des moustiques »

Pas facile de résumer le climat québécois dans un titre. Malgré tout, je trouve que cette toune de Lili Fatale illustre assez bien certains aspects et paradoxes que l’on retrouve ici.

À la faveur donc de l’arrivée des douceurs printanières, marquant par le fait même la fin des rigueurs de l’hiver, revenons un temps sur un sujet qui en inquiète plus d’un : le climat québécois. Évidemment, il sera question de l’hiver, mais cela serait passer totalement à côté du sujet que de réduire les questions climatiques à un simple épisode hivernal, aussi long soit-il.

Une première chose à bien avoir en tête : ici, il y a quatre vraies saisons. Quatre vraies saisons qui ont des durées variables, certes, mais qui provoquent de multiples transformations, voire de profondes métamorphoses du paysage. Rien à voir donc avec cet automne interminable (en un seul mot s’il vous plait !), si commun aux latitudes parisiennes.

Deuxième chose très importante à connaître : le Québec, et l’ensemble du Canada, n’ont pas un climat tempéré comme en Europe occidentale. Pas ou peu d’influence océanique, exception faite de la région de Vancouver qui subit (le terme est choisi), une forte influence venant du Pacifique. Et lorsque l’on parle de climat « non tempéré », une idée préconçue consiste encore une fois à ne penser qu’à la saison hivernale, mais la réalité ne se limite pas à cela. Loin s’en faut !

Dernière chose, durant toute l’année, la durée d’ensoleillement à Montréal est largement supérieure à celle de Paris, y compris durant les mois d’hiver ! À bon entendeur….

Le printemps : en quatrième vitesse !

Commençons par le printemps, puis ça tombe bien, il vient de commencer depuis quelques jours. Oui, évidemment, si vous vous trouvez encore en Europe, vous vous dites qu’arrivé fin avril, il serait temps qu’il commence ce printemps !

Il se trouve que cette saison marque les premiers bouleversements climatiques de l’année. Arrivé vers la fin mars (début théorique du printemps), les températures parfois extrêmes de l’hiver font place à des journées froides, certes, mais qui paraissent tellement plus douces comparativement aux –20°C ou –30°C des mois de janvier et février. En clair, à quelles températures faut-il s’attendre ? Disons aux alentours de –5°/0°C, avec des pointes plus hautes et plus basses. La moyenne du mois de mars à Montréal est de –1°C (-4°C pour Québec).

Fin mars début avril (selon les années), on a parfois l’impression de revenir en arrière, de revenir à l’automne. La neige fond, laissant doucement apparaître les vestiges laissés derrière nous en novembre : feuilles mortes, herbe humide et brûlée par le gel. Et lorsque je dis « vestiges oubliés », je parle aussi des déchets parfois négligemment laissés entre deux tempêtes et les centaines de mégots de cigarettes, jadis fumés furtivement et frileusement par les employés de bureau pendant leurs pauses.

Bref, après cinq mois d’hiver, la nature poursuit sa décomposition interrompue par le gel et la neige. Odeurs d’herbe et de feuilles humides, de terre gorgée d’eau…. tout ce qui rappelle l’automne donc. Mais cette sensation s’évapore très vite (le terme est bien choisi, vous ne trouvez pas ?), selon les faveurs du soleil, de plus en plus présent est surtout, de plus en plus efficace !

Arrivés donc en avril, les températures effectuent des allers et retours d’un côté et de l’autre du fameux et redouté point de congélation (terme communément utilisé par les animateurs météo d’ici). Avril, c’est sans doute le mois où les écarts de température sont les plus forts. En passant d’ailleurs, les grands changements de températures parfois constatés dans une même journée, est une autre caractéristique du climat québécois. Ainsi, il n’est pas rare d’avoir des températures de 20°C en avril, mais il n’est pas exceptionnel non plus d’en avoir aux alentours de –10°C (comme au début du mois). Il y a deux ans d’ailleurs, quelques jours après une tempête de neige pascale, les températures ont atteint les 28°C et nous sortions en manches courtes, tout en contemplant les tas de neige fondre…. comme neige au soleil justement !

Écarts de température qui, au début et à la fin de l’hiver, provoquent souvent des vagues de contagions de rhume dans les entreprises et les écoles. C’est le climat des amplitudes thermiques extrêmes. C’est surtout cela, bien plus que de l’hiver, dont il faut vraiment faire attention. D’ailleurs, le moment où l’on entend le plus tousser dans les transports en commun, ce n’est pas en janvier ou février, mais dès qu’il y a des petits redoux et lorsque l’hiver touche à sa fin.

Pour revenir au mois d’avril, vous comprenez donc notre embarras lorsque sur le forum, on nous demande quelle est la température durant ce mois. La moyenne de 6°C pour Montréal (3°C pour Québec), ne veut vraiment rien dire ! Nous avons connu des 20°C cette année alors que nous n’étions qu’à la mi-avril.

Arrivé au mois de mai, cela se précise. On approche les 200 heures d’ensoleillement pour le mois (à Montréal) et les tables commencent à garnir les terrasses des bars et cafés. C’est aussi durant le mois de mai que les températures à Montréal dépassent celles constatées à Paris et dans la plupart des villes françaises. Avec le mois de juin, c’est sans doute le mois le plus agréable de l’année.

D’ailleurs, les températures constatées en juin à Montréal sont presque identiques à celles de la ville de…. Nice !

L’été : l’autre saison des extrêmes.

Et voici donc l’été…. Autre grand bouleversement ! Des températures chaudes, parfois même très chaudes, qui sont encore une fois identiques à celles de Nice. Différence de taille, l’humidité qui confère une toute autre impression.

En effet, à la faveur d’un courant atmosphérique ayant pris naissance dans le golfe du Mexique, toute la côte Est des Etats-Unis, le Québec et une partie de l’Ontario se trouvent pris dans une masse d’air tropical extrêmement humide et chaud.

Il faut d’ailleurs savoir que lors des étés avec de bonnes chaleurs, l’humidité est un facteur aggravant pour le corps humain qui doit fournir beaucoup plus d’efforts pour s’adapter. Et là, les ventilateurs ne suffisent plus à se rafraîchir, car l’air doit d’abord être débarrassé de l’humidité. C’est pour cela que l’usage des climatiseurs est très courant, surtout en ville.

Malgré tout, ces périodes de chaleurs quasi-tropicales ne durent pas. Trois ou quatre semaines au plus, réparties tout au long de l’été. Heureusement, le soleil est très souvent présent. En août 2002 d’ailleurs, nous avions dépassé les 300 heures d’ensoleillement durant le mois !

Croyez-moi bien, c’est tout une adaptation ! …. Autant l’hiver, quelle que soit la température, on peut facilement se réchauffer (habillement, habitation très bien chauffées….), mais l’été ? Difficile de trouver une parade à la chaleur moite sans utiliser un climatiseur. Et oubliez les soirées « fraîches »…. Il y en a rarement en juillet et août !

Bien sûr aussi, qui dit chaleur et humidité, dit moustiques et « grosses bibittes »…. Et lorsqu’on dit moustiques et bibittes, cela n’a rien à voir avec les petites bêtes que vous avez coutume d’écraser négligemment sur la terrasse de votre bicoque bordelaise…. mais d’anciennes chroniques sur le sujet vous en diront bien plus sur ces encombrants visiteurs estivants.

Parures d’automne.

Après l’hiver, l’automne canadien doit être la saison qui éveille le plus l’imagination. Les immenses forêts rouges et or, le soleil bien présent encore et des températures qui fléchissent doucement.

C’est dans la première quinzaine d’octobre que l’on commence à sentir cette troisième métamorphose de l’année. Mais, tout comme durant le mois d’avril, le temps peu nous réserver quelques surprises : premières chutes de neige, ou températures estivales.

D’ailleurs, c’est aussi durant cette période que peut se produire ce que l’on appelle « l’été des Indiens » (entre le début octobre et la mi-novembre). Oui, ici on dit « été des Indiens », même si tout le monde connaît bien l’expression plus française « d’été Indien ». D’ailleurs, expression que certains Québécois utilisent aussi parfois.

Tout d’abord, l’été des Indiens ne se produit pas de manière systématique. Pour avoir lieu, ce phénomène climatique doit satisfaire plusieurs critères. Mais n’oublions pas que l’été des Indiens n’est pas réellement scientifique, mais plutôt populaire. Les critères ne sont donc pas vraiment « coulés dans le béton ». Malgré tout, on entend parfois tout et n’importe quoi sur le sujet. Donc, pour mettre les choses au point, on considère que l’on vit un été des Indiens lorsque :

– la période de temps exceptionnellement chaud suit une période de gel d’au moins 3 jours.
– le temps est généralement ensoleillé
– il n’y a pas ou peu de précipitations
– les vents sont légers, de direction variable
– il peut y avoir du brouillard matinal
– les températures nocturnes sont près des normales de saison
– les températures diurnes sont plus élevées que la normale (environ 4 à 6 degrés de plus)
– ces conditions doivent se poursuivre pendant au moins 3 jours.

L’été des Indiens dure généralement quatre jours et se produit le plus souvent entre le 6 et le 16 octobre. Le phénomène peut également se produire plus d’une fois durant l’automne, mais on peut aussi ne pas le connaître certaines années.

Mais lorsqu’on parle d’été des Indiens, il s’agit là d’un vrai retour de l’été, avec des températures de 25°C voire les dépassant (28°C le 17 octobre 1947 à Sherbrooke).

Alors, il est facile de comprendre que ce phénomène agit aussi sur la nature. Les arbres par exemple, que l’on commençait à voir jaunir, voient leur sève remonter d’un coup suite à ces chaleurs. La sève réalimente les feuilles en train de mourir mais, étant donné qu’elles ne peuvent plus verdirent une deuxième fois, elles prennent ces couleurs rouges et orangées.

Et cet hiver si…. blanc !

Ah l’hiver ! Vous le savez, ma saison préférée ! Je la regrette déjà cet hiver qui s’est achevé trop vite, sans avoir beaucoup de tempêtes de neige. Malgré les ennuis que ça peu me causer au travail, c’est un irrésistible plaisir que de vivre ces hivers québécois incomparables.

L’hiver commence donc en novembre. Même si, ces dernières années, on l’attendait encore en décembre. Malgré tout, c’est en novembre que les premières vraies tempêtes de neige font leur apparition. Pas de températures bien froides, avec des minimales rarement en dessous de –10°C.

Au mois de décembre, l’épaisseur de neige commence à se constituer (surtout en région). Parfois un redoux, qui provoque de la pluie verglaçante, sans aucun doute ce qu’il y a de plus ennuyant durant les hivers au Québec. Ainsi, il n’est pas rare de se retrouver avec quelques millimètres de glace sur la voiture ou sur les trottoirs. Pas le choix de se déplacer lentement, de passer du temps à gratter, réchauffer et briser.

Au mois de janvier par contre, le froid est bien là. On en a souvent parlé cette année sur le forum, qui fût une année assez exceptionnelle à cause du froid. Là, et contrairement à ce que j’ai pu lire parfois ici, l’humidité ne joue presque plus aucun rôle. L’humidité n’accentue l’effet du froid qu’entre les –5 et +5°C…. Pas plus bas. Ce qui agit vraiment sur cet effet de froid, c’est le vent !

D’ailleurs, il est facile de comprendre qu’en deçà d’une certaine température, l’humidité de l’air se solidifie et les gouttelettes retombent au sol très vite. Il y a deux ans par exemple, suite à l’arrivée d’une masse d’air un peu plus humide, des flocons sont tombés sur Montréal alors que le ciel était tout bleu ! Phénomène qui arrive occasionnellement, alors que le froid vif transforme l’humidité de l’air en une sorte de neige !

Donc, les mois de janvier et février peuvent connaître des températures très froides accentuées par le vent, très présent au Québec. Les fameux 100 jours consécutifs au-dessous de zéro degré, c’est bien plus qu’une légende. Il est même fréquent de connaître plusieurs journées de suite avec des températures maximales (j’insiste sur « maximales ») à deux chiffres, mais en dessous de zéro bien sûr !

Évidemment, tout est prévu pour l’hiver ici ! Depuis le temps, le Québec a pu s’adapter !…. Mais lorsqu’il faut aller au travail, attendre le bus, faire ses courses, etc. par –20 ou –30°C, il faut se préparer et également s’adapter. L’hiver au Québec, c’est une affaire sérieuse !

Mais quelle beauté ! Quatrième métamorphose du paysage. On a l’impression de changer de ville, de changer d’environnement. C’est un vrai plaisir ! On guète la moindre averse de neige, on attend impatiemment le bulletin météorologique (qui est même diffusé dans les voitures du métro à Montréal), etc. Bref, on reste prêt à parer à toute éventualité en attendant l’arrivée du printemps….

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Écrit par
Petit-Prince

Mais qui est donc Petit-Prince ? Après s’être évanouit dans le désert sous les yeux médusés de l’aviateur en perdition, le revoilà au pays du froid et du sirop d’érable. Jean-Philippe Rousseau, de son vrai nom, est un Normand pur jus (dans le sens qu’il a souvent baigné dans le Calva). Malgré tout, il ne s’est pas contenté de sa douce campagne normande et a parcouru la France de long en large, avant d’échouer à Paris en 1995… C’est un passionné. Un passionné d’idées, de débat et de joutes verbales, qui l’a conduit à s’engager activement en politique le jour même de ses 18 ans. Il l’a fait en tant que responsable associatif bénévole et enfin en tant qu’assistant de sénateur durant presque quatre années. Mais ne vous méprenez pas ! Loin d’être un " politicard ", c’est un anticonformiste né. Il revendique haut et fort son statut de disciple de la génération des " Hussards ", cette " gang " d’écrivains français des années 50-60, en tête desquels on retrouvait Antoine Blondin, Roger Nimier, Michel Déon et un certain Marcel Aymé. Dans le même esprit, il se délecte des citations de l’inénarrable Michel Audiard, qu’il considère comme le plus grand dialoguiste français. Passez lui le film " Les Tonton Flingueurs " et ca sera l’extase suprême devant le jeu d’acteur de Lino Ventura et autres Bernard Blier. Autre passion : l’écriture. Et il écrit comme il parle, c’est-à-dire beaucoup ! Sur l’air de " j’aurai voulu être un artiste ", lui aurait voulu être journaliste. Au lycée, il lance un modeste journal satirique et sitôt entré à l’université, il fonde un journal étudiant où il peut assouvir sa passion sans retenue (ou presque). Mais toutes ces expériences palpitantes ne l’empêchent pas de sentir de plus en plus monter en lui, une certaine amertume. Comme le disait Charles Péguy au début du siècle dernier : " Mon pays me fait mal " et Jean-Philippe s’en détourne en découvrant le Québec à travers Internet en 1998. Mais c’est lors de son premier grand séjour dans la Belle Province, durant l’été 2000, qu’il tombe définitivement " en amour ". Trois visites touristiques plus tard, le voilà qu’il pose définitivement ses bagages à Montréal le 30 septembre 2001, juste avant d’avoir ses 28 ans. À côté d’un emploi administratif dans une grande compagnie montréalaise, il occupe ses temps libres à concevoir des sites Internet afin de progressivement se mettre à son compte. Ce petit Français reste émerveillé devant l’espace d’initiative et de créativité que lui offre le Québec. Il se sent tellement bien dans son nouvel environnement, que même si son sang reste français, son cœur est déjà profondément québécois. Il ne lui manque plus que d’avoir la retransmission du Tournoi des six nations de rugby, ainsi que la possibilité d’acheter de vrais croissants à côté de chez lui pour se sentir comme au Paradis. Mais tout vient à point à qui sait attendre, n’est-ce pas ? Site perso : La grenouille givrée… Baptisé « le parrain des blogistes immigrés » par le Courrier international à l’automne 2006

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