Le Québec n’échappe pas aux clichés !
Ma chronique du jour se veut être un aperçu des stéréotypes qu’ont les Français au sujet des Québécois et du Québec. Chaque pays de par le monde véhicule des clichés, des principes, modes de vie qui leur sont propres, bien entendu le Québec n’y échappe pas (dans cette chronique considérons le Québec comme un pays). Certains sont véridiques, d’autres exagérés ou même « archifaux », certains sont d’une autre époque, mais ils demeurent encore très présents dans les esprits.
Pour ma part, je ne sais plus trop ce que je croyais avant de traverser « la grande flaque » et de déposer mes valises à Québec. J’ai dû alors tendre l’oreille, sonder mes amis français ou québécois, et fouiller dans mes souvenirs, pour vous concocter ceci.
Ils sont où les Indiens ? Voilà bien une question qui trotte dans la tête de nombreux touristes. Bien sûr qu’il existe des réserves amérindiennes (ou indiennes pour ceux qui préfèrent), mais il n’y en a pas partout. Les autochtones n’habitent pas dans des tipis et ne portent pas de plumes sur la tête. Celles-ci sont réservées pour le folklore. Ils vivent dans des maisons plus ou moins à l’écart des villes.
A propos des Québécois, supprimez de votre tête l’idée de rencontrer une population de bûcherons vêtus d’une chemise carreautée (à carreau). Ce n’est pas qu’ils n’en portent jamais, mais tout comme les bérets pour les français, ce n’est pas une généralité.
Aussi le Québec n’est pas uniquement habité de ruraux, en effet, les citadins sont aussi en nombre comme le démontre le taux d’urbanisation : 78 % au Québec. En particulier, dans le secteur de Montréal, où une majorité de Québécois ont élu domicile (40 à 50%).
En cherchant bien, je me souviens d’une chose que je croyais avant de connaître le Québec.
J’imaginais le Québec recouvert de forêts avec quelques trouées pour faire de la place aux villes. Mais non ! De grandes régions agricoles recouvrent également le territoire, notamment dans la partie méridionale alors que dans le nord du Québec, la déforestation grignote chaque jour de nouvelles parcelles de forêts vierges de toutes activités humaines.
En fait, je confondais le Québec avec l’Alaska. Voyez-vous ce que je veux dire ? Le paysage décrit par Jack London ! Ces rivières qui sillonnent les vallées creusées jadis par la fonte des glaciers, (aujourd’hui cloîtrées au sommet des montagnes). Ces forêts ancestrales, omniprésentes, qui semblent ancrées à jamais au sol de cette terre sauvage.
Sans oublier le fameux cliché de l’ours brun (grizzli) frappant de ses puissantes pattes le saumon qui jaillit hors de l’eau lors de sa lutte contre le courant de la rivière.
Première surprise : ici, au Québec, c’est son cousin, l’ours noir, qui parcourt la forêt ! J’en profite aussi pour avertir qu’ici, vous aurez plus de chance de croiser un orignal qu’un caribou (sauf dans le Grand Nord). Néanmoins, une population de caribous est encore bien présente dans les Monts Chics-Chocs, en Gaspésie.
Deuxième surprise : les grands espaces ne sont pas toujours proches des grandes villes débordantes d’urbains, qui la fin de semaine, s’élancent sur les routes à la recherche de la nature perdue. Des routes, qui semblent interminables comme se plaisent à dire les touristes européens, mais dont la rectitude ne fait pas toujours légion. En effet, dans certaines régions le relief chaotique nous inflige des routes vallonnées dont les curves (virages) nous exigent toute notre concentration à bord de notre grosse cylindrée, faisant du 12 litre aux 100 km !
D’ailleurs, il me semble qu’en général, les Québécois ne sont pas plus exemplaires au volant que les Français, à part peut-être ceux vivant en région.
Eux aussi connaissent le bruit retentissant du klaxon si ta conduite ne fait pas leur affaire, les excès de vitesse, les dépassements par la droite ou encore le non respect des distances de sécurité. Certains traits de caractère subsistent toujours malgré l’éloignement des origines latines ! Aussi, si vous êtes piéton, ne comptez pas trop sur la courtoisie des automobilistes pour vous laisser traverser la route, à moins d’aller dans une province maritime. Bien entendu, tous les Québécois ne sont pas des chauffards irrespectueux du code de la route.
Juste en aparté : ne vous inquiétez pas pour les bus jaunes, vous en verrez comme ceux vus dans les séries télévisées américaines !
Comme beaucoup d’entre vous, la première année, j’avais une petite appréhension à l’idée d’affronter les rigueurs de l’hiver si légendaire. Ma blonde de l’époque riait de m’entendre parler de m’équiper pour l’hiver. Elle me répétait régulièrement, ce sont les voitures qu’on équipe (pneus d’hiver) et non les personnes.
Contrairement aux idées reçues, les hivers ne sont pas si pires, certes plus froids, parfois même, il ne neige pas, il pleut. Pis les -35°C ce n’est pas tous les jours à part peut être à Inukjuak située dans le grand Nord. Il suffit juste de s’habiller plus chaudement surtout lorsque vous habitez en ville.
Et en passant, le 21 juin c’est aussi l’été à Québec, les gros chandails sont remisés dans le garde-robe pour laisser place aux belles camisoles ! A ne pas confondre avec celles de l’asile, mais plutôt ce que les Français appellent des débardeurs (quel mot affreux en passant!).
Et l’été, la température moyenne à Montréal n’est que de deux degrés inférieurs aux moyennes estivales à Paris.
«Eté comme hiver, rien de tel qu’un bon café pour démarrer la journée » : vous dirons les Français. Et chauvinisme oblige : le café est jugé très bon en France. Par contre, il est qualifié de jus de chaussette en Amérique du Nord. Je ne peux juger par moi-même étant donné mon dégoût pour le café’.. en France ! Honte à moi ! J’ai appris à aimer le breuvage noirâtre au Québec au gré de mon intégration dans ma culture d’adoption. Merci à ma job qui me procure de bons moments de rush (forte activité) garnis de stress. Qui a dit que les Québécois n’étaient pas des gens stressés (tiens en voilà un autre cliché, j’y reviendrai d’ici quelques lignes). Pour en revenir à notre café, mes parents venus me visiter en août dernier pour venir tester le café québécois, sont formels : le café du Tim Horton n’est pas si pire !
Bien entendu, les quelques 300 Tim Horton, répartis sur tout le territoire de la province, sont généralement ouverts 24H/24H. Ils s’ajoutent au panel incroyable des différents fast food. Je ne sais pas ce qu’en pense les Français, mais pour ma part j’ai été extrêmement surpris. Jamais je n’aurais cru que la « fastfood mania » se cantonnait ailleurs qu’aux Etats-Unis. Aucune crainte que le Québécois ne soit en manque de restauration rapide qu’il soit à Sept-Iles, à Gaspé ou encore à Montréal. Y’a toujours moyen de se remplir le ventre partout où nous nous situons ! Quelque soit l’heure ! Ceci m’a toujours impressionné.
Restons dans la section « culinaire ». Sirop d’érable servi matin, midi, et soir ! Désolé, c’est comme le vin rouge et les Français à tous les jours, c’est une image du passé. D’une part, le sirop coûte assez cher pour celui qui voudrait en manger à tous les jours, d’autre part, tout le monde n’a pas toujours le temps de cuisiner à l’érable. Pis, peut-être que c’est aussi une habitude culinaire dont les gens se sont lassés. Je connais beaucoup de Québécois qui ne se gavent de ce précieux sirop uniquement durant le temps des sucres au mois d’avril.
Cet exemple me rappelle mon premier nez à nez ou plutôt bouche à bouche avec une charmante côte levée native de la Cage aux Sports !
L’histoire se déroule le 6ème jour (environ, je n’ai pas non plus une mémoire d’éléphant) de mon arrivé à Québec le 19 mai 2003 (et oui déjà trois ans). Après la job, mon boss, me propose d’aller souper à la Cage aux Sports, que je qualifierais de restaurant sportif. Les Québécois y vont pour écouter la « game » de hockey devant une grosse bière accompagnée de pop-corn ou mieux encore de cuisses de poulet piquantes (très piquantes’ ainsi la bière est davantage la bienvenue).
Nous commençons par commander une bière chacun. Après quoi, vient le moment de découvrir les mets gastronomiques servis dans ces lieux. Mon regard s’arrête sur la photo alléchante de trois adorables côtes levées (porc) bronzées par la cuisson.
Une bière plus tard, me voilà servi.
Mais à l’instant où mes papilles gustatives font connaissance avec cette viande, elles détectent une anomalie : le mélange sucré-salé ! Et oui la sauce à l’érable mélangée à la viande n’est pas vraiment de mon goût !
Depuis, je me suis davantage habitué à ce genre de recettes québécoises, néanmoins traumatisé par cette expérience, je n’ai jamais osé renouveler les côtes levées à l’érable.
Pour clore, ce chapitre, une dernière phrase qui octroie un peu de véracité aux clichés : les Français ont le prix Nobel de la fabrication et par conséquent de la consommation de vin, alors que les Québécois ont le prix Nobel de la bière. En effet en ce qui concerne ce breuvage, les amateurs québécois n’ont rien à envier aux amateurs français.
« Ici, les gens ne sont pas stressés ! » Euh’ comme partout, cela dépend de leur profession, même si la tendance est plus au « non stress ». A ma job d’inventaire, « merveilleuse » compagnie américaine, nous avons tous des périodes de stress étant donné que cette profession implique de s’habituer à travailler dans l’urgence. C’est juste un rythme de vie à adopter. Juste en aparté, ici oubliez les 35 heures et les 5 semaines de congés payés’ mais ajoutez plutôt 5h et supprimez 3 semaines de congés payés !
A propos d’emploi, il est à souligner la souplesse hiérarchique qui caractérise à mon sens les compagnies québécoises. Comme tous mes collègues de travail, j’ai toujours tutoyé mes employeurs au bout d’à peine quelques jours. Ils m’ont tous paru plus facile d’approche que mes employeurs précédents (français) au cas où je voulais m’entretenir avec eux. Les rapports sont plus amicaux ou du moins plus jovials Bien entendu, ceci ne veut pas dire que je peux tout faire, ni que nous sommes de grands chums, mais simplement que ce n’est plus un fossé mais simplement une limite établie instinctivement entre nous.
« Maudit français, tu passes ton temps à chialer » Voilà bien une phrase, qui m’est adressée régulièrement plus ou moins en joke (farce). Comme si les Québécois ne se plaignaient jamais ! Avec du recul, je dirais qu’ils sont autant « chialeux » que les Français, à la différence qu’ils le font d’une façon plus subtile, sous un ton plus calme.
Evidemment, tout de suite le mot « grève » est sur le bout des lèvres. Pourtant l’été 2004, d’après mes souvenirs, nous avons assisté au festival des grèves québécoises. En effet, tour à tour, les policiers, la SAAQ, le Réseau de Transport de la Capitale (autobus), par la suite la SAQ et dernièrement les profs, garderie. Evidemment je ne juge pas les raisons de leur grève. En tout cas, pour des apprentis, c’est un bon début. Néanmoins les manifestations Québécoises paraissent moins houleuses.
Juste pour établir un lien avec l’actualité, au vu des victoires successives des français à la coupe du monde de soccer 2006, notre statut de « maudit français » a été serré dans un placard, et à nouveau nous avons été baptisés les « cousins français » ! Comme un beau-frère, les Québécois nous flattent quand ça les arrangent.
Jadis, je croyais que la province francophone était en symbiose avec la nature, donc en parfaite adéquation avec l’environnement, j’ai été étonné de constater que le Québec n’était pas un si bon élève. Juste quelques exemples pour illustrer mes propos : les compteurs d’eau sont rarement installés, la récupération des déchets existe, mais les filières de recyclage sont encore au début, ainsi les piles ne sont toujours pas récupérées à grande échelle. La consommation d’électricité est excessive. Par contre, la vente de produits d’occasion (usagé) est très répandue. Ici nous consommons à l’américaine.
Ainsi s’achève cette chronique ! Certes, il existe d’autres clichés, mais il faut savoir s’arrêter à un moment donné. Si vous avez d’autres suggestions, je vous invite à en faire part sur le forum ! Aussi, c’est à chacun d’en faire sa propre analyse, puisqu’il est certain que nous ne percevons pas tous les choses de la même manière.
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