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Le récit (plus que jamais détaillé) de mon installation Première partie : Les Adieux?

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De Lebleu

Les Adieux?

Mardi 14 septembre 2010, jour J :
Le départ.

Les Adieux ? Je n’aime pas ces maudits adieux, je les déteste, déjà, rien que le mot lui-même je le déteste, c’est pour ça qu’ils étaient rapides, les embrassades avec mes parents? Très rapide, sans effets secondaires! Ou presque!!!

C’est difficile? Non! C’est très difficile, même plus que ça, de tout laisser derrière lui, de laisser des gens qui t’aiment et des gens que toi t’aimes, de laisser ta vie, toute ta vie, et 38 ans n’est pas, du tout, 18 ans. De laisser des albums photos, car les plus belles photos sont celles qu’on touche, de laisser tes souvenirs, les bons comme les mauvais souvenirs, eh oui! A cet instant là, tout devient beau, très beau ; le voisin que tu n’aimes pas croiser le matin on allant travailler, il devient quelqu’un de cher, ton petit frère qui t’énerve parce qu’il est en phase d’adolescence, il t’énerve plus, ta ville que t’as tant détesté, elle devient plus belle que la ville de ta nouvelle destination! Tout change, en une seconde, tout change, et au fond de toi, tu veux bien rester, mais tu ne peux pas, et en regardant ta mère dans les yeux, pour la dernière fois, tu sais très bien, qu’elle veut te supplier de rester, mais elle n’ose pas, car elle veut ton bonheur, ou ce que toi tu crois être ton bonheur! Car là-bas, t’as une chance sur deux, alors qu’ici, chez toi, t’as toutes les chances, tout le bonheur de la vie, mais ton orgueil te prend par le cou et te fais croire que ton bonheur est à 6.262 kilomètres, à une température de -20°C et à neuf heures de vol!

Et tu pars, tu fais semblant que tout vas bien, alors que tout va mal, tout vas très mal et toi-même t’as mal, très mal, ton stress, tes larmes que t’empêches de descendre, par orgueil, devant tout le monde, te font mal, très mal. Mais tu pars quand même, en laissant derrière toi un père malade, très malade, laissant derrière toi une mère qui n’a vécu que pour toi! Mais tu pars quand même…

Reste! Reste!
Reste! Le mot que t’as aimé entendre, mais que personne n’a osé te le dire, car ils savaient que t’as déjà pris ta décision, ta maudite décision, vers une autre vie… Et le pire, c’est que t’as pris seulement un aller-simple!

Avec un ami qui m’a accompagné jusqu’à l’aéroport, c’était moins difficile de se sentir déjà loin de toute sa vie laissée derrière, on a discuté comme jamais auparavant, comme si on se parlait pour la dernière fois! Mais c’est justement ça, on se parlait, peut-être, pour la dernière fois?!

13h00, j’ai enregistré mes bagages, remercié l’ami de m’avoir accompagné, et me voilà dans la salle d’attente entrain de compter les secondes, jusqu’à l’heure de l’embarquement, qui est normalement à 15h30, mais avec notre très chère compagnie de transport aérien, Air Algérie, la ponctualité est la dernière de ses préoccupations, et tant mieux, car si on a décollé à l’heure fixe, chose qui est très rare, j’aurai annulé mon départ, car pour cette chose exceptionnelle, peut-être qu’une autre chose exceptionnelle se passera en plein ciel! Mais non, c’est à 16h00 et quelques minutes, que l’appareil a décollée, à destination de Montréal.

Après deux repas, quelques zones de turbulences, et neuf heures de pleures d’enfants et de cris de bébés, on survole enfin Montréal, la belle Montréal, vu du ciel, l’image est extraordinaire, toutes ces lumières, ces gratte-ciels, le Saint-Laurent, et avant tout ça, ma vie, ma nouvelle vie!

Avant de sortir de l’avion, la première chose à laquelle tu penses, c’est le froid canadien qui fait peur, et même si l’hôtesse de l’air nous a rassuré que la température extérieure est de 10°C ou presque, tu restes méfiant jusqu’à ce que ton nez respire l’air extérieur, et c’est là que tu dis, que ce n’est pas aussi terrible que ça! Mais il ne faut pas oublié qu’on est seulement en septembre!

Sur le long tapis roulant qui mène vers la zone de douane, documents en main, j’avance vers les dernières secondes dans la vie de mon long parcours d’immigration qui a duré plus de cinq ans. Une grande zone douanière, à l’image de ce grand aéroport, qui voit tous les jours, des milliers de passagers et plus de douze millions par an, oui, c’est plus de douze millions de passagers par ans qui passent par l’aéroport international Pierre Elliot Trudeau de Montréal.

Avec le sourire, le douanier me demande mon passeport. Un rapide coup d’œil, quelques frappes sur son clavier et il me demande de passer à la salle d’immigration Canada, juste en face. Quelque dizaines de personnes, chacun son tour, numéro à la main, car ici, au Canada, c’est la culture du premier arrivé, premier servi, chose qui n’existe pas, qui n’a jamais existé et qui n’existera jamais chez nous! C’est mon tour, j’avance vers le guichet, l’agente de l’immigration me demande ma CRP, Confirmation de Résidence Permanente, mon passeport et une adresse pour l’envoi de ma carte de résidence permanente, je lui donne celle de la personne qui m’a loué une chambre chez elle pour les dix-sept jours prochains du mois de septembre, le temps de trouver et louer un appartement. Après quelques formalités, l’agente me demande d’aller à la salle d’immigration Québec, là c’est plutôt le CSQ, Certificat de Sélection du Québec, qui est demandé, et avec le sourire, l’agente me souhaite la bienvenue au Québec et m’inscrit à une séance d’information pour nouveaux arrivants.

Paul, c’est un nom fictif que je donnerai à celui qui m’a loué une chambre chez lui, il est venu m’attendre à l’aéroport, comme prévu, avec son chapeau sur la tête, comme prévu. Paul, je l’ai connu grâce à Facebook, il été dans ma liste d’amis, un ami virtuel devenu par la suite, ami réel, bien sûr. Un jour, avant de mon départ, en cherchant un logement à Montréal, chose qui est difficile depuis l’Algérie, j’ai parlé de ce sujet-là avec les amis canadiens de Facebook, et c’est lui qui m’a proposé la location d’une chambre chez lui. C’était cher, mais j’ai accepté puisque je n’avais pas le choix, en plus, la maison du Monsieur est dans la banlieue et non pas sur l’île, à quelque 30 kilomètres du champ de mars de Montréal!

Paul, un baby-boomer retraité, vivant avec sa compagne et leur gros chat qui bouffe comme un porc, arrondit ses fins de mois en louant une chambre chez lui. Je n’étais pas le premier et je ne serai pas le dernier, car la vie ici, dit-il, est cher, et je me souviendrai toujours de ce qu’il a dit : Moi, je suis un pauvre au Canada!

Bon! Ce n’est pas terrible pour un nouvel immigrant, qui est sur le sol canadien depuis une demi-heure seulement, d’entendre ça! Mais bon, la discussion s’est élargie dans la voiture, sa voiture, sur la route du retour à la maison.

Mais les canadiens, aiment vivent au-dessus de leurs moyens! C’est une autre réalité qu’ils n’aiment pas entendre! Mai en tout cas, moi j’ai transmis mon message en informant Paul et sa compagne, qu’en Algérie, le salaire mensuel moyen est l’équivalent de deux cent dollar canadien, seulement! Et c’est là, qu’il a un peu changé d’avis, en disant qu’il est un canadien pauvre! J’ai fait comprendre, à mes hôtes, que l’immigration pour un Algérien, ou un Maghrébin en général, ce n’est pas seulement une déchirure de la famille et les amis, mais c’est aussi un projet qui coûte cher, très cher, et c’est pour ça qu’une fois ici, c’est très difficile de faire marche arrière, car cette option est cassé par la réalité qui attend l’immigrant chez lui, à quelques exception près!

On est arrivé chez lui, un beau quartier, de belles petites maisons, sa femme m’accueille, une femme tout le temps souriante, vraie et gentille, une sorte de don de Dieu cette femme extraordinaire, et rien qu’avec elle, il est très riche le pauvre Paul! Il me fait visiter la maison, et ma chambre, dans laquelle j’ai passé ma première nuit à Montréal… Plutôt, ma première nuit, à 30 kilomètres de Montréal!

Mercredi 15 septembre 2010, 1er jour :
La première poutine.

Après une nuit magnifiquement savouré, sans rêves ni cauchemars, juste endormi comme un mort!, ou presque, voici enfin, depuis la grande fenêtre de ma chambre, le premier rayon de soleil d’ici au Canada. Il faisait beau, très beau même, en dirait que c’est le printemps en plein automne, avec ces belles feuilles d’arbres, en toutes couleurs, qui donnent un paysage spécifique aux lieux.

Dès le matin, j’ai commencé avec les démarches administratives, et comme cette petite ville est un coin, plutôt, résidentiel seulement, et que les transports sont rares, je me suis fait d’accord avec Paul pour qu’il me fait la tournée des administrations avec sa voiture, en lui payant les déplacements. De toute façon, je n’avais pas le choix dans ce coin éloigné, et il faut avancer sans poser trop de questions. En plus, Paul se consacrera toute la journée à moi, une vraie chance.

Première démarche, c’était avec Service Canada pour demander le NAS, Numéro d’Assurance Sociale, obligatoire pour travailler ici au Canada. Après un beau sourire d’une accueillante dame et quelques frappes sur clavier, me voilà avec mon NAS sur papier et elle me demande d’attendre la carte par courrier dans quelques jours.

Deuxième démarche, c’était l’ouverture du compte bancaire, aussi dans la même ville, car je peux le transférer après à Montréal. C’était aussi rapide, une agente procède à l’ouverture en me demandant mon NAS, justement obligatoire, et mes autres documents, CRP, CSQ et passeport. Après cinq minutes, me voilà avec ma carte de débit en main.

Troisième étape, j’ai appelé la RAMQ, Régie de l’Assurance Maladie du Québec, pour demander ma carte, appelée aussi carte soleil. L’agente au téléphone a pris tous les renseignements et elle m’a dit que je recevrai par courrier, les formulaires à remplir et suivre les instructions pour faire la demande.

Et comme la carte Sim prépayée du téléphone mobile que j’ai acheté ne fonctionnait pas, Paul m’a donné la permission d’appeler mes parents de chez lui. J’ai parlé à ma mère, pas longtemps, mais j’ai quand même parlé avec elle, pour lui dire que je suis vraiment au Canada, mais sans pouvoir lui dire l’essentiel des choses, qu’elle me manque déjà!

Et c’est aujourd’hui que j’ai goûté à la poutine, ce plat traditionnel typiquement québécois, un mélange de frites, de fromages et de sauces, un plat finalement qui n’est pas de mon goût, car il est trop gras.

La suite, prochainement!

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