Les fées sortent des contes parfois.
Mélusine grandit et grossit à vue d’oeil. J’avais prévu de l’emmener à la pêche en canoë aujourd’hui, mais à 3 semaines, ses activités sont encore un peu limitées…. quand elle ne dort pas, elle mange. Non pas toutes les trois heures comme ils racontent dans les livres, mais plutôt à la demande, c’est-à-dire toutes les heures, minimum… après, elle réclame une nouvelle couche toute propre, une douce en tissu avec les petites grenouilles dessus si possible, et ensuite un peu de crème sur ses fesses la fait gazouiller comme une petite souris…. Elle est aux anges. Il n’en faut pas plus pour la combler. C’est la gonzesse la plus facile que je connaisse. Et puis, elle est drôle.
Manu traîne partout avec elle ses deux gros biberons gonflés en permanence, ça me plaît assez, mais ils coulent tous seuls. J’y ai goûté, c’est pas dégueu, quoiqu’un peu trop riche pour mon régime post-grossesse, dit-elle. M’enfin, c’est que des bonnes choses, moi je me dis que ça peut pas me faire de tort, et puis ça se marie très bien avec mon petit café Midnight Sun et ça lui donne un petit goût spécial encore plus organique. Et puis¸ la coquine dort comme une bienheureuse, mais pas toute seule… ça non. Il faut toujours qu’elle soit près de nous, à cause de l’odeur et la chaleur de nos corps et nos voix, il paraît. Tant mieux, nous aussi on aime ça l’avoir tout contre nous. Son activité préférée, après manger et la crème sur les fesses, c’est se coucher sur mon torse et faire une longue sieste quand je reviens du boulot, mais après, elle est trop bien et il faut la réveiller pour lui rappeler qu’elle a faim. Par contre, dans son lit, que je croyais pourtant plus douillet que mon thorax trop musclé et avec encore plus de duvet, et malgré le mobile avec de grosse bibittes colorée qui tournent toutes seules, des chansons inventées dans ma tête, des histoires improvisées de renardeaux au pays des sorcières et des petits poissons qui nagent dans la rivière turquoise, elle refuse catégoriquement de fermer ses grands yeux, qu’elle a très beaux, soit dit en passant… alors, elle vient dormir au milieu de nous deux, paisible et d’un sommeil presque plus profond que moi aujourd’hui au bureau où je travaille dur sur ma chronique et les photos à transférer aux collègues.
Hier, j’ai reçu un coup de téléphone d’une nana de la forêt voisine, qui travaille normalement dans mon département au service de formation et d’orientation, donc c’est ma collègue directe, mais je ne la connais pas étant donné qu’elle est partie en congé de maternité depuis 2 ans… Elle avait préparé des petits plats pour nous (sauce de spagh, muffins aux bleuets, ratatouilles de légumes, etc.) et elle est venue m’apporter tout cela au bureau, histoire de nous soulager, afin qu’on ne passe pas trop de temps à cuisiner à la maison. Je lui ai pas dit, mais ma sauce de spaghetti à moi est meilleure, arrosée de vin rouge, de basilic et de thym frais de mon jardin…. mais bon c’était gentil quand même, alors je l’ai remerciée chaleureusement. La communauté est extrêmement solidaire ici, et on reçoit de l’aide de partout, même si on demande rien et qu’on vit cachés au fond du bois.
Les chats apprécient totalement la présence de la nouvelle humaine de la cabane. Ils ont sans cesse envie d’aller s’y frotter, toujours en quête d’une caresse sous le menton. Ils essayent aussi de soulager notre emploi du temps et, hier, ils ont même voulu contribuer aussi au souper de la petiote. Ils lui ont offert un beau rouge-gorge boréal, avec toujours le cou mais sans la tête, qu’ils avaient pris soin de retirer pour qu’il soit plus présentable. Par contre, Largo, lui, semble un peu s’y désintéresser. Il va de temps en temps humer autour de la coquine, puis retourne tranquillement se coucher dans le divan et par la même occasion y faire sécher la boue de ses pattes, après avoir été courir avec les chevaux d’en face. C’est quand même un peu le bordel à la maison. Demain, j’espère que quelqu’un va appeler pour proposer de venir nettoyer….
Hier soir, je me suis mis à remplir notre déclaration d’impôts. J’adore faire ce genre de choses, vous imaginez. Mais il était grand temps de la faire, encore plus que la chronique ! Je me suis finalement décidé à acheter un programme informatique. Grâce à l’assistant qui vous guide pas à pas dans le remplissage de la déclaration, c’est presque facile, même pour moi! Et on peut le renvoyer directement en ligne, via Internet… sans abattre des jolis arbres et gaspiller plein de papier avec des chiffres, pratique la techno!
Il faut dire qu’après l’année passée, nous étions dégoûtés de ces maudits impôts: nous avions fait appel aux services d’une société de crosseurs : H&R. N’y allez pas! Ils chargent au document remis. Et avec nos multiples T4 de nos nombreux boulots, ça a coûté un os. Et malgré que notre déménagement du Québec à la Britannie Colombique fût déductible, il avait en plus fallu repayer une somme impossible d’impôt ! Qu’on n’a jamais payés. Et les intérêts qui courent… rhââ….
Heureusement… cette année, on a rempli nous-même la déclaration et tout cela n’est plus qu’un mauvais souvenir puisque apparemment nous allons recevoir un petit pactole qui comblera nos dettes. Pourquoi…? Hé bien parce que le Yukon (ainsi que les 2 autres territoires) est classé en zone A : ça signifie qu’on peut déduire ici $15 par jour et par famille ainsi que tous ses voyages !!!! (À titre de comparaison: Chibougamau, région éloignée du Nord du Québec, était juste une zone B: $7 par jour). Encore une raison de plus pour être contents d’être au Yukon: le retour d’impôt ! Mais nous n’avons pas vraiment besoin de la raison fiscale pour nous en convaincre davantage…!!
Bon j’avais pas vu, on est déjà l’après-midi, faut que je me mette au boulot. Difficile de rester enfermé avec le soleil radieux et les 20 degrés qu’il fait dehors. D’ailleurs tout le monde est en short et camisole aujourd’hui, en train de se prélasser sur la terrasse devant le barbecue, où il y a en ce moment un pot luck avec dégustation de viandes sauvages (chaudrée de flétan et saucisses de caribous, wapiti et bison). Bon finalement, je vais peut-être aller rejoindre les copains sur le deck. Où c’est que j’ai mis ma boîte à lunch et mon pain maison?
Voilà…. avec la naissance de Mélusine et ma demande de citoyenneté, l’histoire de mon immigration s’achève. C’était une belle petite histoire toute simple et dont on s’attend à bien des complications mais elles ne viennent pas, enfin pas vraiment ! Tout devient même plus facile et plus chouette au fur et à mesure du temps qui passe. Et à la fin tout est bien qui finit bien, comme dans les contes de fées !
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