Les femmes immigrantes au Québec continuent de faire face à un obstacle majeur dans leur intégration professionnelle : la non-reconnaissance de leurs diplômes obtenus à l’étranger. Cette situation les pousse davantage à occuper des emplois en dessous de leur niveau de scolarité, contribuant ainsi à la perpétuation des inégalités sur le marché du travail.
Selon les conclusions d’un projet récent intitulé « Contrer les effets systémiques de la non-reconnaissance des diplômes étrangers sur les femmes immigrantes », mené par l’Action travail des femmes (ATF), les chiffres sont éloquents. En 2019, le taux de « déqualification » chez les immigrantes s’élevait à environ 45 %, contre moins d’un tiers pour l’ensemble de la population. Cette déqualification se traduit par l’occupation d’emplois nécessitant des qualifications inférieures à celles acquises à l’étranger.
Nina Goualier, agente de recherche chez ATF, souligne que cette situation entraîne inévitablement une disparité salariale et un appauvrissement pour ces femmes immigrantes. Le salaire médian des femmes immigrantes représente en moyenne seulement 82 % de celui des femmes non-immigrantes, 80 % de celui des hommes immigrants et 62 % de celui des hommes non-immigrants.
Une dimension supplémentaire de cette problématique réside dans les disparités régionales. Les données présentées par ATF révèlent que la probabilité de déqualification varie en fonction du lieu des études. Ainsi, les diplômés du Canada ont une probabilité prédite de déqualification nettement inférieure à ceux des régions comme l’Asie du Sud-Est, l’Europe de l’Est ou l’Afrique subsaharienne.
Paradoxalement, les femmes immigrantes sont souvent plus diplômées que la moyenne de la population non immigrante, mais elles se retrouvent pourtant confrontées à des taux d’emploi et d’activité inférieurs. Ces disparités soulignent l’urgence d’agir pour surmonter les obstacles à l’intégration professionnelle des femmes immigrantes.
Les recommandations émises par l’ATF et ses partenaires s’adressent aux universités ainsi qu’aux ministères et programmes gouvernementaux. Ils appellent à la mise en place de mécanismes de reconnaissance des acquis et des compétences étrangères plus efficaces et accessibles, ainsi qu’à la création de programmes d’aide financière spécifiquement dédiés à cette reconnaissance.
Source : Noovo
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