La rentabilité du programme d’immigration du Québec (et du reste du Canada) est une question récurrente. Certains ont la conviction que ce n’est pas rentable car ils présument que chaque nouvel arrivant va utiliser des ressources de main d’oeuvre, tels des médecins, infirmiers, professeurs, etc. D’autres sont persuadés que c’est la solution pour combler le nombre record de postes vacants.
Cette pénurie majeure de main d’oeuvre menace actuellement l’économie du Québec. Certaines entreprises, particulièrement en région, n’arrivent pas à combler leur besoin de nouveaux talents. D’importants efforts sont faits par le gouvernement pour recruter spécifiquement ces nouveaux arrivants qui vont pouvoir intégrer immédiatement le marché du travail.
En moyenne, les immigrants du Québec sont plus diplômés que la plupart des immigrants des autres pays, 65 % des immigrants au Canada ont un diplôme d’études postsecondaires, comparativement à 49 % au Royaume-Uni et 36 % aux États-Unis, ce qui constitue un atout majeur puisque cette formation a été financée par le pays d’origine de cette personne.
Il y a donc des gains et des pertes, et c’est un point sur lequel s’attarde l’Association des Économistes Québécois en proposant ce sujet dans son congrès annuel qui se tiendra les 29 et 30 mai prochain, et dont voici le préambule :
DÉMOGRAPHIE, IMMIGRATION ET TRANSFORMATION DU MARCHÉ DU TRAVAIL :
Menaces ou opportunités?
Annoncée depuis plusieurs années, l’économie québécoise ne peut plus aujourd’hui échapper aux répercussions découlant de sa faible croissance démographique. La population en âge de travailler diminue et les raretés de main-d’œuvre se multiplient. La recherche et la rétention de talents sont devenues l’un des objectifs les plus importants des entreprises québécoises, voire le plus important pour plusieurs d’entre elles. La démographie pèse sur la production potentielle de l’économie québécoise, avec ses implications sur sa richesse future et ses finances publiques.
L’immigration s’impose comme l’une des avenues pour atténuer les effets du choc démographique. Le Québec n’est toutefois pas seul dans sa quête de talents étrangers et l’on assiste à une concurrence accrue des pays occidentaux pour attirer des travailleurs qualifiés. Mais l’attraction de talents n’est pas suffisante en soi, il importe également de s’assurer de la réussite de l’intégration des personnes immigrantes et prioriser le recours à la formation continue pour toutes les catégories de travailleurs domestiques et immigrants. Par ailleurs, l’intégration des travailleurs immigrants pose de nombreux défis : non-rétention de plusieurs nouveaux arrivants, reconnaissance des compétences, concordance aux besoins du marché du travail, développement d’approches visant à les intéresser à s’établir en région et à y demeurer à long terme.
Le marché du travail des vingt prochaines années sera très différent des vingt dernières. Le taux de chômage global ne constituera plus le principal indicateur de performance. La qualité, la diversité et la productivité des emplois deviendront de bien meilleurs guides de la santé de l’économie québécoise. Le Québec devra savoir tirer parti de tous ses différents types de talents, tout en étant bien meilleur en termes d’investissements et d’automatisation dans ses entreprises.
Le Québec peut-il transformer ces véritables menaces à son développement économique et social en nouvelles opportunités? Le Québec saura-t-il procéder aux adaptations nécessaires et faire les changements qui s’imposent? Quelles leçons tirer des expériences des dernières années et des pratiques mises en place dans d’autres juridictions?
Bons résultats pour ce congrès sur immigration-opportunités-Québec