Mercredi dernier fut probablement la plus belle journée de ma vie, après celle de la naissance de mon fils bien sûr. Finalement et après six années et demi d’attente, de paperasse et de toutes sortes de choses, j’ai finalement obtenu ma citoyenneté canadienne. Pour certain il s’agit d’une étape, pour d’autres une nécessité, pour moi ce n’est ni l’un ni l’autre c’est un grand rêve qui se réalise. Une grande joie me remplit à l’idée d’appartenir à cette grande nation qui m’a accueilli à bras ouvert et m’a offert un chez moi. Le Canada signifie pour moi la sérénité dans le cœur et la paix de l’esprit, il signifie surtout la liberté et mes yeux se sont remplies de larmes à l’écoute du discours de la juge de citoyenneté, eh oui, comme elle l’a si bien dit la route a été longue et ardue, semée de d’embuches et de remises en question.
J’ai la chance de ne pas devoir abandonner ma citoyenneté tunisienne pour obtenir la canadienne et j’ai l’impression d’avoir deux cœurs à présent. Un qui bat pour le futur et un autre pour le passé, un cœur pour mon enfance et mon adolescence et un autre pour ma trentaine, mon âge adulte et probablement mes vieux jours.
Que signifie la citoyenneté, en fait, elle peut signifier tout et rien, elle nous donne deux droits fondamentaux, le droit de voter et le droit d’avoir un passeport canadien. Tout le reste vient déjà avec la résidence permanente ou l’immigration. Par ailleurs devenir immigrant est une obligation lorsqu’on veut vivre et travailler à long terme au Canada, alors qu’être citoyen est un choix. On fait le choix de participer activement à notre vie de demain et pour ceux qui comme moi ont été privé de ce droit dans leurs pays natal, il s’agit là d’une grande motivation.
La plupart de mes amis m’ont trouvé aussi canadienne à mon arrivée au Québec que je ne le suis aujourd’hui, il y a juste un bout de papier qui m’en donne le crédit. Pour moi c’est toute une autre histoire, j’ai grandi en étrangère dans mon pays natal et toutes mes actions étaient bizarres, chaque geste de rébellion que je posais était mal interprété. Tout le monde disait que je me compliquais l’existence et que la vraie liberté n’existe pas. On m’a pris pour une idéaliste, une maudite folle et une écervelée parce que je réclamais plus de liberté, plus d’indépendance, plus d’égalité et de respect pour tous et chacun.
Imaginez alors ma joie quand la juge de citoyenneté m’a permis d’hériter de la bataille des Canadiens et des Québécois pour leurs droits et libertés, quand elle a dit que je pouvais être fière de ma nouvelle citoyenneté elle ne savait pas à quel point ces paroles me touchaient, c’était une reconnaissance non pas de mes six dernières années d’immigration mais de toute mes batailles depuis mon plus jeune âge. C‘est ma récompense pour ne pas avoir abandonné mes valeurs profondes et pour y avoir cru même quand l’espoir était faible et même quand il n’y en avait plus. Tout bas dans mon cœur je me suis toujours dis, un jour viendra, un jour viendra …. Ce jour je n’ai plus à l’attendre, ce jour est déjà venue en ce dernier 4 avril et j’ai une nouvelle date de naissance et je suis née Canadienne et fière de l’être.
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