De Crazy_marty
Un an déjà! Un an que j’ai posé ma petite valise sur Montréal, un an durant lequel j’ai posé les premiers jallons de ma vie au Québec, un an qui en fait n’a été qu’un premier bout d’immigration, le plus difficile, certes, mais aussi le plus utile pour la suite de mes projets canadiens. Parce que moi, le Canada j’en rêve depuis tout gamin. Avant même d’y être venu une première fois, j’en rêvais déjà. Pour vous dire à quel point je tenais à venir ici, à quel point ce que j’ai fait avant n’a jamais vraiment été une stabilisation ou un enracinement, tant ma tête était pleine de Canada
Par contre du Canada, je pensais surtout à l’Ouest et au fil des années j’ai été amené à surtout en connaitre cette région, Vancouver pour être précis. Certes il y aura eu des courts voyages à l’Est, mais un semestre d’études et un PVT plus tard, c’était surtout Vancouver que j’avais à l’esprit pour quand je reviendrai avec ma RP. Le gros hic, c’est qu’on y parle anglais, et moi, entretemps, l’anglais, après 3 ans à Londres à vivre en anglais, à boire en anglais, à travailler en anglais, à manger en anglais et à jaser en anglais à tout bout de champ, ben j’en pouvais plus. Je voulais revivre enfin dans ma langue maternelle. Alors finalement, j’ai changé d’avis, et malgré les commentaires plutôt acerbes lus ou entendus ici ou là sur le Québec, ben même pas peur, suis venu quand-même! Avec au final aucun regret dans mon choix.
Quand je parle de premier bout d’immigration difficile, ce n’est pas parce que j’ai dû faire face à des difficultés particulières, non, les choses se sont relativement bien passées et j’ai eu beaucoup de chance, j’en suis conscient. Non en fait ce que je qualifie de difficile ce sont tous petits pas qu’il a fallu faire durant cette première année, pour se sentir au mieux: démarches administratives, recherche de job, recherche d’appartement correspondant à ce qu’on veut, achat de meubles, achat d’auto, découverte d’une nouvelle ville, etc… Tous ces pas, qui, après un an, me font réaliser que, non mes pieds ne se sont pas usés et font toujours la même taille qu’avant, mais, je me sens (enfin) chez moi
Je vais passer les pas qui se résument essentiellement en fait à une sorte d’immobilisme: file d’attente pour finaliser la paperasse, longues heures passées devant un écran à googler des entreprises, à rechercher des secteurs d’activité, à préparer des CV’s, à les envoyer, à faire des suivis, et je vais m’arrêter un peu sur les pas plus stimulants qui m’ont vraiment fait avancer…
La job? Ma foi, j’ai eu relativement de chance, j’ai commencé à chercher début janvier et en 2 semaines j’avais décroché une job à contrat, dans un secteur d’activité qui m’était, à l’époque, totalement inconnu: les télécommunications. Certes, en marketing, mais faire du marketing sur des produits techniques dont on ne connait rien, plutôt risqué comme pari, mais qui finalement s’est avéré payant. Trois mois plus tard, je validais en effet ma « permanence » chez ce même gros du secteur des télécoms.
Avec cette permanence est venue le package d’avantages sociaux, une relative sécurité de l’emploi, un « nom » tant sur mon CV que auprès de ma banque pour parler de crédit par exemple, bref, une bonne situation que je ne m’attendais pas à trouver aussi rapidement. Mais les choses ont fait que, d’une mission à une autre, mes qualités ont été reconnues et l’on a décidé de me garder. Un an après, je viens tout juste d’être à nouveau promu et les opportunités futures restent nombreuses et variées. Moi qui n’aime pas rester à faire la même chose pendant trop longtemps, je suis servi.
Je suis dans une équipe agréable, le seul Français parmi les 35 que nous sommes basés à Montréal, mais personne ne me fait ressentir que je ne suis pas d’ici. Entre nous on parle en Français, mais on travaille en anglais, les bureaux du ROC devant être capables de savoir ce qui se passe et ce qui se dit. C’est le prix à payer pour travailler dans le marketing, encore plus en plein coeur de Montréal C’est correct, l’anglais ne régit plus ma vie, j’en suis ravi
Puis toujours avec cette permanence est venue l’envie de déménager en dehors d’un meublé, de commencer à m’équiper moi-même. Puis une autre envie aussi: transformer 1h de trajet en bus+métro+bus en 20 minutes en auto. Après l’auto neuve que j’ai achetée sur un coup de tête un jour où le métro était étrangement surchargé (sur le coup j’ai eu un cauchemar « Tubesque » londonien ), je me suis lancé dans une recherche poussée d’appartement – appartement que je voulais grand, avec deux chambres, un salon, une cuisine séparée et équipée, proche d’un parc, et surtout, pas cher. Beaucoup de critères, de nombreuses heures passées à visiter, jusqu’à ce que je trouve et que j’emménage, enfin! J’en suis à 10 mois de présence à Montréal et voila que j’écume les Ikea, Brault et Martineau, Wal-Mart (malgré ma haine farouche contre cette enseigne), La Baie, Sears et bon nombre d’autres magasins pour trouver meubles, accessoires, tapis, stores, enfin tout plein d’objets magiques pour me faire me sentir chez moi. Après avoir habité 3 ans dans un taudis en colocation à Londres, avoir 70m² rien que pour moi est, n’ayons pas peur des mots, carrément jouissif. Surtout pour au final moitié moins cher que mon taudis précédemment mentionné
Pour en revenir vite fait à mon auto, le crédit intégral a été accepté sans difficulté, sans nécessité d’apporter un seul sou, le mini historique d’à peine 3 mois accumulé sur ma Visa aidant quelque peu à convaincre de mon sérieux. Ceci se cumulant à une preuve d’emploi, le « nom » dont je vous parlais plus haut a rendu les choses plus faciles, je dois bien l’avouer.
Voila où j’en suis aujourd’hui, un an après l’arrivée de mon vol à Trudeau. Alors oui je pourrai parler de l’immense file de 1h15 à la SAAQ la semaine passée que j’ai dû subir pour juste prendre une maudite photo pour renouveler ma carte Soleil, je pourrai parler de l’état pitoyable de certaines routes montréalaises, je pourrai parler du prix élevé du vin, je pourrai parler du nombre scandaleux de coupures pub à la télé, je pourrai trouver qu’Internet c’est cher et moins bien qu’en Europe, mais ce sont tellement d’éléments qui me paraissent ridiculement insignifiants devant toutes les bonnes choses que j’ai trouvées à Montréal et plus généralement au Québec, que, finalement, j’en oublie presque qu’ils existent.
Maintenant que je suis installé, vraiment, il faut penser aux futurs projets. Avoir trouvé une job assez rapidement et ne pas avoir dû passer par la case jobine a apporté un bol d’air frais sur mes économies spéciales « Canada ». En fait, depuis ma première paye, au bout de 2 semaines de travail, je n’ai pas touché un centime de ces économies. Ce qui, à la vue du taux de change Eur/CAD du début d’année n’a pas été un mal. Mais, bientôt, elles vont servir. Après tout, c’est là toute leur raison d’être: m’aider à réaliser mes projets canadiens du mieux qu’elles peuvent.
Je vais donc pouvoir passer à l’étape #2 de mon immigration, plus rapidement que je m’y attendais, mais toujours avec le sourire et le même bonheur de me lever chaque matin: je suis au Québec, loin de tout le monde que je connais, peut-être, mais je suis là où j’ai toujours voulu habiter. Reprendre mes études en cours du soir pour ajouter une corde à mon arc, devenir propriétaire, me mettre à mon compte, déménager à la campagne, pas forcément dans cet ordre d’ailleurs, sont autant de projets que j’ai pour la 2è étape de mon immigration. Pis il faudra aussi que je me décide à chercher une blonde un jour.
Peut-être vais-je finir par déchanter, peut-être vais-je voir un peu plus les défauts du Québec et un peu moins ses qualités, des possibilités pour le futur, oui, mais en attendant, j’essaye de repousser autant que possible leur arrivée et profiter de chaque instant de ma petite vie montréalaise. Mon histoire d’amour avec le Canada et le Québec continue pour moi, avant le prochain bilan, dans un an, donc.
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